Discours sur les prix littéraires 2007

Le 29 novembre 2007

Pierre NORA

Discours sur les prix littéraires

 

 

Mesdames, Messieurs,

Ce jour de proclamation des prix littéraires est une joie pour la Compagnie qui les décerne autant que pour les élus qui les reçoivent. D’abord parce que l’Académie remplit ainsi une de ses missions essentielles et poursuit par ce moyen sa défense et illustration de la langue française. Elle trouve là l’occasion de rendre justice au travail continu des commissions spécialisées et aux rapports de leurs membres, qui mettent beaucoup d’ardeur et de conviction à défendre leurs choix. Justice aussi aux généreux mécènes et créateurs de Fondations qui permettent de porter jusqu’à près de soixante le nombre des prix décernés.

Ce nombre même ne permet pas, hélas, de rendre justice à chacun des ouvrages et chacun des auteurs comme l’appelleraient leurs mérites et leurs talents. Il est difficile de faire sentir, derrière une nomenclature par définition froide, la singularité d’une aventure de création. Toujours incertaine, pleine d’espoirs et de désespoirs, mais aujourd’hui couronnée de succès. Un rapide coup d’œil rétrospectif sur les discours de prix m’a convaincu que ce regret était traditionnel. Maurice Genevoix, Secrétaire perpétuel, se demandait déjà il y a cinquante ans : « Comment offrir à chacun d’eux, sans omission, équitablement, ce qui réellement leur est dû ? » Encore le nombre de prix n’était-il pas, à l’époque, celui qu’il devait atteindre à la fin des années soixante-dix : plus de trois cents, y compris les prix de vertu. La Vertu n’est plus devenue qu’un discours – on se réjouit d’entendre François Cheng le prononcer dans un moment. Et bien des prix ont été heureusement regroupés ; en attendant la création d’un prix général de la Patience, décerné à tous les auditeurs, et même d’un prix du Silence, que Jean-Denis Bredin avait, il y a dix ans, la malice de suggérer.

Mais comme on n’a pas encore inventé l’académicien muet pour le remettre, je me contenterai de rester fidèle à l’usage, en divisant cette longue liste en deux parties : les grands prix d’Académie – il y en a vingt-quatre –, dont les lauréats voudront bien, en se levant à l’appel de leur nom, se prêter à nos applaudissements ; et les prix de Fondation que saluera, si vous le voulez bien, notre ovation finale et collective.

À tout seigneur, tout honneur. Le Grand Prix de la Francophonie, institué en 1986 pour couronner « l’œuvre d’une personnalité qui dans son pays ou à l’échelle internationale a contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française », a été décerné cette année à M. Élie Barnavi, historien israélien qui a sans doute la connaissance la plus intime de l’histoire de la France moderne et contemporaine.

Né à Bucarest en 1946, Élie Barnavi émigre avec ses parents en Israël. Après des études d’histoire et de science politique à l’Université hébraïque de Jérusalem, à l’Université de Tel-Aviv et à la Sorbonne, il est nommé professeur d’histoire de l’Occident moderne à l’Université de Tel-Aviv, où il dirige le Centre d’études internationales.

Ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002, à une époque particulièrement difficile des rapports entre les deux pays, Élie Barnavi a conclu sa riche expérience par deux ouvrages. L’un, La France et Israël : une affaire passionnelle, développe une large perspective historique ; l’autre, Lettre ouverte aux Juifs de France, les met courageusement en garde contre toute tentation d’enfermement communautaire.

Élie Barnavi a publié une Histoire moderne d’Israël devenue classique et dirigé, avec Saul Friedlander, un Dictionnaire critique sur Les Juifs et le XXe siècle. Mais son domaine majeur de spécialité a toujours été le XVIe siècle français et les guerres de Religion, sur lesquelles a porté sa thèse de doctorat, en 1980, Le Parti de Dieu, étude sociale et politique des chefs de la Ligue parisienne. Depuis, il a multiplié les travaux sur cette période. Cette familiarité avec les extrémismes religieux l’a spontanément orienté vers les fanatismes religieux du Moyen-Orient, à l’analyse desquels est consacré son dernier et récent ouvrage, Les Religions meurtrières.

Élie Barnavi est actuellement conseiller scientifique du musée de l’Europe, qui vient d’ouvrir ses portes à Bruxelles, avec une exposition intitulée « C’est notre histoire : cinquante ans d’aventure européenne ». C’est donc un grand intellectuel européen, comme nous en avons tant besoin, que couronne naturellement aujourd’hui le Grand Prix de la Francophonie.

Pour l’ensemble de son œuvre, l’Académie a attribué à Madame Nahal Tajadod la Grande médaille de la Francophonie. Iranienne vivant en France depuis 1977, mariée à un écrivain français, c’est aux côtés de notre confrère François Cheng, qui a été son professeur, qu’elle a entamé des études de chinois qui l’ont menée jusqu’au doctorat. Nahal Tajadod, écrit Pierre-Jean Rémy, « constitue un pont entre la France, l’Iran, puis la Chine ». Si elle peut écrire en chinois comme en arabe, c’est en français qu’elle a bâti son œuvre, une dizaine de livres parmi lesquels des études sur le soufisme, sur le poète Roumi ou sur Mani, le « Bouddha de lumière ». Mais elle a aussi traduit des poèmes de Roumi et, bien loin de cette solide érudition, elle a publié en 2007 Passeport à l’iranienne, un roman débordant d’humour en même temps que de tendresse pour le petit peuple de Téhéran d’aujourd’hui.

À M. Michel Chaillou est revenu le Grand Prix de littérature 2007. Notre confrère Angelo Rinaldi le présente ainsi : « On est sans doute de son enfance comme on est d’un pays – et les deux s’épousent. À Nantes, il y eut un garçon de treize ans – Michel Chaillou – qui, réfugié sous un porche, pendant le bombardement de sa ville, se demandait s’il retrouverait ses livres à la maison. Et, avant tout, ses livres. Il sortit de l’enfer déjà tout blanc, et les livres seraient sa vie, Nantes, qu’il a décrite à l’instar de Julien Gracq, l’une de ses sources d’inspiration. Car l’autobiographie, sous la plume de ce fils de pauvres, à l’adolescence et à la jeunesse houleuses, dominées en leurs épreuves par la soif de lectures, et qui enseigneraà l’université, demeure l’une des directions de son œuvre, riche d’une vingtaine d’ouvrages. Par le biais d’une écriture baroque mais toujours allègre, qui se souvient, à l’occasion, des parlers du terroir, de leur rugueuse saveur, M. Chaillou a tenté de renouveler la technique du roman en lui annexant des disciplines et des genres qui lui sont, en général, étrangers : histoire, biographie, théâtre. En imbriquant aussi, comme il l’a fait cette année, dans un recueil d’entretiens, des évènements de sa vie à ses réflexions d’écrivain à l’écart des maîtres dont il a entendu la voix. Et cela aboutit à un univers poétique et érudit à la fois. L’imaginaire confondu avec le génie de la langue, avec un art qui n’appartient qu’à lui-même : celui qui parvient à rendre contemporains passé individuel et passé collectif, dans une émotion partagée par le lecteur qui est devenu un ami. »Le Grand Prix de Littérature Henri Gal est un prix de l’Institut richement doté, créé en souvenir de M. Henri Gal, un amoureux des lettres, et soutenu par la générosité de son exécuteur testamentaire, M. Michel Laurent. Il a été attribué cette année, sur proposition de l’Académie, à Madame Yasmina Reza, pour l’ensemble de son œuvre.

L’Académie a été la première à distinguer le talent dramatique de Mme Yasmina Reza, nous rappelle Michel Déon, en lui attribuant le Prix du Jeune Théâtre pour Conversations après un enterrement et, peu après, le Grand Prix du Théâtre pour Art. « Si le théâtre, écrit notre confrère, occupe une place prépondérante dans son œuvre, elle est aussi romancière avec Une désolation et Adam Haberberg, ou témoin sensible de son époque et de ses proches dans Hammerklavier et Nulle part. Son dernier livre, L’Aube, le soir ou la nuit, jette un regard clinique sur une élection présidentielle en France. Il lui arrive aussi d’être sa propre interprète sur scène, où sa présence apporte cette émotion soudaine que Louis Jouvet appelait “ la minute théâtrale ”. »

Le Prix Jacques de Fouchier, créé en 1998 par la Fondation B.N.P.-Paribas et destiné à une œuvre dont l’auteur n’appartient pas aux professions littéraires, est allé cette année à un historien américain qui écrit en français, M. William R. Newton, qui poursuit depuis des années des recherches sur Versailles et les services de la Cour. Il a publié en 2000 L’Espace du Roi. La Cour de France au château de Versailles. Voici la suite : La Petite Cour. Services et serviteurs à la Cour de Versailles au XVIIIe siècle.
Ces deux volumes brossent, pour M. Gabriel de Broglie, « un tableau très fouillé, très touffu, de la Cour sous l’Ancien Régime, d’une façon parfaitement adaptée à la complexité de l’institution qu’il décrit. À la fois annuaire, organigramme, plan des installations, règles de fonctionnement, recueil d’anecdotes, le tout est d’un intérêt prodigieux ».
Le premier volume a obtenu un prix de la section histoire de l’Académie des sciences morales et politiques en 2000 et les deux volumes une deuxième médaille de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 2006. L’originalité de l’entreprise et la nouveauté du résultat ont convaincu la Compagnie de décerner le prix Jacques de Fouchier à M. Newton pour les deux volumes.

L’Académie a attribué le Grand Prix du Roman 2007 à Ap. J.‑C., de Vassilis Alexakis, dont elle avait déjà salué le talent avec le Prix de la Nouvelle en 1997. Alexakis est Grec, vit en France, écrit en français comme en grec. Ap. J.‑C. puise ses sources dans la Grèce contemporaine chère à Michel Déon, une Grèce « toujours si imprégnée de son passé, dit-il, qu’elle ne cesse de l’interroger et de le défier. Ap. J.-C. est une belle histoire qui trouve son origine au sein même de l’énigmatique société orthodoxe du mont Athos figée dans ses secrètes traditions ».

LePrix de l’Académie française Maurice Genevoix, créé en 2004 par Mme Maurice Genevoix pour récompenser un ouvrage illustrant les valeurs morales et humaines qui ont guidé l’ancien Secrétaire perpétuel de l’Académie, est allé au Québécois Jacques Godbout, poète, cinéaste, auteur dramatique, journaliste et romancier. « C’est le romancier que nous décorons du Prix Genevoix, précise Michel Déon, pour La Concierge du Panthéon, roman dans lequel un quadragénaire canadien, Julien Mackay, secoue la routine de son travail de bureau pour venir à Paris dans l’intention, croit-il, d’écrire un roman. Julien Mackay n’écrira jamais son roman, mais Jacques Godbout en a écrit un sur lui, à la fois cruel et d’un exquis humour. »

Le Prix Deluen a été créé cette année même pour récompenser tous les ans une personne ou une institution qui contribuent efficacement à la défense et à la promotion du français comme langue internationale. Il a été partagé entre deux lauréats : M. Naïm Kattan et M. Peter Tame.
Naïm Kattan, né en 1928 en Irak dans la minorité juive, arrivé en France à 19 ans pour poursuivre à la Sorbonne des études de français commencées à Bagdad, s’est installé à Montréal en 1954, où il est devenu professeur à l’Université Laval. Auteur de plus de trente ouvrages en français, essais et romans, dont Le Réel et le Théâtral qui lui a valu en 1971 le Prix France-Canada, Naïm Kattan joue dans le monde entier, et particulièrement au Canada, un rôle de premier plan dans l’univers de la francophonie, estime Pierre-Jean Rémy, aux yeux de qui l’Anniversaire, composé de onze lettres venues des quatre coins du monde, constitue l’un des plus beaux romans d’apprentissage qui soit de la francophonie.
Peter Tame appartient à un tout autre monde. « C’est, pour Michel Déon, un exemple des plus intéressants de la curiosité éclectique d’un grand enseignant britannique qui a voué sa carrière à l’étude d’écrivains français contemporains aussi différents que Roger Vailland et Robert Brasillach, André Chamson et Maurice Barrès. » Il vient d’organiser cet été à Belfast un colloque international autour d’André Malraux, dont il est un grand connaisseur.

L’Académie a attribué son Grand Prix de Poésie, qui date de 1957, à William Cliff pour l’ensemble de son œuvre poétique et en particulier son dernier recueil : Le Pain quotidien. « Sa métrique singulière, note encore Michel Déon, décidément généreux contributeur à ce palmarès, dédaigne la ponctuation dans une œuvre souvent amère, parfois provocatrice, toujours très personnelle et d’une grande musicalité. »

Le Grand Prix de Philosophie est allé à M. Gilles Dowek pour Les Métamorphoses du calcul. Une étonnante histoire de mathématiques. Plusieurs avancées mathématiques sont venues, depuis une trentaine d’années, transformer profondément la notion de démonstration traditionnelle depuis l’Antiquité et, avec elle, la prééminence du raisonnement sur le calcul. Avec les machines informatiques en particulier, « le calcul, dit M. Michel Serres, relève le défi que lui lance depuis trois millénaires la raison issue de la géométrie ». C’est cette bataille, « indécise et passionnante », que M. Gilles Dowek, lui-même mathématicien, logicien et informaticien, était bien placé pour raconter comme pour en montrer les enjeux de connaissance, dans un livre « qui fait trembler sur ses bases la raison classique » et que notre confrère n’hésite pas à qualifier de « haletant ».

Le Grand Prix Moron de philosophie, qui récompense depuis 1987 l’auteur d’un ouvrage ou d’une œuvre qui favorise une nouvelle éthique, a été attribué, sur les conseils de M. Jean d’Ormesson, à un astrophysicien de renommée internationale, M. Trinh Xuan Thuan. Né en 1948 dans la banlieue de Hanoï et élevé à Saïgon, le professeur Trinh Xuan Thuan enseigne aujourd’hui à l’Université de Virginie. Il a publié une dizaine d’ouvrages scientifiques traduits en seize langues, parmi lesquels Le Sort de l’Univers : big bang et après, La Mélodie secrète, Le Chaos et l’Harmonie, L’Infini dans la paume de la main, en collaboration avec Matthieu Ricard ; et dernièrement Les Voies de la lumière. Physique et métaphysique du clair-obscur. Plusieurs de ces ouvrages et en particulier le dernier, qui lui vaut le Prix Moron, ont été rédigés directement en français, qui reste la langue préférée de ce grand savant que le président Mitterrand avait invité à l’accompagner au Viêt-Nam lors de sa visite officielle en 1994.

Par le Grand Prix Gobert d’histoire attribué à M. Paul Veyne, l’Académie a voulu saluer tardivement l’œuvre d’un esprit puissamment original et à multiples facettes. Né en 1930 dans un milieu populaire qu’il qualifie lui-même d’inculte, il a été fasciné très tôt par l’archéologie et la civilisation du monde antique. Ancien élève à l’École normale supérieure, professeur au Collège de France de 1975 à 1998, Paul Veyne s’est imposé comme le spécialiste incontesté du monde romain dès sa thèse sur la pratique de l’évergétisme, cette manière pour les empereurs de s’attacher le peuple par des jeux, parue sous le titre Le Pain et le Cirque, en 1976. Il avait déjà créé la surprise en 1972 par un essai d’épistémologie qui révélait l’ampleur de sa culture, Comment on écrit l’histoire, première réflexion sur la discipline depuis De la connaissance historique, d’Henri Marrou, en 1954. La même audace intellectuelle, la même allégresse impertinente, drôle, érudite, marque son essai de 1983 : Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Paul Veyne a renouvelé profondément la vision du monde romain par son approche toujours interrogative et dérangeante. Sa retraite à Bedoin, en Provence, a été particulièrement féconde. Elle lui a permis notamment de publier une synthèse sur L’Empire gréco-romain et tout récemment Quand notre monde est devenu chrétien, un essai qui lui permet, au passage, de poser des questions générales autour desquelles il n’a cessé de tourner : comment s’impose une croyance, ici le monothéisme ? Et qu’est-ce que croire ?

Le Prix de la Biographie littéraire est allé à M. Alain Rey pour Antoine Furetière. Un précurseur des Lumières sous Louis XIV. Trente-sept ans après son Littré, l’humaniste et les mots, le savant lexicographe à l’esprit passionnément encyclopédique qu’est M. Alain Rey se retrouve fasciné par un autre personnage étonnant dans la galerie des grands collectionneurs de mots, à laquelle il appartient lui-même. Furetière, l’opposé de l’austère et honnête Littré. Homme de loi par intérêt, homme d’Église par confort et conviction, critique par nature et écrivain par plaisir, Furetière – Furetier comme on disait au xviie – est pour Alain Rey l’un des premiers, en France, à avoir voulu faire de la littérature une profession. Son ambition le conduisit à l’« immortalité » académique ; sa passion des mots le mena au scandale ; son œuvre poétique, satirique et burlesque à l’oubli. Mais les étranges beautés de son dictionnaire lui valurent une autre forme d’immortalité, dont, après Pierre Bayle, Alain Rey analyse les raisons avec autant de malice que d’autorité.

L’ouvrage auquel revient le Prix de la Biographie historique est consacré à Pierre Mendès France par M. Éric Roussel, dont la carrière a été marquée par des biographies d’hommes politiques contemporains qui sont toutes devenues des ouvrages de référence : Georges Pompidou en 1984, Jean Monnet en 1995, Charles de Gaulle en 2002. Ce Pierre Mendès France a les mêmes qualités que les précédents : ampleur et sérieux dans la documentation, probité dans l’exécution. Éric Roussel nous montre Mendès France « courageux, complexe, attachant, quelquefois paradoxal, un être sensible souvent en proie au doute, en tout cas un destin ancré dans la mémoire nationale ». Pourquoi ce destin ? Pour Alain Decaux, « c’est par le discrédit dans lequel était tombée la IVe République que peut s’expliquer, en partie seulement, la popularité soudaine dont bénéficie Mendès, quand il déclare en 1954 : “ Il faut dire la vérité au peuple français ”.
Mendès France est, avec le général de Gaulle, le seul grand acteur de la vie politique de la seconde moitié du XXe siècle à être devenu un mythe. « Il est presque incroyable, poursuit notre confrère, que ce mythe se soit poursuivi si longtemps alors que son passage au pouvoir, de juin 1954 à février 1955, n’a duré que sept mois et dix-sept jours. » La fin de la guerre d’Indochine et les débuts du processus d’indépendance de la Tunisie, qui ont marqué ce bref passage, l’expliquent sans doute moins que la radicalité morale et la sincérité démocratique dont Pierre Mendès France est devenu la figure exemplaire pour plusieurs générations.

Le Prix de la Critique a été décerné à Mme Diane de Margerie, pour Noces d’encre. À côté de ses romans et nouvelles, l’éminent critique littéraire que nous connaissons nous offre, avec ce recueil, une superbe somme de textes, qu’on peut qualifier, avec François Cheng, d’« œuvre d’une vie ». « En effet, dit-il, sous forme de préfaces, elle a abordé, au cours des décennies écoulées, un nombre important d’écrivains de la littérature mondiale. Des écrivains avec qui elle se sent d’affinité, d’autres pour qui elle éprouve une compréhension particulièrement pénétrante. Cet éclairage fondé sur l’empathie, exprimée par des méditations autobiographiques, donne à l’ouvrage une unité de ton et de vue qui fait toute sa valeur. »

Le Prix de l’Essai revient à M. Philippe Barthelet pour un ouvrage au titre énigmatique : Baraliptons. Le terme, emprunté à la scolastique et déjà vieilli au XVIIe siècle, désigne une cocasserie paralogique. Philippe Barthelet est « un linguiste sauvé par l’humour et une science impeccable de la langue française, apprécie notre confrère Michel Déon. Avec autant d’esprit que de sévérité amusée, il révèle à petites touches les faiblesses et les avatars d’une langue contemporaine, son appauvrissement et ses contresens. Au passage, voilà l’Académie bien traitée et même félicitée ». Qui s’en plaindrait ?

C’est à Mme Laurence Cossé que l’Académie a décerné le Prix de la Nouvelle pour son recueil Vous n’écrivez plus ? La romancière se penche ici sur les raisons qui poussent les écrivains à écrire. Voici une obscure standardiste d’une maison d’édition qui ne connaîtra qu’un succès posthume, voilà un auteur connu qui subitement disparaît de la scène, ailleurs encore un vieil écrivain qui ne trouve plus d’éditeur. « Laurence Cossé, nous dit Jean-Marie Rouart, parle avec bonheur du malheur d’écrire. »

Au titre du Prix d’académie décerné à des ouvrages qui touchent à sa propre histoire ou aux valeurs auxquelles l’Académie est essentiellement attachée, une médaille de vermeil a été attribuée à M. Jean Pruvost sur proposition de notre Secrétaire perpétuel honoraire, M. Maurice Druon, pour Les Dictionnaires français, outils d’une langue et d’une culture, ouvrage de grande érudition d’un émule du maître d’œuvre du Trésor de la langue française, Bernard Quemada.

Le Prix du Cardinal Grente, qui récompense l’œuvre d’un membre du clergé catholique français séculier ou régulier, a été attribué au révérend père Dominique-Marie Dauzet pour La Mystique bien tempérée. Écriture féminine de l’expérience spirituelle XIXe-XXe siècle. Le R.P. Dominique-Marie Dauzet est religieux prémontré à l’abbaye de Mondaye, dans le Calvados. « Son œuvre, indique Mme Hélène Carrère d’Encausse, se partage entre l’étude de l’histoire de l’ordre des Prémontrés et des grandes figures qui l’ont marquée d’une part, et d’autre part l’écriture hagiographique. Rappelons sa Petite Vie de saint Norbert, que l’Académie avait déjà saluée, son Saint Martin de Tours ou sa Petite Vie de sainte Foy. Ce principe hagiographique, le père Dauzet l’a conservé et infléchi dans sa Mystique bien tempérée. Conservé car les monographies qu’il réunit ici sur huit femmes qui ont écrit leur expérience mystique, et qu’il avait conçues comme des études de cas pour ses cours à l’École pratique des hautes études, forment autant de “ petites vies ” spirituelles. Mais infléchi aussi parce que ces femmes ne sont pas toutes des saintes de l’Église, et parce que l’étude s’attache à un aspect particulier de leur spiritualité : l’écriture biographique. Celle-ci tempère la mystique parce qu’elle constitue paradoxalement l’expression apaisante d’une expérience violente et ineffable, mais aussi parce que cette écriture est le biais par lequel l’institution ecclésiastique masculine règle, dirige et éventuellement surveille une spiritualité féminine qui n’a pas alors autorité dans l’Église. Avec la voix retrouvée de ces femmes, c’est une page oubliée de l’histoire de la spiritualité qu’éclaire le père Dauzet. »

Le Prix du Théâtre, fondé en 1980, est attribué cette année à M. Valère Novarina pour l’ensemble de son œuvre. Celle-ci a déjà trouvé une large reconnaissance. Mais c’est avec une joie particulière que, par la voix de Florence Delay, notre Compagnie salue en lui le plus magnifique fournisseur de mots inconnus à notre dictionnaire. Je la cite : « Offrant un autre langage pour que le tournoiement des mots délivre des lieux communs et de la pensée courante, il multiplie les personnages aux noms extravagants : le Bonhomme Nihil, Raymond de la Matière, la Figure Pauvre, la Femme Spirale, le Vieillard Carnatif, Jean Singulier, l’Illogicien, le Déséquilibriste, l’Ouvrier du Drame… » Rien que dans sa pièce Le Drame de la vie, elle en a dénombré 2 587 ! « Leurs paroles, dit-elle, frayent dans notre ordinaire des trajets spirituels et matériels un peu fous puisqu’ils recréent le monde. »

Le Prix du Jeune Théâtre, destiné à récompenser un jeune auteur dramatique, est attribué à M. Florian Zeller, 27 ans, pour Si tu mourais…, sa troisième pièce, la plus brillante et la plus achevée. À travers une femme dont le mari vient de mourir, Florian Zeller aborde le thème pirandellien des liens entre la vérité et le mensonge, le rêve et la réalité. « On ne s’ennuie jamais avec lui », déclare Jean-Marie Rouart. « Il possède cet art de la magie théâtrale qui fait de Si tu mourais… une excellente pièce dont le succès – cinq mois à l’affiche – permet d’espérer une œuvre dramatique d’un grand intérêt. »

À Alain Cavalier, pour l’ensemble de son œuvre cinématographique revient le Prix René Clair. En un demi-siècle, Alain Cavalier a exploré beaucoup de genres et parcouru un long chemin dont Florence Delay retrace les étapes. Depuis ses premiers films engagés dans l’histoire, Le Combat dans l’île (1961), L’Insoumis (1964) sur fond de guerre d’Algérie, jusqu’au prix Louis Delluc en 1980 pour Un étrange voyage, qui renoue avec le monde après un long silence et un deuil tragique. C’est alors qu’Alain Cavalier prend la direction qu’il ne quittera plus : « l’enquête et la quête de l’énergie humaine, dit notre consœur, de ce foyer intérieur que révèle en 1987 le visage radieux de Thérèse qui obtint le prix du festival de Cannes. » Désormais, Cavalier s’engage dans une voie de plus en plus intérieure, personnelle, solitaire, jusqu’au Filmeur, 2005, expérience étrange d’autocinématographieoù l’auteur tourne, au plus près de son intimité, sa vie privée, la femme qu’il aime, « comme s’il avait accepté cet inconnu qui filme sans relâche : lui-même ».

La Grande Médaille de la Chanson française a été attribuée à Serge Rezvani pour l’ensemble de ses chansons. « Il peut paraître étrange, comme le remarque notre confrère Yves Pouliquen, qu’une médaille de la chanson soit décernée à un homme qui s’est voulu avant tout peintre dans les années d’immédiate après-guerre. Tout aussi étrange qu’on la délivre à l’écrivain prolixe que sa riche imagination porta à écrire de nombreux romans ou pièces de théâtre plutôt qu’à composer des chansons. Et pourtant, qui ne se souvient de la voix de Jeanne Moreau dans le film de Truffaut, Jules et Jim, chantant le Tourbillon de la vie ou interprétant le merveilleux J’ai la mémoire qui flanche ; celle d’Anna Karina qui chante La Ligne de chance, ta ligne de hanche dans Pierrot le fou de Godard ? C’est encore une amitié pour des femmes, Mona Heftre ou Héléna Noguerra, qui amène Rezvani à reprendre le chemin d’un studio d’enregistrement, quarante ans après Jules et Jim, ce qui rend tout à fait actuelle la décision de l’Académie de lui remettre cette grande médaille de la chanson française, amplement méritée. »

Au titre du Prix du Rayonnement de la Langue et de la Littérature françaises, l’Académie a décerné deux médailles de vermeil.
L’une est attribuée, sur les conseils de M. René de Obaldia, au FETLYF, le Festival européen du théâtre lycéen francophone organisé à Saint-Malo depuis 2004 par M. Daniel Mariet, et qui, cette année, a rassemblé deux cents étudiants venus de quinze pays étrangers pour distiller pendant une semaine les plus belles scènes de notre répertoire classique à un public de plus en plus nombreux.
L’autre est attribuée à M. Candido Mendes pour Le Défi de la différence. Entretiens sur la latinité. Dans une belle discussion avec le philosophe François L’Yvonnet, le grand intellectuel brésilien plaide pour une latinité inspirée de l’hellénistique alexandrine qu’à son sens l’Amérique latine de la bordure Atlantique réinvente, aussi loin de l’héritage européen que de l’américain. Elle a séduit Michel Serres : « Une latinité qui n’a aucune vocation à la dominance, qui n’insulte personne et inclut tout le monde. »

Cette énumération est loin d’épuiser notre palmarès. Nous passons maintenant aux prix institués par des Fondations qui portent le nom qu’ont voulu pour eux leurs mécènes.
Plusieurs, qui ont voulu honorer des poètes, nous ont offert la possibilité de décerner six médailles ou lauriers.

Le Prix Théophile Gautier a permis de décerner une médaille d’argent à M. Emmanuel Merle pour Amère indienne et une médaille de bronze au frère Gilles Baudry pour Nulle autre lampe que la voix.

La médaille de bronze du Prix Heredia revient à Youri, pour Poèmes de jour, Poèmes de nuit.

Le Prix François Coppée a été attribué à M. Michel Bulteau pour Hoola Hoops et le Prix Paul Verlaine à M. Frédéric Jacques Temple pour l’ensemble de son œuvre de poète et de traducteur de poètes. Le Prix Henri Mondor, qui récompense soit un poète de veine mallarméenne soit un travail sur Mallarmé, a été attribué à Mme Lucette Finas pour l’ensemble de ses travaux sur ce poète. Enfin le Prix Maïse Ploquin Caunan distingue M. Emmanuel Moses pour Figure rose.

D’autres fondations nous permettent d’attribuer treize prix ou médailles à des ouvrages de littérature et de philosophie :
Le Prix Montyon, destiné à un ouvrage « recommandable par un caractère d’élévation et d’utilité morale », a été attribué à Mme Marie-Frédérique Pellegrin pour Le Système de la loi de Nicolas Malebranche, qui a le mérite de renouveler la lecture de cet auteur en le faisant apparaître comme un philosophe politique.

Le Prix La Bruyère, qui couronne l’auteur d’un ouvrage de littérature morale, est attribué à Mme Anne Gangloff pour Dion Chrysostome et les mythes. Hellénisme, communication et philosophie politique, qui montre pourquoi cet orateur grec du IIIe siècle qui a fasciné les humanistes de la Renaissance a pu passer pour le type même du grand écrivain classique.

Le Prix Jules Janin, qui récompense une traduction, est revenu à Mme Danièle Robert pour sa volumineuse, consciencieuse et amoureuse traduction d’Ovide, Lettres d’amour, lettres d’exil.

Le Prix Émile Augier, destiné à l’auteur d’une œuvre dramatique, a été attribué à Mme Françoise Dorner, comédienne, romancière et auteur dramatique dont le deuxième roman, La Douceur assassine, raconte avec pudeur et gravité les émotions du grand âge quand le corps ne suit plus les rêveries d’un homme muré dans la solitude.

Le Prix Émile Faguet, qui consacre un ouvrage de critique littéraire, a été décerné à M. François Brunet pour son étude sur Théophile Gautier et la musique, où le cas particulier de l’auteur de Mademoiselle de Maupin illustre cette époque de fusion des arts que fut le XIXe siècle.

Le Prix Louis Barthou, de littérature générale, a été attribué à Mme Brigitte Buffard-Moret, dont l’étude sur la chanson poétique du XIXe siècle, élargissant l’enquête amorcée par Paul Bénichou sur les chansons de Gérard de Nerval, retrace l’origine du genre longtemps le plus populaire en France et pourtant le moins étudié.
La médaille d’argent du Prix Louis Barthou revient à M. Jérôme Prieur pour Roman noir, court essai sur quelques figures de la littérature gothique et fantastique.

Le Prix Anna de Noailles est destiné à une femme de lettres. Il récompense cette année Mme Eva Kristina Mindszenti pour Les Inattendus.

Le Prix François Mauriac, décerné à un jeune écrivain, revient cette année à M. Philippe Vilain, dont Paris l’après-midi raconte avec une écriture simple et juste la rencontre d’un homme et une femme.
La médaille de bronze de ce Prix François Mauriac a été attribuée à M. Alexis Salatko pour Un fauteuil au bord du vide, roman d’un personnage douloureux au cœur de la ville de Cherbourg.

Le Prix Georges Dumezil, destiné à un ouvrage de philologie, est allé à M. Jacques Charpentreau, qui a su faire de son monumental Dictionnaire de la poésie française un ouvrage de référence qui explore en profondeur toutes les formes de la poésie.

Le Prix Roland de Jouvenel, décerné dans l’intérêt des lettres, est attribué à M. François Moureau, dont l’ouvrage, La Plume et le Plomb. Espaces de l’imprimé et du manuscrit au siècle des Lumières, n’est pas seulement un indispensable instrument de travail pour tous ceux qui s’intéressent à l’imprimé au XVIIIe siècle, mais aussi une étude savante et distrayante sur les mœurs pittoresques du monde littéraire à cette époque.

Le Prix Biguet, qui couronne un ouvrage de philosophie ou de sociologie, est décerné à Madame Caroline Eliacheff et à M. Daniel Soulez-Larivière, qui se sont penchés avec Le Temps des victimes sur un problème de la société contemporaine qui modifie profondément les comportements sociaux et, au-delà, les mentalités. Passionnante étude qui met en évidence une nouvelle notion du lien social qui se concentre autour des catastrophes.

Le Prix Ève Delacroix récompense l’auteur d’un ouvrage alliant des qualités morales à des qualités littéraires. Il va à Mme Jacqueline Risset pour Traduction et Mémoire poétique qui se conjuguent pour la création de l’œuvre toujours renouvelée, selon ce qu’Yves Bonnefoy, dans une lumineuse préface, qualifie de « transmutation d’une recherche en une autre sans sacrifice de la première ».
Une médaille d’argent du Prix Ève Delacroix distingue M. Eugène Ébodé, chroniqueur et romancier d’origine camerounaise, pour Silikani, dernier volume d’une trilogie qui rassemble, entre fiction et autobiographie, les souvenirs d’une adolescence africaine.

Le Prix Jacques Lacroix, destiné à un ouvrage sur la vie des animaux, couronne M. Jacques d’Aguilar pour Histoire de l’entomologie. Bien illustrée, clairement écrite, elle raconte méthodiquement, à partir de la découverte du microscope, les rapports de l’homme avec les insectes et leur évolution.

D’autres fondations nous ont permis d’attribuer neuf prix d’histoire.
Le Prix Guizot a été décerné à M. Dominique Iogna-Prat pour La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge. Ce grand sujet, l’auteur le traite avec une maîtrise parfaite des doctrines et des débats des clercs latins, et autant de sensibilité que d’érudition.
Deux médailles d’argent duPrix Guizot ont été attribuées, l’une à M. André Chervel pour Histoire de l’enseignement du français du XVIIe au XIXe siècle ; l’autre à M. Charles Frostin pour Les Pontchartrain ministres de Louis XIV. Alliances et réseau d’influence sous l’Ancien Régime.

Le Prix Thiers récompense M. Maurice Sartre pour Histoires grecques, où ce grand historien de l’antiquité classique a réuni une quarantaine d’études qui composent un ensemble heureusement savant et lisible sur la civilisation préchrétienne.

Le Prix Eugène Colas couronne MM. Pierre Riché et Jacques Verger pour Des nains sur des épaules de géants. Maîtres et élèves au Moyen Âge, où les deux maîtres du genre retracent le plus complet des panoramas sur mille ans d’éducation dans l’Occident médiéval. Un ouvrage qui vient à son heure.

Le Prix Eugène Carrière, destiné à un ouvrage d’histoire de l’art, est allé à Mme Nicole Reynaud pour Jean Fouquet. Les Heures d’Étienne Chevalier : chef-d’œuvre d’érudition et d’intelligence, sur un manuscrit conservé pour l’essentiel au musée Condé de Chantilly.

Le Prix Georges Goyau, qui récompense un ouvrage d’histoire locale, a été attribué à M. Jean-Pierre Blay pour Les Princes et les Jockeys, qui raconte Chantilly au XIXe siècle, à l’époque des courses.

Le Prix du Maréchal Foch, attribué tous les deux ans, consacre l’auteur d’un ouvrage intéressant l’art et la science militaires. Il a été décerné à l’amiral Jean Moulin et à M. Jacques Isnard pour De la mer à la terre : les enjeux de la marine française au XXIe siècle. M. Pierre Messmer y avait trouvé un inventaire complet et raisonné des missions et des moyens de la Marine nationale aujourd’hui et demain.

Le Prix Louis Castex, qui permet de mettre en lumière soit des souvenirs de voyages ou d’explorations, soit des découvertes en archéologie ou en ethnologie, a été attribué à M. Jean Cuisenier, dont Penser le rituel nous promène des îles éoliennes aux cérémonies universitaires de Cambridge, des Arméniens de France aux Balkans, à une époque où les repères rituels s’estompent.

Le Prix Diane Potier-Boès, qui concerne un ouvrage consacré à l’Égypte ou à la Méditerranée, est attribué à Mme Édith Garnier pour L’Âge d’or des galères de France. Le champ de bataille méditerranéen à la Renaissance, ouvrage savant mais agréable à lire sur un aspect original de la Renaissance.

Le Prix François Millepierres, particulièrement destiné à un auteur d’un ouvrage sur l’Antiquité, revient à M. Yann Le Bohec pour L’Armée romaine sous le Bas-Empire. Livre de haute tenue et d’une science impressionnante où le professeur à la Sorbonne de l’histoire militaire romaine renouvelle un des sujets les plus controversés de sa discipline.
Une médaille d’argent pour le même prix est décernée à Mme Claudine Auliard pour sa Diplomatie romaine. L’autre instrument de la conquête. De la fondation de Rome à la fin des guerres samnites.
Enfin, pour achever ce long palmarès, l’Académie a attribué cette année trois prix de soutien à la création littéraire.

Le prix Henri de Régnier à M. Pascal Rannou pour De Corbière à Tristan. Les Amours jaunes : une quête de l’identité, qui renouvelle l’image d’un poète mal connu. Leprix Amic, attribué à M. Pierre Charras pour Bonne nuit, doux prince. Et le prix Mottart à M. Arnaud Tripet qui, sous le titre Écrivez moi de Rome… Le mythe romain au fil du temps, fait revivre la Rome de chacun des grands voyageurs.

Mesdames et Messieurs les lauréats, un mot, pour finir. Paul Valéry rêvait en 1935 que l’Académie française devienne « un îlot où se conserverait le souci du meilleur de la culture humaine » : la langue, le savoir, une forme d’esprit encyclopédique. C’est ce qu’un tel palmarès voudrait représenter. Votre présence, aujourd’hui, sous cette Coupole, donne à la Compagnie le sentiment de se rapprocher de cette magistrature idéale. Par ma voix, elle vous en dit sa reconnaissance.