Dire, ne pas dire

Eric T. (France)

Le 27 mars 2013

Courrier des internautes

J’utilise oralement le terme « vraisemblablement »/« vraisemblable » régulièrement, et l’ai toujours imaginé comme écrit avec deux « S ».

Aujourd’hui je l’ai employé à l’écrit, et tout naturellement j’ai mis 2 « S » pour « vraiSSemblablement ». Mon fidèle correcteur orthographique m’ayant repris, en respectant le dictionnaire de l’Académie (pour ne mettre qu’un seul « S »), j’en arrive à m’interroger sur le pourquoi de ce seul « S ». Est-ce une exception à la prononciation du S entre deux voyelles ?

Y a-t il un historique orthographique qui a mené à cette « aberration » ?

S’agit-il d’une règle qui me soit inconnue ?

Et pourquoi un terme tel que « ressemblance » ne bénéficie-t-il pas du même traitement ?

Eric T. (France, 27 mars)

L’Académie répond

Vraisemblable et ses composés ne prennent effectivement qu’un s qui néanmoins se prononce comme une consonne sourde (-ss-) : il s’agit effectivement d’une exception à la règle orthographique qui s’explique historiquement par la composition du mot.

Vraisemblable est toujours ressenti comme un composé de vrai + semblable (il a été calqué sur le latin verisimilis, de même sens). On l’écrit d’ailleurs vray-semblable ou vrai-semblable (en deux mots) jusqu’à la fin du xviie siècle, date à laquelle apparaît la soudure en un mot.

Mais les autres termes formés sur la même base -semble- prennent bien ss (entre deux voyelles) : assembler, ressembler, dissemblable. Quand la composition du mot est encore présente dans l’esprit des locuteurs, on peut donc observer des distorsions entre orthographe et prononciation : voyez, par exemple, resaler, resaluer à côté de ressentir, ressemer, ressortir. L’orthographe n’a pas été fixée avant la fin du xviie siècle, les mêmes mots pouvaient s’écrire avec un ou deux -s- selon que l’on souhaitait être proche de l’étymologie ou de la prononciation.