Rapport sur les concours de l’année 1848

Le 17 août 1848

Abel-François VILLEMAIN

RAPPORT DE M. VILLEMAIN,

SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

SUR LES CONCOURS DE L’ANNÉE 1848,

17 août 1848

 

 

MESSIEURS,

Au milieu de la transformation qui occupe le monde, nous ne pouvons parler trop simplement de quelques travaux littéraires ; mais nous en parlerons sans défiance, assurés que la liberté doit accueillir tout ce qui sert à l’action paisible de la pensée. Vous savez quels encouragements sont confiés à l’Académie ; voici l’emploi qu’elle en a fait cette année. Elle avait proposé pour sujet de prix une étude sur un des plus anciens maîtres de notre langue, sur un écrivain original en traduisant qui s’est montré grand peintre dans des copies d’après l’antique, l’éloge d’Amyot tant admiré de Montaigne, de Racine et de Rousseau. Son attente n’a pas été tout à fait remplie. Sur dix-neuf discours qu’elle a reçus, plusieurs sans doute offrent, à des degrés différents, une saine instruction, des idées justes et quelques traits bien inspirés ; mais le sujet n’est complètement traité dans aucun. L’éloge d’Amyot, sans doute, ne devait pas être l’histoire des lettres françaises au XVIe siècle, à cette époque si féconde par l’érudition et l’indépendance ; mais il pouvait éclairer un côté de ce vaste tableau, montrer le point de contact, non plus des savants, mais du grand nombre, avec l’antiquité, et l’alliance de l’esprit moderne sortant du moyen âge avec les grands souvenirs des républiques anciennes, à la voix d’un naïf interprète, qui rapprochant par le langage ce qui était si loin par le culte et les mœurs, ôtait à la science son privilége, et faisait sentir et aimer de tous ce que d’abord elle avait seule compris. C’était la contre-partie plus heureuse de l’effort fait à la même époque pour écrire en langue morte l’histoire et la pensée du temps, ou plutôt c’était, comme cet effort même, un moyen nouveau de communication et de lumière. En parlant latin par la voix de l’éloquent de Thou et de quelques autres, la pensée française agissait déjà sur l’Europe ; en traduisant l’antiquité grecque et romaine, elle s’enrichissait elle-même et étendait l’inspiration à ceux qui n’avaient pas le savoir.

Cette influence populaire donnée à l’esprit de l’antiquité fut utile à l’avancement de la raison commune, qu’on ne peut élever sans élever le génie. Amyot en a été le plus heureux promoteur, mais non le seul. A côté de lui, après lui d’autres hommes saisis de cette grande image de l’antiquité et la reproduisant à ses âges divers, depuis Thucydide, Platon et Démosthène jusqu’à Pline, l’encyclopédiste romain venaient de toutes parts jeter dans l’idiome national un courant nouveau de faits et d’idées. Des érudits, des philosophes, un martyr de la liberté religieuse, un ambassadeur, un grand magistrat, Louis le Roy, Étienne Dolet, l’évêque de Turin Seyssel, le chancelier Duvair, travaillaient sous cette forme à la naturalisation de la pensée antique dans notre langue ; et par les libres sentiments dont ils importaient l’expression nouvelle par les accents de fierté grecque et romaine qu’ils mêlaient à la franchise bourgeoise, par cette empreinte directe enfin du génie sur des formes encore indécises et changeantes, ils servaient à préparer à la pensée française un instrument puissant et varié comme elle, l’idiome que le siècle suivant marqua de tant de grandeur, et dont deux siècles de philosophie, de révolution et de liberté, n’ont pas épuisé l’énergie.

Nous avons regretté que, dans le meilleur discours adressé à l’Académie pour l’éloge d’Amyot ce travail particulier de notre littérature au XVIe siècle, cette seconde action de l’antiquité sur les esprits par les traductions en langue vulgaire n’ait pas été plus remarquée et plus soigneusement décrite. Quelques recherches que fera l’auteur, et les vues qu’en recevra son esprit, ajouteront au mérite d’un discours où l’Académie déjà se plaît à reconnaître une étude vraie de quelque partie des lettres antiques, et le sentiment du génie de langage d’Amyot, si heureux à corriger comme à populariser ses modèles, traduisant l’âme de Plutarque et sa bonté morale plutôt que son art un peu sophistique, et dans la fable de Daphnis et Chloé remplaçant les grâces trop étudiées d’une diction vieillissante par le charme d’une langue toute nouvelle, qui donne à l’expression la même jeunesse qu’aux personnages.

L’auteur du discours où ce charme est le mieux senti en abrégeant quelques détails un peu languissants, fera bien de multiplier les rapprochements instructifs, et d’exprimer davantage la communication si fréquente au XVIe siècle entre la littérature ancienne et la langue indigène. Les plus savants puisaient aux sources populaires ; les plus illettrés recevaient quelque chose de l’antiquité partout répandue. De là, à côté de cette grande érudition et de cet art si chargé de souvenirs, ce parler si nerveux et si simple, et leur mélange égal dans Rabelais. De là ces rapports, ces affinités d’éloquence qui, dans des hommes de vocations si diverses, rapprochent l’austère et correct génie du savant Calvin, semblable souvent à Démosthène, et la rudesse familière et grave du soldat Montluc, qui se propose hardiment d’imiter César dans ses mémoires comme dans ses guerres.

Cette année encore, l’Académie, dépositaire du grand prix fondé pour l’ouvrage le plus éloquent sur l’histoire de France, ne déplace pas la récompense que depuis plusieurs années elle attribue au même nom et au même ouvrage. Laissant à part des travaux récents et célèbres que la position des auteurs éloigne du concours, elle déclare que les Considérations sur l’histoire de France, et les récits de M. Thierry, n’ont pas été surpassés par un nouvel ouvrage, et que la primauté leur reste justement acquise. Elle ne veut pas sans doute décourager l’émulation, elle ne renonce pas au droit de changer son vote, et de désigner un autre grand talent ; mais elle se demande si la distinction méritée qu’elle maintient encore à M. Thierry, ne paraîtra pas en ce moment même répondre à toute la pensée du fondateur, et justifier sa prévoyance en montrant que dans nos jours de prodigieux changements, quand la faveur manque, quand les pouvoirs passent, quand la société se renouvelle, une récompense littéraire, glorieusement acquise, peut s’arrêter longtemps sur la même tête consacrée par le talent et le malheur, et survivre aux avantages qui semblaient le plus durables.

Ajoutons seulement que l’année dernière n’a pas vu s’achever quelques importants travaux d’histoire, dont la concurrence était attendue. L’examen de l’Académie, borné à peu d’ouvrages, ne lui a pas fourni de nouveaux choix pour le second prix, et ses suffrages le conservent à l’histoire si élégamment instructive de l’époque de Louis XIII, par M. Bazin.

L’Académie avait, cette année même, à décerner un autre prix qui ne s’adresse pas à l’ouvrage, mais à l’auteur, aux promesses d’un jeune talent, le prix qu’a fondé M. Maillié Latour-Landry, en souvenir, disait-il, de Malfilâtre et de Gilbert. Ce prix, l’Académie le décerne aujourd’hui, non pas seulement à l’espérance, mais au succès sans fortune, et dans un écrivain jeune encore, dans M. Alfred de Musset, elle couronne un nom qui rappelle les rares talents poétiques auxquels pensait le fondateur.

Le concours pour les ouvrages les plus utiles aux mœurs nous a présenté, comme les années précédentes, une grande variété d’intentions et de formes, depuis l’histoire philosophique jusqu’aux essais de poésie. Un livre surtout a fixé l’attention de l’Académie par la science, la méthode et leur application à des questions d’humanité qui naguère se discutaient encore. C’est l’histoire de l’esclavage dans l’antiquité, vaste étude présentée comme introduction à quelques vues d’affranchissement, que l’auteur, M. Wallon, dans un mémoire à part proposait pour nos colonies.

Ces vues, quel qu’en soit le mérite, ne sont pas le grand travail de l’auteur. L’esclavage dans le passé, l’esclavage en Orient, en Grèce à Rome, dans son origine, dans ses sources de renouvellement, dans l’influence qu’il subit et qu’il exerça l’esclavage dans ses degrés divers et sa part fatale d’uniformité sous toutes les lois, depuis la loi mosaïque jusqu’à l’avènement du christianisme à l’empire, voilà le sujet tout entier sujet bien choisi, livre bien conçu formé de recherches presque toutes originales de notions précises et d’idées généreuses, sans autre ornement que la clarté, la justesse, et cet intérêt que donne au langage la parfaite conviction de l’esprit. L’érudition et la sagacité y sont appropriées à une seule fin la réprobation de tout ce qui affaiblit et dégrade, et la haine de la servitude, parce qu’elle corrompt doublement, et le maître autant que l’esclave. Nulle déclamation ne s’y mêle le caractère de l’auteur, c’est d’être vrai de ne parler ni pour l’imagination ni pour la passion. N’exagérant rien, même pour la cause qu’il aime, il ramène tout à l’exacte proportion de la réalité. On attribuait, de toutes parts, au christianisme la condamnation immédiate de l’esclavage. Le nouvel historien sans doute ne conteste pas le bienfait, ni la charité plus grande encore que le bienfait ; mais il en explique le caractère et les gradations, montrant l’action tardive mais réelle de la philosophie à côté du dogme chrétien, le secours de sympathie populaire, l’encouragement à l’humanité que l’une reçoit de l’autre leur influence commune sur la législation, lors même que l’empereur n’était pas philosophe, et longtemps avant que l’empire fût chrétien ; puis, quand le christianisme disposa souverainement de la loi, les obstacles qu’il trouva dans la passion intéressée de ses sectateurs et alors sa persévérance et sa modération, son art charitable d’étendre l’émancipation par le progrès des mœurs religieuses, et d’en faire une œuvre de foi plutôt qu’un principe de droit civil. Dans trois savants chapitres l’Église et l’Esclavage, l’Église et la Liberté, l’Église et la Loi, cette vérité est mise en lumière par le choix des textes, la comparaison attentive de la législation et de l’histoire, les détails de mœurs et les vues générales. La religion dans son zèle d’affranchissement, fut invariable, mais prudente. Elle n’interdit pas d’abord ce que, d’une part, elle ne pouvait détruire, et ce qui, de l’autre, lui semblait presque conforme à l’ordre du monde, comme épreuve de souffrance et comme occasion de charité. L’ardeur même de son espérance lui faisait tolérer un mal qui se consommait sur la terre, et comptait pour le ciel. Mais en le tolérant, elle l’adoucit, elle l’épura ; elle en préparait l’abolition, qu’elle inscrivit enfin dans les lois aux derniers jours de l’empire, pour la recommencer bientôt après sous l’invasion barbare et en léguer le principe à la liberté moderne. L’ouvrage où ce grand fait de morale et d’histoire est dignement étudié méritait un des premiers prix Montyon. L’Académie décerne à l’auteur, M. Wallon, un prix de cinq mille francs.

C’est encore un ouvrage d’histoire que l’Académie réserve pour le second prix et un ouvrage qui se rapporte moins directement à la pensée du fondateur ; mais il nous a paru qu’on pouvait ramener à cette pensée, et désigner comme moralement instructif, un livre qui peint, par les faits l’application au devoir dans les grandes fonctions, et le point d’honneur du service public porté dans l’ancienne société aussi haut qu’il puisse atteindre dans l’émulation patriotique d’un État libre. Ce livre est la vie d’un ministre de la monarchie absolue ; mais ce ministre est Colbert, un de ces hommes dont les grandes qualités contre-pèsent et corrigent les vices du système dont ils font partie. Son historien, sans avoir connu tous les documents originaux de ses vingt ans de ministère, en a consulté beaucoup d’inédits, et n’a rien écrit que sous leur dictée, marquant à chaque page l’effort de prévoyance et de travail que faisait l’homme qui veillait aux finances, à la marine, au commerce, à la splendeur d’un grand État ; son inquiétude du bien public, seule cause d’erreur dans ses doctrines ; la variété de ses vues et sa patience des détails ; le zèle qu’il inspirait par son exemple ; sa joie des succès glorieux pour d’autres que sa vigilance avait préparés ; les vertus enfin de cette âme austère, encore plus dévouée qu’ambitieuse.

L’histoire de la vie et de l’administration de Colbert par M. Pierre Clément, neuve sur plusieurs points, est écrite d’un style simple, sans apparence de panégyrique, mais avec le sentiment vrai des grandes choses qu’elle fait bien connaître. Les leçons qu’elle donne sur l’assujettissement du pouvoir à l’intérêt commun, et la loi de travail qu’imposent les premiers rangs, sont de bon exemple pour toutes les époques. L’Académie décerne à cet ouvrage un prix de trois mille francs.

De ces grands sujets dont le terme n’est jamais atteint, l’Académie passe à l’examen de travaux modestement utiles. Elle est assurée de toucher au but particulier de la fondation, en récompensant d’un prix de deux mille francs un livre qui mérite d’être populaire, quelques réflexions publiées sous le titre de Direction morale pour les instituteurs, par M. Barrau. La pensée d’un homme de bien et d’un maître habile anime ce court tableau, qui prend l’instituteur primaire au début de sa vocation, le suit dans son école, dans sa famille, dans tous ses devoirs publics et privés, ne lui permet que l’ambition de son état, mais la lui présente pure et noble, imposant autant de bienséances que de vertus. Le zèle du travail, le respect de soi-même au lieu de hauteur, le sentiment du bien à faire et le bonheur de l’avoir fait, sont partout exprimés dans ce livre, avec un goût de simplicité, une convenance naturelle qui est un des enseignements que donne l’auteur.

D’autres ouvrages fort divers, choisis sur un grand nombre, obtiennent chacun également une médaille de quinze cents francs. C’est d’abord un travail équitable autant qu’instructif qui, sous le titre de Lettres à une dame sur les institutions de charité, rappelle tout ce qu’en France, et à Paris surtout, le zèle individuel et public a fondé d’œuvres bienfaisantes et d’institutions secourables à quelque malheur. En indiquant combien ce zèle avait redoublé d’effort par l’instinct d’une difficulté croissante, et plus encore par un progrès de bienveillance sociale, l’auteur, M. Dufau, administrateur d’un grand établissement de charité, laisse pressentir, dans la justice qu’il rend au passé, tout ce qui reste à faire à la philanthropie pour étendre graduellement le bien-être que la liberté ne saurait donner que par l’ordre et le respect immuable du droit.

Deux ouvrages étrangers à tout intérêt public sont ensuite désignés par l’Académie : un recueil de vers naturels sur des souvenirs de famille et sur les incidents d’une vie simple dans l’émotion de la jeunesse, les Mères chrétiennes, poésie par M. Hippolyte Violeau ; un roman ou récit moral, Madeleine, qui, en retraçant une faute domestique, la montre fatalement punie, malgré tout ce que le charme du caractère et le repentir inspiraient d’indulgence, et tout ce que la tendresse voulait en accorder.

L’Académie n’a pu disposer de la fondation particulière réservée pour encourager le talent d’un jeune poëte, sans regretter plus d’un nom digne d’être choisi ; elle reporte volontiers une des récompenses destinées à une œuvre morale, sur un brillant essai de M. Barbier, le drame intitulé un Poëte. Elle ne juge pas ici l’œuvre d’art dans son ensemble inégal, elle distingue quelques belles inspirations, quelques annonces d’un vrai talent que recommande l’extrême jeunesse.

Sans se croire trop indulgente en distribuant ainsi une part des récompenses qui lui sont confiées, l’Académie veut rester plus sévère dans le jugement des prix dont elle propose le sujet. Là elle demande souvent au talent qu’elle estime une nouvelle étude, un travail plus complet. C’est ce qu’elle a fait pour un sujet deux fois proposé, l’Algérie ou la civilisation conquérante.

La difficulté des nuances à garder pour rendre ou laisser poétique une réalité si près de nous, devait ajouter à l’attention exigeante des juges. L’Académie, tout en remarquant le talent, ne décerne pas le prix. Elle ne veut pas cependant prolonger le concours, ni méconnaître, pour quelque erreur d’art, les traces d’une verve heureuse. Parmi les nombreux essais qu’elle a reçus sur trente-quatre pièces de vers, dont plusieurs offrent des traits de naturel et de force, un poëme l’avait frappée par l’invention, c’est-à-dire, la manière vive de mettre en scène la résistance arabe et sa défaite, sa défaite par les idées comme par les armes. En approuvant la forme tour à tour narrative et lyrique qu’a prise l’auteur, elle eût voulu, avec le même contraste de couleurs une correction plus égale. Elle souhaitait que, fidèle à l’exemple qu’il a donné dans un autre concours, rejetant de son style familier tout ce qui n’était pas expressif et rapide, et cherchant la nouveauté de ses vers dans l’énergie des sentiments plutôt que dans la surcharge de noms étrangers, il rendît partout à son talent la vivacité libre et pure pour laquelle il est fait. Ce conseil n’a pas été assez suivi. L’Académie décerne au poëme inscrit sous le n° 27 et la devise : Gesta Deiper Francos, une première mention honorable et la plus grande part du prix. L’auteur est M. Amédée Pommier.

Une autre mention honorable, et une médaille réservée sur le prix sont accordées au poëme inscrit sous le n° 23 et portant pour devise : Parcere subjectis et debellare superbos. L’auteur, M. Bignan, distingué souvent par de plus heureux succès, et qui joint au talent la constance des grands travaux, a voulu laisser son nom dans ce concours. Il ne pouvait y prendre part sans jeter dans ses vers quelques nobles et religieuses pensées.

Le public connaîtra les deux ouvrages. Les fragments choisis que vous allez entendre prouveront que le talent n’a pas manqué au sentiment national.

Qu’il en soit ainsi pour d’autres souvenirs. C’est dans la vérité des sentiments qu’il faut chercher l’inspiration ; c’est dans les vertus dont nous sommes encore les témoins qu’il faut étudier la grandeur morale que les arts de la pensée s’efforcent d’atteindre. Une belle action sentie par un peuple élève plus les esprits que tous les conseils du goût. Elle rend visible cette beauté suprême de l’âme qui fait la poésie, et quand les belles actions se succèdent et se répondent, quelque terrible que soit l’épreuve qui les fait éclater, il faut bien augurer d’un peuple, et n’attendre pas moins de son génie que de son courage. C’est dans cette pensée que l’Académie appelle la jeunesse poétique à célébrer un des grands exemples que nous avons admirés avec douleur, la mort de l’archevêque de Paris. Dans ce nom qu’elle présente seul, l’Académie sent bien que d’autres dévouements admirables doivent être compris ; elle les place sous la consécration du martyre, en leur laissant toute leur gloire de courage militaire et de dévouement civique ; et elle est sûre de l’instinct de justice qui saura exprimer pour ces vertus le culte de reconnaissance et d’émulation que leur garde la patrie.

En même temps, cherchant dans un passé plus lointain, comme dans celui que chaque jour emporte, les noms qui représentent au plus haut degré l’amour de la liberté, de la dignité morale et des lettres, l’Académie propose, pour sujet du prix d’éloquence à décerner en 1850, l’éloge de madame de Staël.