Dire, ne pas dire

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Process

Le 6 février 2014

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’anglais process a été emprunté du français processus aux environs de l’an 1300. Lui-même vient du nom latin de même forme processus. Ce dernier est dérivé de procedere, qui a donné le verbe procéder et le nom procédé. Procédé et processus ont des sens voisins et couvrent à eux deux ceux de l’anglais process. Choisissons donc d’employer, en fonction du contexte, l’un ou l’autre et soyons convaincus que la suppression du digramme final -us n’est pas un gage de modernité.

On dit

On ne dit pas

Quel procédé avez-vous utilisé ?

Voici le processus qu’ils ont suivi

Quel process avez-vous utilisé ?

Voici le process qu’ils ont suivi

 

Updater

Le 6 février 2014

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le vocabulaire de l’informatique est un grand pourvoyeur d’anglicismes, qui risquent de s’étendre à la langue courante. Parmi ceux-ci, le verbe updater, emprunté de anglais to update, « mettre à jour, moderniser, améliorer ». Pourquoi ne pas utiliser, en fonction des circonstances, l’un ou l’autre de ces trois verbes ?

On dit

On ne dit pas

Mettre à jour un ordinateur, des fichiers

Actualiser des logiciels

Updater un ordinateur, des fichiers

Updater des logiciels

 

Asap

Le 6 janvier 2014

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Asap est l’abréviation de as soon as possible, « dès que possible ». Cette abréviation, qui est loin d’être transparente, semble cumuler la plupart des vices d’une langue qui cache son caractère méprisant et comminatoire sous les oripeaux d’une modernité de pacotille. L’emploi de formes françaises développées serait plus pertinent et n’aurait pas ce désagréable caractère d’injonction. Et il y a fort à parier que le caractère d’urgence d’une requête pourrait être marqué avec plus d’urbanité et que la réponse ne tarderait pas plus.

On dit

On ne dit pas

Répondre dès que possible

À retourner dès que vous pourrez

Répondre asap

À retourner asap

Scorer

Le 6 janvier 2014

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le nom score est attesté en français dans le monde du sport avec le sens de « résultat » ou « marque » depuis la fin du xixe siècle ; il s’est depuis étendu au monde de la politique. On parlera ainsi du score obtenu par tel parti, tel candidat à une élection. Mais depuis quelque temps est apparu l’étrange verbe scorer que l’on entend malheureusement trop souvent en lieu et place de marquer, que ce soit un but, un panier ou un essai. Il s’agit d’un emprunt abusif à l’anglais to score, et parfaitement inutile car marquer remplit déjà ce rôle.

On dit

On ne dit pas

Il a marqué deux fois

Une équipe qui ne marque plus

Il a scoré deux fois

Une équipe qui ne score plus

 

Flyer

Le 5 décembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Cet anglicisme pourrait facilement être remplacé par « tract » ou « prospectus », mais on pourrait aussi lui préférer, pour services rendus à la démocratie, le terme de « feuille volante ». Évoquons pour cela un point d’histoire trop souvent méconnu. Les philhellènes, qui, au début du xixe siècle, s’employaient à aider les Grecs dans leur combat pour l’indépendance contre la puissance ottomane, agissaient de diverses manières : Lord Byron alla combattre et mourir en Grèce avec une poignée d’hommes que l’on peut considérer comme les ancêtres des Brigades internationales ; d’autres les soutinrent par leurs écrits, parmi lesquels Hugo, Chateaubriand, Lamartine.

Firmin Didot, lui, fit venir à Paris des Grecs qu’il forma au métier d’imprimeur et arma de petits navires, appelés « gaozes », à bord desquels était caché le matériel d’imprimerie qu’il leur avait fourni. Comme ces bateaux faisaient constamment du cabotage, il était plus difficile à la police turque de les repérer, d’arrêter les imprimeurs et de détruire les machines. De port en port on distribuait les tracts imprimés au large, et, en hommage à Firmin Didot, ces imprimeurs clandestins leur donnèrent le nom français de « feuilles volantes ». Notre langue est redevable à la Grèce d’une grande partie de son vocabulaire et en particulier du mot démocratie. Il serait regrettable que nous n’utilisions plus l’expression qu’elle nous avait empruntée quand il s’était agi de lutter pour son indépendance.

 

Look, touch

Le 5 décembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Ces termes ont connu une grande fortune, tant il semble important aux yeux de certains de se donner un air de modernité en empruntant à l’anglais mots et expressions à la mode. Force est pourtant de constater que le français a, pour désigner l’apparence de tel ou tel, une riche palette. On pourra, en fonction des circonstances, parler d’air, d’allure, d’aspect, de dehors, d’expression, d’extérieur ou, pour parler plus familièrement, de gueule, de dégaine, de touche. On profitera de ce dernier mot pour rappeler que c’est de lui qu’est tiré l’anglais touch et l’on puisera dans notre vocabulaire pour remplacer ces deux anglicismes qui – preuve que la mode linguistique, comme la mode vestimentaire, est par essence éphémère – sont d’ailleurs aujourd’hui moins usités qu’il y a quelques années.

 

On dit

On ne dit pas

Il a un air, il a une touche !

Soigner son allure, son apparence

Il a une touch !

Soigner son look

 

Déceptif

Le 7 novembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Déceptif, néologisme tiré de l’anglais deceptive, est un faux ami et c’est à tort qu’on lui donne le sens de « décevant ». L’anglais deceptive signifie en effet « trompeur ». Cet adjectif est dérivé de deception, lui-même emprunté de l’ancien français deception, « tromperie ». Dans les textes médiévaux, on rencontrait certes l’adjectif deceptif et ses dérivés, fréquemment associés à des termes comme faux, traistre, pervers, cauteleux, tricheur, etc., mais ce mot est sorti de notre langue depuis plus de cinq siècles.

On se rappellera qu’aujourd’hui déception signifie « désappointement » et non « tromperie », et que le français a à sa disposition des termes comme décevant ou trompeur qui permettent d’éviter tout malentendu.

 

On dit

On ne dit pas

Un résultat décevant

Une attitude décevante

Un résultat déceptif

Une attitude déceptive

 

Digital

Le 7 novembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’adjectif digital en français signifie « qui appartient aux doigts, se rapporte aux doigts ». Il vient du latin digitalis, « qui a l’épaisseur d’un doigt », lui-même dérivé de digitus, « doigt ». C’est parce que l’on comptait sur ses doigts que de ce nom latin a aussi été tiré, en anglais, digit, « chiffre », et digital, « qui utilise des nombres ». On se gardera bien de confondre ces deux adjectifs digital, qui appartiennent à des langues différentes et dont les sens ne se recouvrent pas : on se souviendra que le français a à sa disposition l’adjectif numérique.

 

On dit

On ne dit pas

Une montre à affichage numérique

Un appareil photo numérique

Une montre à affichage digital

Un appareil photo digital

 

Cash

Le 3 octobre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’anglicisme Cash a la même origine que le français caisse, l’un et l’autre étant issus du latin capsa, d’où vient aussi le nom châsse. Cash, malheureusement, se répand en français où on l’utilise en lui faisant jouer différents rôles : celui d’adverbe dans des expressions comme payer cash, celui de nom dans avoir du cash et, enfin, celui d’adjectif dans être cash. Le français a des équivalents pour ces différentes expressions, qu’il serait dommage de ne pas employer.

On dit

On ne dit pas

Payer comptant

Avoir des espèces ou, familièrement, avoir du liquide

Être d’une franchise un peu brutale

Payer cash

Avoir du cash

Être cash

 

Dédicacer pour dédier ou consacrer

Le 3 octobre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le verbe Dédicacer signifie « pourvoir d’une dédicace » ou « adresser, offrir avec une dédicace ». On ne doit donc pas donner à ce verbe les sens de « dédier, consacrer », qu’il n’a plus depuis le xve siècle. C’est malheureusement une faute qui tend à se répandre à cause d’une confusion avec l’anglais to dedicate qui, lui, a conservé les sens de dédier et de consacrer.

On évitera aussi la faute qui consiste à employer absolument le participe dédié.

 

On dit

On ne dit pas

Une journée dédiée aux lépreux

Consacrer une église

Consacrer sa vie à la recherche

Du matériel affecté à tel usage

Une journée dédicacée aux lépreux

Dédicacer une église

Dédicacer sa vie à la recherche

Du matériel dédié.

 

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