Discours sur les prix de vertu 1823

Le 25 août 1823

Denis-Luc FRAYSSINOUS

DISCOURS DE M. FRAYSSINOUS,
évêque d’Hermopolis

Directeur de l'Académie française

Lu dans la séance du 25 août 1823

 

 

Il est des vertus cachées qui fuient l’éclat loin de le chercher : on ne peut, sans les contrister et sans leur faire une sorte de violence, déchirer le voile qui les couvre, pour les produire au grand jour sans bruit et sans faste, elles n’ambitionnent pas les applaudissements publics ; elles soulagent en secret l’infortune et l’indigence, contentes de s’exercer sous les regards de celui qui ne doit pas laisser sans récompense le verre d’eau froide donné en son nom, et qui a dit cette belle parole : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.

Cependant il arrive plus d’une fois que ces douces et délicates vertus répandent autour d’elles, et comme malgré elles, je ne sais quelle bonne odeur qui les décèle semblables à ces fleurs modestes que leur parfum trahit et révèle, au passant dont elles n’étaient pas aperçues même il importe au bien de tous de tirer de temps en temps de leur obscurité ces actions vertueuses, qui honorent l’humanité, font rougir le vice, et reposent l’âme fatiguée du récit de tant d’actions scandaleuses et criminelles que les trompettes de la Renommée font retentir dans la France entière.

Le monde a besoin de grands exemples ; c’est le moyen le plus court, comme le plus sûr, de l’accuser et de le confondre sans trop l’humilier. L’homme se roidit contre les leçons qu’on lui donne, il leur oppose son orgueil. Le bon exemple le touche toujours, lors même qu’il ne le persuade pas il n’a autre chose n lui opposer que sa faiblesse c’est donc servir utilement son pays que de chercher à combattre la publicité du mal par la publicité du bien, l’égoïsme par des actes de dévouement, et la dure indifférence par des traits de charité.

Sans doute notre gloire littéraire n’est pas la moindre e portion de notre gloire nationale ; mais s’il est beau de bien dire, il est encore plus beau de bien faire, et l’Académie ne doit pas se sentir moins heureuse de couronner une bonne action que de couronner un bon ouvrage.

Grâce à la munificence du restaurateur du prix de vertu, M. de Montyon, l’Académie est dans le cas de distribuer cette année plusieurs récompenses.

Par le programme publié dans la séance de 1822, l’Académie n’avait pu affecter au prix du présent concours qu’une somme de mille francs, produit annuel des fondations que M. de Montyon avait faites précédemment mais, depuis quelques mois, l’Académie ayant retiré les intérêts d’une partie des fonds provenant du legs par lequel les fondations seront plus que décuplées, elle s’est flattée qu’en ajoutant une somme extraordinaire au prix annoncé, elle obtiendrait du Roi son protecteur l’autorisation de disposer d’une partie de ces intérêts.

Sa Majesté, qui protège à la fois les vertus et les lettres, a accordé cette autorisation, et ainsi elle a permis d’anticiper sur l’époque où les bienfaits de M. de Montyon devaient être répandus avec plus d’abondance sur la classe indigente qui pratique la vertu.

Parmi les actes d’humanité compatissante et généreuse, soumis au plus sévère examen, il en est cinq qui ont été plus particulièrement remarqués, et l’un d’eux surtout a paru se distinguer par l’esprit de désintéressement, de patience et de sacrifice qu’il suppose ; c’est celui de Pierre-François-Joseph BÉCARD : il a été jugé digne d’une médaille d’or de la valeur de quinze cents francs. D’autres prix, consistant chacun en une médaille d’or de la valeur de mille francs, ont été adjugés à Marie CARTIER, à la femme du nommé JACQUEMIN, porteur d’eau, à la demoiselle Adèle CAILLET, et à Marie-Barbe ANSEMENT. Quatre de ces personnes récompensées ont été connues de l’Académie par l’entremise ou d’après les témoignages favorables de leurs curés, ces vrais consolateurs des misères humaines.

Venons au récit en commençant par Marie-Barbe ANSEMENT, portière, rue Saint-Louis-au-Marais, n° 40, née à Rarecourt, près Clermont en Argonne, département de la Meuse.

Une jeune personne, âgée de vingt-deux ans, nommée Françoise Sellier, compatriote de la dame Ansement, était domestique l’année dernière dans les environs de Paris. Elle voulut retourner chez ses parents, à Rarecourt, département de la Meuse. Avant son départ elle vint à Paris, pour faire ses adieux à la dame Ansement.

Elle se trouva si fatiguée, que la dame Ansement ne voulut pas la laisser monter en voiture, et la contraignit d’accepter l’hospitalité chez elle. Une maladie se déclara, fit des progrès alarmants, et l’infortunée fut attaquée d’une fluxion de poitrine et d’une fièvre putride et maligne.

Les amis de la dame Ansement, le médecin qu’elle avait appelé, lui conseillaient de faire conduire la jeune Sellier dans un hospice, en lui déclarant que la maladie était contagieuse ; mais ni le danger, ni les dépenses ne purent la déterminer à abandonner sa compatriote. Malgré l’exiguïté de ses ressources, puisqu’elle et son mari n’ont pour vivre que deux cents francs de leurs gages de portier, elle oublie qu’elle est pauvre, et d’une santé très-délicate, elle oublie presque qu’elle est épouse et mère, et ne voit que l’infortunée que la Providence semble confier à ses soins.

Elle prend les précautions nécessaires pour préserver de la contagion sa fille âgée de vingt-cinq ans, et son époux, infirme, âge de soixante-dix-huit, donne à la malade le lit de sa fille, qui couche sur une paillasse dans la chambre de son père ; la dame Ansement ne, quitte ni jour ni nuit la malade, et pendant six semaines ne cesse de lui prodiguer les soins d’une mère tendre, sans quitter ses vêtements, et presque sans prendre du repos.

Ses petites épargnes, les gains de sa fille, qui est couturière, suffirent d’abord aux premiers frais de la maladie ; alors la charité de la dame Ansement redoubla ; elle mit ses effets en gage au mont-de-piété : elle y déposa même sa chaîne d’or, qu’elle n’a pu encore retirer.

La maladie de la jeune Sellier a duré trois mois, sans que le dévouement de sa compatriote se soit lassé ou refroidi. Ces soins ont enfin rendu la santé à la malade. Des personnes qui avaient été témoins de cette généreuse conduite en furent si touchées, qu’elles sollicitèrent auprès de monseigneur le grand-aumônier de France quelques secours pour indemniser un peu la dame Ansement de tant de dépenses. Ces secours furent accordés ; mais elle les réserva pour la jeune convalescente, et quand elle eut recouvré assez de force pour retourner dans son pays, la dame Ansernent lui remit la somme pour fournir aux frais de son voyage.

 

Je passe à la demoiselle Adèle CAILLET, ouvrière en linge, rue des Deux-Écus, n° 18, née à Besançon.

La demoiselle Adèle Caillet, âgée aujourd’hui d’environ trente-deux ans, fut placée par son père, ancien militaire, chez la dame Ducornier, maîtresse couturière en linge, afin de faire son apprentissage.

Lorsque la demoiselle Caillet eut passé quatre ans auprès de cette dame, alors âgée de quarante, celle-ci tomba malade, et, depuis ce moment, sa santé se dérangea de jour en jour. Sa poitrine fut violemment attaquée ; elle souffrait de fréquentes suffocations, de sorte qu’elle fut hors d’état de travailler, et de se livrer à aucune occupation sérieuse.

Le fardeau de l’établissement et des soins du ménage fut entièrement supporté par la demoiselle Caillet, qui eut encore à rendre à sa maîtresse malade les services que sa situation exigeait.

Comme la maladie se prolongea longtemps, il arriva une époque où la dame Dacornier n’eut plus de quoi suffire à ses besoins ; tout ce qui annonçait l’aisance dans la maison disparut, et fit place à la misère. La demoiselle Caillet n’était point découragée par les peines qu’elle prenait, ni par les sacrifices qu’elle était obligée de s’imposer journellement ; elle ne quittait le travail que pour soigner la malade, et elle était souvent obligée de se lever pendant la nuit pour être auprès d’elle, et lui procurer les soulagements que son état permettait.

Durant les huit mois qui ont précédé sa mort, arrivée au mois de décembre dernier, la malade n’a jamais quitté son lit ; la demoiselle Caillet ne voulut pas consentir à ce qu’on la mit à l’hospice, épuisa ses propres ressources, et mit ses effets en gage pour subvenir aux dépenses nécessaires.

Ce qui met le comble à tant de dévouement, c’est qu’il n’a pas duré quelques semaines, quelques mois, mais plus de douze années consécutives, sans que la demoiselle Caillet ait ralenti son zèle un seul instant.

 

La troisième action qui a mérité un prix est celle de la femme du nommé Jacquemin, porteur d’eau, rue des Quatre-Fils, au Marais, n° 17, née à Monsigni-le-Roi, département de la Meuse, âgée de quarante ans. J’ai cru que je ne pouvais rien faire de plus intéressant pour cet auditoire, que de rapporter textuellement le récit qui a été envoyé par M. le curé de Saint-Jean-Saint- François.

 

RÉCIT DE M. LE CURÉ DE SAINT-JEAN-SAINT-FRANÇOIS.

La femme du nommé Jacquemin, porteur d’eau, demeurant n° 17, rue des Quatre-Fils, au Marais, père de trois enfants, dont un de cinq ans, muet et impotent, ne gagnant que trente-cinq à quarante sois par jour, vint, il y a quelques jours, solliciter des secours pour une femme indigente, infirme, privée de deux doigts, et hors d’état de gagner sa vie.

– Où demeure cette femme ? lui dis-je.

– Chez nous.

– Depuis quand ?

– Dix mois, le onzième commence.

– Que vous paie-t-elle par mois ou par jour ?

– Rien.

– Comment rien ?

– Pas de quoi mettre dans l’œil.

– Elle est au comité ?

– Oui, et moi, j’y suis aussi, et j’ai le pain de mes enfants. Depuis qu’elle est avec nous, j’allonge la soupe, elle la mange avec nous.

– Vous n’avez pas le moyen de faire ce sacrifice; au moins elle vous a promis qu’un jour ou l’autre elle vous dédommagerait ?

– Elle ne m’a promis et ne me promet que ses prières.

– Votre mari ne murmure-t-il pas ?

– Mon mari parle peu, il ne dit rien, il est si bon !

– Ne va-t-il pas au cabaret ?

– Jamais. Il travaille et se tue pour ses enfants.

– Il est porteur d’eau au tonneau?

– Non, monsieur, à la brasse.

– Depuis dix mois, c’est bien long.

– Elle était dans la rue, m’avait demandé asile pour deux ou trois jours, et Jacquemin et moi, nous n’aurions pas le cœur de la mettre à la porte. Il dit d’ailleurs qu’il faut faire aux autres comme à nous.

– Mais, ma bonne femme, de quoi est composé votre logement ?

– De deux chambres.

– Combien le payez-vous ?

– Je le payais cent vingt francs ; on m’a augmenté de vingt francs ce qui fait huit sois par jour.

– Mais il me semble que c’est pour vous que vous devriez demander des secours ?

– Je vous ai déjà dit, monsieur le curé, que j’ai le pain de mes enfants ; je ne demande rien ; grâce à Dieu, aussi longtemps que mon mari et moi pourrons travailler, je rougirais d’importuner personne pour nous.

– Eh bien, ma bonne femme, voici dix francs pour.

– Que la pauvre madame Pétrel va être heureuse. Des larmes de joie coulent des yeux de cette femme charitable; c’est à elle que je voulais donner ces dix francs je la laissai dans l’erreur elle était si honorable pour elle !

– Allez dire à la veuve Pétrel, qui vous est si redevable, de me présenter deux pétitions, l’une pour M. le grand-aumônier, et l’autre pour demander une place dans un hospice, à M. le préfet ; je les apostillerai.

On apprendra, sans doute, avec intérêt que la veuve Pétrel a été placée dans un hospice.

Plus de dix mois de soins, d’asile et de nourriture, donnés sans espoir de récompense par l’indigence laborieuse à l’indigence abandonnée, ont paru dignes de récompense, et d’être proposés en exemple.

 

J’arrive à Marie CARTIER, née à Joué

Marie Cartier, née à Joué, département d’Indre-et-Loire, âgée de trente-deux ans, demeurant à Paris, rue Pot-de-Fer, n° 5, chez madame Suzanne Veron Leblanc, veuve Allot, est depuis dix-sept ans au service de cette dame, qui, ayant perdu une fortune considérable qu’elle possédait dans les îles, a constamment reçu et reçoit encore de la part de Marie Cartier les soins les plus désintéressés et les plus touchants.

Insensible à toutes les propositions avantageuses qui lui ont été faites souvent, Marie Cartier a préféré de partager le sort pénible de sa malheureuse maîtresse, et n’a jamais voulu s’en séparer, lui a rendu ce qu’elle avait gagné à son service, et non-seulement elle l’a continué sans retirer aucun gage, mais encore, pour la secourir, a successivement mis au mont-de-piété ses propres effets qui ont été perdus, parce qu’elle n’a pas eu le moyen de les retirer.

Pour fournir aux besoins de sa respectable maîtresse, elle travaille souvent, soit à blanchir le linge de diverses personnes, soit à faire le ménage de quelques autres, et se trouve ainsi heureuse d’offrir à sa maîtresse le produit de son travail.

Ce dévouement qui date de loin, qui dure encore et qui n’a jamais été interrompu par le moindre murmure, par le moindre refroidissement, a paru à l’Académie d’autant plus intéressant et d’autant plus digne d’être récompensé, qu’on prévoit aisément quel usage fera du montant du prix décerné; cette vertueuse domestique d’une personne que recommandent ses malheurs et les qualités qui ont motivé un semblable attachement, un dévouement aussi long et aussi entier. Sans doute que les personnes capables de ces divers actes de vertu auraient pu être capables d’en faire de plus difficiles encore ; mais en jugeant d’âpres le seul exposé des faits, l’Académie a préféré celui que vous allez entendre.

 

Pierre-François-Joseph BÉCARD, né à Estaire (Pas-de-Calais), âgé de soixante-huit ans, était domestique du marquis de Stinfort, qui fut emprisonné à Arras, et qui périt victime de la révolution.

Après la mort de son maître, il s’était fait marchand ambulant de quincaillerie.

Arrivé à Paris en 1816, il y fit d’abord le commerce de vendre dans les rues de petites chaînes d’acier et des mouchoirs.

Pendant que le marquis de Stinfort était détenu à Arras, Bécard avait eu occasion de connaître la dame de Chavilhac, née en Belgique, dont le mari chef de bataillon et chevalier de Saint-Louis, se trouvait aussi en prison elle s’y était elle-même enfermée volontairement pour ne pas se séparer de lui.

Devenue veuve en 1812, elle sollicita longtemps le payement de sommes dues à son mari, mais en vain : elle se rendit enfin à Paris dans l’espoir d’y poursuivre avec plus de succès ses réclamations efforts inutiles. Privée de tout appui, n’entendant guère la langue française, elle avait épuisé ses ressources, lorsque Bécard la rencontra ; et, comme tous deux étaient à peu près du même pays, et qu’ils parlaient la même langue, la dame de Chavilhac lui fit confidence de ses malheurs Bécard en fut touché ; il lui rendit tous les services qui étaient alors en son pouvoir, en tirant un parti avantageux des effets qu’elle était obligée de vendre pour subsister. Bientôt, dénuée de tout, elle passait les jours et les nuits dans les larmes, cachant son affliction et sa misère. Par surcroît de malheur, sa vue s’affaiblit à tel point, qu’elle fut hors d’état de faire aucun travail.

Bécard, qui gagnait à peine de quoi subsister lui- même, s’empressa de l’aider de ses faibles moyens et, comme elle eût rougi de se faire inscrire au bureau de charité, il s’y fit inscrire pour elle. Il mangeait le pain bis qu’il recevait, et achetait du pain blanc pour la dame. Que ne peut la pitié pour le malheur, quand elle est bien profonde Dans le dessein de se procurer des secours plus abondants, Bécard, surmontant toutes ses répugnances, se soumit à demander l’aumône dans une place de Paris; mais ne pouvant, malgré son zèle, soutenir longtemps l’humiliation de la mendicité, il essaya du métier de brocanteur ou marchand d’habits.

Cependant, le 25 décembre 1822, la dame de Chavilhac tomba malade dans la petite chambre qu’elle occupait, rue Saint-Thomas-d’Enfer ; Bécard lui proposa de la veiller durant les nuits ; il les passait sur une chaise. Ce ne fut qu’au bout de trois mois qu’il accepta un matelas qu’une voisine lui offrit et qu’il avait jusqu’alors refusé, dans la crainte de s’endormir et de pas entendre la voix faible de la malade.

Après avoir veillé la nuit auprès d’elle, il partait tous les matins à sept heures, pour vendre ses habits dans les rues, faire ses marchés au Temple; et il priait une voisine de prendre soin de la dame en son absence.

Quelquefois il rentrait dans le courant du jour, soit pour avoir de ses nouvelles, soit pour apporter quelque secours.

Bécard est asthmatique, il a des infirmités ; n’importe, il se condamna aux plus dures privations, et se réduisit à ne prendre soir et matin qu’une soupe faite avec du pain et du gruau.

Sa charité ne se ralentit jamais, bien que les soins devinssent chaque jour plus pénibles par le progrès de la maladie. Il ne parlait à la dame de Chavilhac qu’avec le respect d’un serviteur, exécutant ses volontés sans murmurer, quoique les souffrances qu’elle éprouvait eussent aigri son caractère.

Un jour que cette infortunée lui faisait des reproches sur ce que le matin il partait trop tôt, et le soir il rentrait trop tard, Bécard se contenta de lui répondre : « Si vous étiez riche et que vous n’eussiez pas besoin de moi, je pourrais bien ne pas revenir mais vous êtes pauvre et malheureuse, je reviendrai toujours. »

Dix jours avant la mort de la malade, Bécard, convaincu qu’elle ne pouvait pas rester seule, cessa son petit commerce, et ne la quitta plus.

Elle mourut le 16 mai dernier.

Il lui rendit les derniers devoirs, en accompagnant son convoi; et comme il restait cinq francs d’un secours que monsieur le curé de la paroisse Saint-Jacques avait envoyé, il les reporta, et demanda les prières de l’église pour le repos de l’âme de la défunte.

Fidèle au malheur jusqu’au delà du trépas, Bécard fit ensuite de ses propres mains une croix de bois au bas de laquelle il écrivit le nom de la dame de Chavilhac, et qu’il plaça à l’endroit où elle avait été inhumée.

 

Jusqu’ici, Messieurs, les prix de vertu n’ont été décernés qu’à des habitants de cette capitale ; à l’avenir toute la France sera appelée à concourir. Je finis en faisant remarquer que sur les cinq actions couronnées, quatre appartiennent à ce sexe plus compatissant auquel l’esprit de commisération, dont il est plus vivement pénétré, inspire une force qui semble au-dessus de sa faiblesse. Le temps de nos discordes et de nos désastres a fait voir de quoi il était capable pour secourir l’infortune et la vertu persécutée ; et profitant ici de l’occasion qui se présente de lui payer, au nom même de la religion, un tribut solennel de reconnaissance, je dirai qu’un grand nombre de ministres des autels ont dû la conservation de leurs jours à des héroïnes de charité comme de courage.