Le 6 avril 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Au début des années 1970, les mouvements écologistes commencèrent à se structurer. Ce fut particulièrement le cas en Allemagne, qui vit la naissance des Grünen, « les Verts ». De nombreux pays adoptèrent alors, après l’avoir traduit, ce nom et adjectif. Il existe ainsi un parti vert européen, qui regroupe nombre de partis nationaux. On trouve les Groen en Belgique néerlandophone, les Zelenite en Bulgarie, Iniciativa per Catalunya verds en Catalogne, les Prasinoi en Grèce, Comhaontas glas (ou Green party) en Irlande, la Federazione dei Verdi en Italie, les Gréng au Luxembourg, le Partidul verde en Moldavie et en Roumanie, les Grœne en Norvège, les Groenen aux Pays-Bas, les Zieloni en Pologne, le Green Party en Angleterre, Zelenaya Alternativa (Alternative verte) en Russie, Strana Zelenych en Slovaquie et en République tchèque, les Gröna en Suède, et le Partija Zelenykh en Ukraine. Cette liste nous permet de faire un peu de grammaire comparée et de noter qu’il existe trois racines principales pour dire « vert » : une racine latine ver-, une racine germano-nordique en gr- et une racine slave en zelen- (sans oublier le grec prasinos, signifiant proprement « qui a la couleur d’un poireau »).
Force est donc de constater qu’il est possible d’utiliser cet adjectif dans sa propre langue et l’on se demande pourquoi un organisme officiel français, dont une des tâches consiste à se battre pour la diversité, utilise sur son site l’expression Green tech, à laquelle il ajoute, de plus, un étrange et redondant verte pour évoquer « la technologie verte » !
Le 6 avril 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Le nom hospitalité s’emploie en français au singulier. Il désigne le lien de réciprocité qui existait entre des personnes, des familles ou des villes de l’Antiquité en vertu duquel on rendait à un hôte l’hébergement qu’il vous avait accordé. Il désigne aussi et plus couramment le fait d’offrir à ses hôtes le vivre et le couvert, et la grâce que l’on met à le faire. Les locutions anglaises hospitality room ou hospitality suite, désignant un salon de réception où l’on sert des rafraîchissements lors de quelque manifestation, ont visiblement donné naissance à un surprenant néologisme, hospitalités. On commence en effet à entendre et lire ce terme ici ou là, dans des dépliants publicitaires qui vantent les offres de restauration ou d’hébergement d’un lieu pour inciter le public à s’y rendre. On évitera de recourir à cet anglicisme et on lui préfèrera des périphrases plus éclairantes et plus conformes au génie de notre langue.
on dit
|
on ne dit pas
|
Le site dispose de nombreuses possibilités de restauration et d’hébergement
Les prestations concernant le logement, la restauration des clients
|
Le site dispose de nombreuses hospitalités
Les prestations d’hospitalités
|
Le 2 mars 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Il existe maintenant des enseignements de tous ordres faisant appel à des moyens de communication électroniques. On les regroupe sous le nom de « formation en ligne ». Cette locution rend précisément compte de ce que peuvent être ces nouveaux types de formation ; il est donc parfaitement inutile de lui substituer l’anglicisme e-learning. Et cette substitution est d’autant plus regrettable qu’il arrive fréquemment que les personnes à qui l’on propose ces formations ne maîtrisent pas l’anglais. Faut-il rappeler encore que nommer en anglais ce qui a un nom français n’améliore pas la qualité de ce que l’on nomme, et que le faire devant un public non anglophone est une marque de mépris envers ce public ou, à tout le moins, de grave ignorance de ce qu’il est. On évitera aussi, autant qu’il est possible d’utiliser tous ces néologismes mal venus, construits à l’aide du préfixe très productif e-, signifiant « électronique », comme e-commerce, e-sport, etc.
Le 2 mars 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Made for sharing. Pierre de Coubertin, reviens, ils sont devenus fous
Nous avons publié récemment la lettre d’un Québécois ayant séjourné à Paris et se plaignant du nombre d’anglicismes qui se lisaient sur les devantures des boutiques. Nous recevons beaucoup de lettres de ce type dans lesquelles nos correspondants, français ou étrangers, déplorent cette mauvaise pratique. Que dire alors du made for sharing destiné à promouvoir la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024 ? A-t-on à ce point honte de notre langue que l’on n’ose l’employer ? Pense-t-on entraîner l’adhésion de tout un peuple à ce projet en refusant de s’exprimer dans sa langue ? N’y a-t-il nul autre moyen, pour se distinguer de son principal concurrent, que de lui emprunter sa langue ? Est-il logique de se dire fait pour partager si l’on ne veut pas communiquer dans sa propre langue ? N’est-ce pas traiter par le mépris tous les francophones étrangers qui aiment cette langue ? N’est-ce pas oublier que l’article 24 de la Charte olympique précise que les langues officielles du Comité international olympique sont le français et l’anglais ? N’est-ce pas oublier que les jeux modernes furent restaurés par un Français ? Pierre de Coubertin, reviens…
Voyez aussi sur notre site (www.academie-francaise.fr) le communiqué de l’Académie française du 16 février 2017 à ce sujet.
Le 2 février 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
L’anglais a emprunté du français le mot poule, non pas avec le sens de « gallinacé » mais avec celui d’« ensemble des sommes mises en jeu dans quelque compétition », et en a fait le nom pool. La forme anglaise a par la suite également désigné un groupement d’États ou d’entreprises travaillant ensemble pour parvenir à des objectifs communs. On a ainsi parfois appelé la Communauté européenne du charbon et de l’acier le Pool du charbon et de l’acier et, dans les années 1960, l’union de pays occidentaux visant à réguler le cours de l’or et du dollar fut nommée le Pool de l’or. Ces deux locutions sont entrées dans l’histoire et on les conservera, mais on évitera, en économie particulièrement, d’employer pool, auquel on préfèrera des noms comme consortium, entente, groupement, etc.
on dit
|
on ne dit pas
|
Le consortium du nickel, du cuivre
Un groupement d’éditeurs
|
Le pool du nickel, du cuivre
Un pool d’éditeurs
|
Le 2 février 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Le nom self-service est apparu aux États-Unis après la Première Guerre mondiale et en France après la Seconde. Plusieurs formes ont été proposées pour remplacer cet anglicisme : auto-service, dont l’usage n’a pas voulu, et libre-service, qu’il convient d’employer plutôt que self-service ou sa forme abrégée, self.
on dit
|
on ne dit pas
|
Une station d’essence en libre-service
Un restaurant en libre-service
|
Une station d’essence en self-service
Un restaurant en self-service
|
Le 5 janvier 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Être au top, être dans le top cinq
La forme anglaise top peut être nom, adjectif ou verbe. Elle signifie, suivant les cas, « sommet », « élevé » ou « surmonter ». Le nom anglais top se rencontre dans la locution composite au top, un hybride qui ne dit rien de plus qu’« au sommet ». Quant à la forme être dans le top cinq, elle ne diffère en rien, pour le sens, de la locution « être dans les cinq meilleurs ». On trouve d’autres tournures avec cet anglicisme ; toutes ont des équivalents français qu’il serait dommage de laisser inemployés.
on dit
|
on ne dit pas
|
Faire partie des trois meilleurs
C’est très bien
C’est formidable
|
Être dans le top trois
C’est top
C’est top génial
|
Le 5 janvier 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Relevant au sens de Pertinent
L’adjectif anglais relevant est attesté depuis le xvie siècle. Il signifie, en fonction du contexte, « qui se rapporte à, applicable à » ou « utile, pertinent ». Ce sont ces formes qui doivent être employées en lieu et place de cet anglicisme.
On ne dira donc pas tout document relevant, mais tout document utile ; une réponse relevante, mais une réponse pertinente. On rappellera bien sûr que le participe présent du verbe relever au sens d’« être du ressort de » est d’un emploi parfaitement correct : une affaire relevant du droit maritime.
Le 1 décembre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Label
Le terme label est issu, par l’intermédiaire de l’anglais label, « étiquette », de l’ancien français label, qui désignait un ruban et qui est également à l’origine de notre lambeau. Label, au sens de « marque distinctive », est bien ancré dans l’usage en droit, domaine où il garantit qu’une entreprise respecte les conditions de travail définies par la loi (label syndical) et dans le monde du commerce où il peut certifier l’origine, la qualité d’un produit (label de conformité, d’origine) : on évitera de lui donner le sens trop étendu de marque et surtout de l’employer au figuré au sens de signature, étiquette ou caution, tout particulièrement dans le domaine politique.
on dit
|
on ne dit pas
|
Les éditeurs de musique indépendants
Une nouvelle marque de vêtements
Ce projet porte la signature d’Untel
Se présenter à une élection sous telle ou telle étiquette, sans aucune étiquette
|
Les labels de musique indépendants
Un nouveau label de vêtements
Ce projet porte le label d’Untel
Se présenter à une élection sous tel ou tel label, sans aucun label
|
Le 1 décembre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Relooker
Nous avons évoqué il y a quelque temps, dans cette même rubrique, le nom look. Il convient maintenant de nous attaquer au verbe qui en est dérivé, relooker, un intéressant cas linguistique, fruit des amours monstrueuses d’un verbe anglais et d’un préfixe itératif, et parfois intensif, français. Ce verbe est assez souvent lié à une injonction plus ou moins voilée : il convient de relooker un intérieur, un curriculum vitae, son apparence, voire de se faire relooker. Rappelons que le français dispose de verbes et expressions comme modifier, refaire, donner une apparence nouvelle, etc., qui nous permettent de nous passer aisément de cet anglicisme.
on dit
|
on ne dit pas
|
Les bureaux ont été refaits, réaménagés, rafraîchis
Il a changé d’apparence, de style
|
Les bureaux ont été relookés
Il a été relooké, il s’est relooké
|
Pages