DISCOURS
Prononcé le Jeudi 3. Decembre 1722
PAR M. le Cardinal DUBOIS, premier Miniftre, lorfqu’il fut reçu à la place de feu M. DACIER.
MESSIEURS,
Je n’avois pas befoin de la reconnoiffance que m’impofe aujourd’hui l’honneur que vous me faites, pour donner aux intérêts de cette illuftre Compagnie, toute l’attention & tout le zele qu’elle mérite. Mon amour pour les Lettres a prévenu dès long-tems en moi ce nouveau motif de fervice & d’attachement.
Votre établiffement, MESSIEURS, eft une partie confidérable de la gloire d’un grand Miniftre, dont Vous me permettrez de n’entreprendre l’éloge que par mes efforts pour l’imiter, quoique foûtenus de peu d’efpérance.
Il prévit bien fans doute le fuccès de fors ouvrage ; & tel en a été le progrès & l’éclat, que nos Rois après lui fe font réfervé le titre de votre Protecteur, & que pour un fucceffeur de celui qui vous a fondés, c’eft déformais un digne objet d’ambition, que le titre de Votre confrére.
Je le reçois aujourd’hui, ce titre flateur, avec un plaifir fenfible. Je remplace parmi Vous un Homme d’une vafte érudition, qui a enrichi la Langue des plus précieufes dépouilles de l’Antiquité, & qui, fidéle interpréte du plus judicieux des Écrivains, vient d’étaler à nos yeux dans les Vies des Hommes illuftres les plus grands principes & les plus grands exemples.
C’eft à moi, dans la place où je fuis, d’en faire une étude férieufe ; d’y puifer, s’il m’eft poffible, de quoi juftifier le choix du Prince à qui je dois tout, & les dignités & les lumieres mêmes : de quoi feconder avec fuccès les deffeins d’un jeune Roi deftiné par fes inclinations à remontrer au monde toute la gloire de fon augufte Bifayeul.
Je m’eftimerai heureux, MESSIEURS, à proportion que je mériterai une approbation d’auffi grand prix que la vôtre, & que je fignalerai ma reconnoiffance pour vous, non feulement par mes foins pour ce qui vous regarde, mais en procurant de tous mes efforts la félicité publique, qui vous touche encore plus que vos avantages particuliers.
