Lettre de Charles Baudelaire (1821-1867)

Lettre du 10 février 1862, Archives de l’Académie française, cote 1 B 2.

En juillet 1861, Baudelaire décide de se présenter au fauteuil d’Eugène Scribe. Cette candidature est animée par des motifs tout à fait sérieux. Le poète des Fleurs du mal écrit en effet à sa mère : « Être de l’Académie est, selon moi, le seul honneur qu’un vrai homme de lettres puisse solliciter sans rougir ». La mort de Lacordaire, à la fin du mois de novembre, incite finalement Baudelaire à reporter sa candidature sur son fauteuil, « parce que c’est un homme de religion et parce que c’est un Romantique ». Ses premières visites, à l’hiver 1861, le désespèrent néanmoins. Le Secrétaire perpétuel, Abel Villemain, le reçoit si froidement que Baudelaire envisage un temps d’écrire un ouvrage bouffon relatant sa campagne académique. Il se désiste finalement le 10 février 1862, par une lettre dont la Compagnie saluera la courtoisie. Son aventure académique n’aura duré que deux mois. Baudelaire ne se représente pas. Diverses raisons peuvent expliquer ce rendez-vous manqué avec l’institution : d’une part, l’opposition de la Compagnie aux Romantiques en général, et aux Jeunes-France en particulier ; d’autre part, la condamnation pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs dont Baudelaire avait été l’objet au moment de la parution des Fleurs du mal.

Bibliographie :

  • Andrea Schellino, « Baudelaire et « l’utopie » académique », Francofonia, No. 67, Poésie et institutions au XIXᵉ siècle (automne 2014), p. 157-172.
  • Charles Baudelaire, Correspondance, tome 2, Paris, Gallimard, bibliothèque de la Pléiade, 1973.