Réponse au discours de réception de Jean-Jacques Dortous de Mairan

Le 7 mars 1743

Jacques HARDION

RÉPONSE

De M. HARDION, Directeur l’Académie Françoife, au Difcours M. de Mairan :

 

MONSIEUR,

JE puis reftraindre les fonctions de la place que j’ai l’honneur d’occuper, à vous marquer la joie que nous reffentons unanimenent de vous voir parmi nous. Votre réputation, qui du fein d’une célèbre Académie, s’eft répandue, avec tant d’éclat dans toute l’Europe, ne me laiffe rien à dire pour vanter l’excellence de notre choix ; & vous avez fi bien exprimé le caratère de l’illuftre Académicien à qui vous fuccédez ; cette nobleffe de fentimens qu’infpire celle de la naiffance ; cette imagination vive & brillante dont il avoit confervé tout le feu dans un âge qui paffoit le terme prefcrit pour la durée ordinaire de la vie ; cet enjouement délicat ; ces graces fimples & naïves que nous admirions, foit dans fa profe, foit dans fes vers, & qui firent les délices d’une augufte Princeffe en qui nous refpectons également la fupériorité des lumières & la fineffe du difcernement ; en un mot, dans l’éloge que vous venez de confacrer à la mémoire de M. le Marquis de S. Aulaire, vous avez fi parfaitement rempli notre attente, que j’entreprendrois inutilement d’y ajouter des traits qui vous euffent échappé, & que fi je tenoais d’enchérir, fur l’idée que vous nous avez rappelée de fon mérite, j’aurois à craindre de m’expofer au jufte reproche de l’avoir affoiblie.

Vous vous êtes attaché, MONSIEUR, en finiffant, à nous peindre la douceur de fes mœurs, & cette politeffe aimable qui nous le rendoient fi cher. Une heureufe conformité vous a fourni pour une fi riche peinture les couleurs les plus vraies ; & quel furcroît de fatisfaction pour l’Académie Françoife d’avoir trouvé en vous, MONSIEUR, avec les connoiffances les plus fublimes & les plus étendues, des qualités fi défirables dans les Savans & dans les Gens de Lettres, fi néceffaires dans toutes les Sociétés !

 

Venez donc, MONSIEUR, nous faire part de vos tréfors, & vous enrichir à votre tour de ceux de vos nouveaux Confrères. Venez nous feconder dans l’importante obligation où nous fommes d’employer nos veilles pour célébrer dans ce fage Monarque qui nous gouverne, toutes les vertus qu’on aime dans l’honnête homme, tous les talens qu’on admira dans les grands Rois ; de nous diflinguer entre fes Sujets par le zèle le plus ardent pour fa gloire ; & de faire éclat dans tous les temps les fentimens de reconnoiffance dont nos cœurs font pénétrés pour l’augufte protection dont il honore cette Compagnie.