Réponse au discours de réception du comte de Guibert

Le 13 février 1786

Jean-François de SAINT-LAMBERT

Réponse de M. de Saint-Lambert
au discours de M. le comte de Guibert

DISCOURS PRONONCÉ DANS LA SÉANCE PUBLIQUE
le lundi 13 février 1786

PARIS PALAIS DU LOUVRE

 

 

Monsieur,

Depuis long-temps l’Académie vous regardoit comme un des hommes qui devoient la consoler un jour de ses pertes les plus sensibles. Vous avez toujours aimé les Lettres, & vous les avez cultivées avec succès ; vous étiez né avec trop d’imagination pour ne pas sentir leurs charmes : mais malgré les illusions dont elles enchante la jeunesse, vous leur avez préféré les études qui convenoient le plus à votre état ; au lieu d’ajouter au trésor des richesses littéraires dont la France est comblée, vous vous êtes rendu capable de lui donner un Livre qui manquoit à notre Nation, & peut-être à toutes les autres : maître de choisir entre deux genres de gloire, vous avez choisi celle qui pouvoit être la plus utile.

Sans doute les leçons et les exemples d’un père respectable ont dirigé vos premiers pas ; il a fortifié en vous cet amour des devoirs qui a conduit sa vie entière : il recueille aujourd’hui le prix de ses vertus, il voit les vôtres ; & pour prix de ses services, il a le bonheur de rendre heureuse la vieillesse de ces braves Guerriers avec lesquels il a combattu.

C’est lui qui vous a transporté dans les camps au sortir de votre enfance : à peine avez-vous vu la guerre, que vous avez formé le dessein d’en faire une étude approfondie : vous vous êtes livré avec joie à tous les genres de fatigues dont il pouvoit résulter une leçon ; vous n’avez pas laissé échapper l’occasion de vous trouver aux actions qui pouvoient vous instruire. Cette ardeur à chercher des connoissances & des dangers, vous a fait bientôt une juste réputation : & dès-lors vous vous êtes attaché avec passion à l’espèce de gloire qui s’offroit à vous la première.

Le moment où vous êtes entré au Service étoit celui d’une révolution : elle a été l’ouvrage d’un Roi qui a créé, pour ainsi dire, ses armées, ses généraux, & l’art de la guerre ; il a dû à son génie une suite de victoires que le nombre, la puissance & la valeur de ses ennemis ont à peine interrompue.

Frappé des succès de ce grand capitaine, vous avez cherché les moyens par lesquels il les avoit obtenus, & vous les avez fait connoître dans un système complet de Tactique.

Vous établissez ce système sur les principes les plus simples & les moins contestés ; après avoir démontré que ce doivent être le choix, l’éducation, l’état du soldat, la composition, l’ordonnance, les évolutions, les mouvemens, les armes de l’Infanterie & de la Cavalerie ; après avoir dit l’usage qu’on doit faire des troupes légères & de l’artillerie, vous développez le système de cette grande tactique connue autrefois des capitaines de la Grèce les plus célèbres, mais dont on avoit perdu la théorie.

Cet Ouvrage est précédé d’un Discours où vous jetez un coup d’œil rapide sur l’état militaire de toutes les Nations, & vous voyez dans les bonnes ou les mauvaises administrations, les causes de sa perfection ou de ses défauts. Ce Discours, plein de vues & de connoissances méditées, est écrit avec toute l’éloquence qui convient au sujet.

Quand vous avez composé votre Livre, Monsieur, ce livre regardé aujourd’hui comme l’un des meilleurs sur l’Art de la Guerre, vous aviez vingt-quatre ans : il obtint les suffrages les plus estimables, & ce qui les vaut tous, celui du Roi de Prusse. Quelques lecteurs, qui confondoient l’expérience avec le long cours des années, supposèrent que vous ne pouviez avoir les lumières qu’elle seule peut donner : mais l’expérience est l’effet de l’emploi du temps, & non de sa durée. Le jeune Guerrier amoureux de son métier & de la gloire ; qui, dans la guerre, toujours inspiré par sa noble passion, toujours éclairé par la raison, voir, observe, médite, & combat ; celui qui, pendant la paix, parcourt nos frontières pour y voir les terrains sur lesquels Turenne, Condé, Luxembourg, Maurice, ont fait mouvoir leurs armées, ont préparé & remporté des victoires ; celui qui, après avoir vu dans le même esprit la Saxe, la Bohême, la Silésie, se rend aux camps de Postdam, y voit les manœuvres & y entend les ordres du plus grand des capitaines ; celui qui passe les jours de son repos à lire César, & qui se transporte avec les Historiens aux champs de Leuctres & de Mantinée :voilà celui qui a de l’expérience.

Dans vos différens Ouvrages, tous les lecteurs ont aimé votre style, qui est par-tout simple, clair, facile, noble, & animé ; on y a remarqué des lumières nouvelles jetées sur les matières les plus connues. Vous montrez en même temps le courage de douter, & celui de faire tomber les barrières du préjugé, par-tout où elles s’opposent à votre marche. Vous avez une excellente méthode, le talent de bien lier les différentes parties du système, de les appuyer l’une par l’autre, celui d’analyser vos idées avant de vous élever aux vérités générales ; enfin cet esprit philosophique qui peut embrasser avec succès tous les genres, dont la raison doit être le mérite principal.

Mais, Monsieur, la Nature vous a donné un autre talent ; qui a fait quelquefois le charme de vos loisirs & des nôtres, & que vous rendez respectable par l’emploi que vous en savez faire. Dans l’un de vos Poëmes, vous inspirez ce noble asservissement aux lois que l’honneur s’impose à lui-même, le devoir d’être fidèle à ses engagemens & à son Prince, celui de protéger le foible, enfin, cet esprit de Chevalerie qui élevoit & fortifioit les ames, & qui tenoit lieu, en quelque sorte, de bonnes Lois, si quelque chose pouvoit jamais remplacer les bonnes Lois. Dans un autre Poëme, vous peignez ce moment de la République Romaine, où la tyrannie patricienne préparoit le Peuple à l’Anarchie : vous y défendez, avec la sensibilité la plus touchante, la cause abandonnée de la justice & du pauvre.

Continuez, Monsieur, de faire servir l’Éloquence de la prose & des vers à faire aimer aux hommes ce qu’ils doivent aimer, à leur faire craindre le vice & la langueur de l’ame ; tirez nos esprits du sommeil qui menace de les engourdir. Le Philosophe, environné de l’indifférence universelle pour le bien public, y reste sensible ; il essaye de détruire des erreurs ou des abus funestes, de relever les mœurs, d’animer les esprits ; il est révéré des âges suivans, il l’est même de ses contemporains, & les regrets & les éloges des hommes éclairés le suivent dans la tombe.

Eh ! Monsieur, les applaudissemens dont cette salle vient de retentir au nom de M. Thomas, ne vous ont-ils pas dit combien les hommes éclairés chérissent la mémoire de ceux dont les talens ont servi la vertu ? Sans doute cette Assemblée applaudissoit à votre éloquence ; mais elle étoit attendrie par le souvenir de l’Auteur illustre dont vous lui rappeliez tous les genres de mérite ; elle y goûtoit ce plaisir noble & pu d’entendre un homme, dont elle estime le caractère & les talens, louer un homme éloquent & vertueux ; elle mêloit à vos hommages & à vos regrets, ses regrets & ses hommages ; elle aimoit à s’entretenir avec vous des travaux & des mœurs d’un Sage à qui elle a dû de l’instruction, des exemples, & des plaisirs. Ces applaudissemens ont été la voix de la reconnoissance, & ils annonçoient le jugement de la Postérité.

J’ajouterai, Monsieur, au bel éloge que vous venez de faire de M. Thomas, quelques faits & quelques réflexions qui ont dû échapper à ceux qui l’ont peu connu.

Il perdit son père lorsqu’il étoit encore dans la première enfance ; mais il eut le bonheur d’être élevé par une mère digne de présider à l’éducation d’un homme vertueux. Il apprit d’elle à préférer ses devoirs à tout, à ne pas se trouver malheureux de n’être pas riche. La Nature secondoit en lui de si belles leçons ; & c’est à elle, autant qu’à la réflexion, qu’il a dû sa philosophie. Ceux qui l’ont connu dans sa jeunesse, n’ont pas été surpris qu’il ait adopté les principes de cette secte sublime qui ressuscita quelques vertus dans la Grèce & l’Italie corrompues, & fit admirer des Traséas & des Helvidius sous le despotisme des plus vils Empereurs. En commençant à vivre avec ses contemporains, M. Thomas fut étonné des mœurs de son siècle ; il vit que pour conserver les siennes dans leur pureté, il falloit borner ses besoins, & que pour conserver son repos, il ne falloit pas porter dans le monde ce zèle pour l’ordre & pour le bien public, qui en inquiète toujours les ennemis. Sénèque, Tacite, Plutarque, Corneille, furent sa société favorite ; il prit dans leur commerce l’amour de la gloire & l’habitude de ce plaisir d’admirer, qui le préserva toujours de l’envie. Ses succès dans ses études firent penser à sa famille qu’il pourroit se distinguer au Barreau : mais l’amour des Lettres le poursuivit au milieu des formes de la Jurisprudence. Tantôt il commençoit une Tragédie, tantôt il terminoit une Ode ; il s’essayoit dans l’Épopée, il composoit des harangues ; ses amis étoient charmés de ses essais, & dans l’âge où le talent doute si peu de lui-même, il entrevoyoit la gloire.

Il étoit enivré de ses espérances, lorsque sa mère vint le trouver & lui reprocher d’oublier l’étude des Lois. Comment pouvoit-il négliger les moyens de parvenir à une fortune qu’il auroit partagée avec elle & avec ses autres enfans ? Elle versa quelques larmes. M. Thomas les vit couler. Il rassembla tous ses Ouvrages, il les jeta au feu en présence de sa mère, & les vit brûler en fondant en larmes. IL n’a jamais fait de sacrifice qui lui ait autant couté. Mais il a dit, & il faut l’en croire, que le souvenir de cette action avoit été, pendant toute sa vie, le plus délicieux de ses souvenirs.

Sa mère lui permit depuis de se livrer à ses goûts ; mais il eut d’autres occasions de sacrifier encore à la vertu, l’espoir d’une grande réputation, & il ne les laissa point échapper. On l’a vu même se refuser les dépenses nécessaires au rétablissement de sa santé, pour faire élever à Paris un jeune homme qui promettoit des talens.

On peut croire que si M. Thomas savoit sacrifier à la vertu ; & des Ouvrages qu’il estimoit, & cette santé sans laquelle il ne pouvoit mériter la gloire, il lui en couta peu de lui sacrifier les honneurs & l’espérance d’une fortune.

On l’avoit placé dans un poste honorable auprès d’un Ministre qui lui marquoit de la confiance & même de l’amitié ; mais ce Ministre attribua une plaisanterie qui répandoit du ridicule fut sa société, à un homme de Lettres, aujourd’hui l’un des Membres les plus illustres de cette Académie. M. Thomas étoit son ami, & connoissoit son innocence ; on en pouvoit donner des preuves ; mais il auroit fallu perdre les vrais auteurs de la plaisanterie, & l’ami de M. Thomas ne put y consentir. Le Ministre, pour empêcher d’entrer à l’Académie un homme de Lettres dont il croyoit avoir à venger sa société, voulut engager M. Thomas à demander une place qui vaquoit ; il ne put l’y déterminer, & fut mécontent : il ne renvoya pas M. Thomas, si c’est ne pas renvoyer l’homme de bien qu’on a aimé, que de le traiter avec indifférence. M. Thomas demanda la permission de se retirer.

Depuis ce moment, il craignit plus les Protecteurs que la pauvreté. Il sembloit croire qu’on le lui offroit des services que pour le corrompre ou pour l’asservir, & il pensoit que pour conserver l’équité dans ses jugemens & dans sa conduite, il falloit rester libre. Il est depuis des amis puissans, dont les services, qu’il ne sollicita jamais, lui procurèrent une aisance qui suffisoit à sa frugalité, mais qui ne suffisoit pas toujours à sa bonté. Des actions vertueuses n’étoient pas des saillies, parce que ses vertus étoient des habitudes. C’est dans le cours entier de sa vie qu’on l’a trouvé juste, noble, désintéressé, bienfaisant, soumis à tous les devoirs d’homme, de parent, de citoyen, & d’ami.

Il ne fut jamais d’aucun parti, à moins qu’on ne donne ce nom à un nombre d’hommes qui, souvent inconnus les uns aux autres, sont naturellement les ennemis des détracteurs du mérite & de tous les genres d’oppresseurs, qui, sans se communiquer leurs sentimens & leurs pensées, sont persuadés des mêmes vérités, & font les mêmes vœux pour les progrès de la raison.

Si M. Thomas ne montroit pas toujours dans l’amitié une extrême sensibilité, il y portoit toutes les attentions, tous les soins qu’on peut attendre d’un esprit fortement occupé ; son commerce étoit égal : son ame pure ne craignoit pas de se laisser voir ; mais elle s’épanchoit rarement. Il avoit un ton de décence qu’il ne devoit pas à l’usage du monde, mais à l’élévation de son ame ; sa vie ordinaire, ses manières, ses expressions avoient de la dignité : il dédaignoit ces louanges & ces hommages que la vanité recherche avec tant d’empressement & si peu d’art ; il ne connut pas les petites passions, & il a même échappé à ces goûts, à ces foiblesses qui ont été si souvent accompagnées des vertus & de la gloire : c’est l’amour de la liberté, l’amour de l’ordre, de la Patrie, de la vertu, de la gloire enfin, qui ont été les passions de M. Thomas.

C’est à son caractère qu’il a dû le genre, les beautés, & même les défauts de ses ouvrages. Quel sujet pouvoit tenter l’adorateur du mérite autant que l’éloge des grands Hommes ? Quel devoit être le plus beau de ses éloges ? Celui du Héros dont la philosophie & les mœurs avoient tant de rapports à ses mœurs & à ses principes, celui de Marc-Aurèle. C’est son ame qui a imprimé à son style cette élévation continue qu’on lui a reprochée. Le désir de donner à l’homme le sentiment de sa dignité & de ses droits, de faire naître l’amour de la gloire, de soumettre par-tout la force à la raison, de censurer l’injuste libéralité des Cours & leur faste puéril, de rappeler le règne de la justice, devoient souvent ramener en lui les mêmes idées, lui dicter les mêmes tours, lui inspirer le même ton. Mais qu’il est difficile de soutenir ce ton avec autant de noblesse ! Quel homme, dans ce siècle, a donné autant de dignité à la philosophie ? On lui a reproché de n’être pas naturel, parce qu’il ne ressemble à rien de ce qu’on a vu : il n’a ni l’éloquence de Cicéron, ni celle de Bossuet ; mais il a peut-être celle qui auroit convenu à Caron d’Utique : il n’a point ce caractère national, ce caractère françois, dont on reconnoît l’empreinte dans les Ouvrages de nos meilleurs Écrivains ; ses sentimens & son style sont à lui ; s’il ne s’abandonne pas, s’il ne s’élance jamais, si sa marche est égale, elle est rapide, & on le suit sans s’arrêter. S’il est des Écrivains qu’on aime davantage, parce qu’ils ont l’expression d’une ame plus tendre ; il en est peu qu’on admire aussi souvent : il n’a pas l’éloquence qui s’insinue, mais il a celle qui commande, & on se sent disposé à lui obéir. Il sera cher à jamais aux ames nobles & pures, qui lui rendront toujours une espèce de culte, parce que c’est en rendre à la vertu.

Cette idée est la consolation de ses amis ; mais ils peuvent en recevoir une plus douce encore, c’est de penser qu’il a été heureux. Dans les momens où le souvenir nous rapproche de ceux qui nous étoient chers & que nous avons perdus, nous aimons à nous arrêter sur les instans les plus agréables de leur vie. L’image de leurs plaisirs qui sont passés avec eux, mêle à nos regrets un sentiment doux & tendre, & nous nous associons encore pour un moment au bonheur d’un ami.

La passion de M. Thomas pour les Lettres, l’a fait vivre environné des chef-d’œuvres de l’antiquité & de ceux de notre âge ; elle l’a délivré du poids du temps, & de ces besoins factices, de ces petites passions qui corrompent & tourmentent les hommes ; il a joui toute sa vie de sa conscience & du plaisir de perfectionner sa raison. Peut-être son amour pour la gloire lui a-t-il donné des inquiétudes ; mais elles ont été passagères : ni les critiques, ni une sorte d’indifférence que le Public a eue quelque fois pour quelques-uns de ses Ouvrages, n’ont altéré sa sérénité ; personne n’a mieux distingué que lui l’opinion du moment, de l’opinion durable. La première, dans une ville immense, où l’esprit de société est porté à l’excès, se forme dans une classe de Citoyens qui examine rarement & discute peu : les membres de cette classe, ayant choisi l’imitation comme un moyen de plaire, cherchent à se ressembler par les pensées comme par les manières. Plusieurs d’entre eux sont intéressés à maintenir ou des abus ou des erreurs, & enfin cette opinion est presque toujours l’ouvrage du hasard ou de l’intrigue audacieuse, de la charlatanerie ou des intérêts personnels.

L’opinion durable qui prend sa naissance dans la raison des hommes éclairés, est souvent combattue au moment de sa naissance ; elle trouve par-tout des préventions ou des chimères, des systèmes passagers & de convention : cette multitude qui prononce à haute voix des jugemens que quelques importans lui ont dictés, résiste long-temps à la voix des Sages, même après avoir soupçonné qu’elle leur annonçoit la vérité ; & l’opinion ne devient générale & durable, que lorsque la discussion & le temps ont préparé peu à peu les esprits à marquer aux hommes, aux actions, & aux Ouvrages, la place qu’ils conserveront toujours.

M. Thomas ne prit jamais la vogue pour la gloire ; & le bruit de la mode pour la voix de la Postérité : il eut pour lui les suffrages de ses Concitoyens les plus illustres, ceux de l’Étranger, chez qui ses Ouvrages étoient traduits & admirés, ceux des Voyageurs distingués, qui, avant de quitter la France, vouloient l’avoir vu.

Sa passion pour la gloire a donc contribué à son bonheur ; mais ce qui l’a rendu le plus heureux, c’est le choix de ses amis. Les plus grands charmes de l’amitié sont réservés pour des amis qui marchent ensemble dans la carrière de la vertu, seule carrière où l’émulation ne peut être accompagnée de jalousie, où l’on trouve des compagnons & jamais de rivaux, où ceux qui se rencontrent se tendent mutuellement la main pour s’aider à parvenir ensemble au même but, y jouir mutuellement de leurs perfections, & s’unir plus fortement par des sentimens que la mort seule peut éteindre. M. Thomas avoit mérité l’attachement d’une famille estimable & de ses domestiques, qu’il ne faut pas oublier, puisqu’il les aimoit & qu’il les rendoit heureux. Peu de temps avant de mourir, il a vu la convalescence d’un ami : sa maladie n’a été accompagnée ni d’inquiétude, ni de tristesse ; il a fini plein de confiance en la Divinité, & persuadé que le moment de sa mort étoit celui de sa récompense.