Compliments faits au Roi et à la Reine

Le 13 septembre 1725

Jean-François-Paul LEFÈVRE CAUMARTIN

COMPLIMENTS

Faits à Fontainebleau le 13. Sept. 1725.

Au Roi & à la Reine, au nom de l’Académie Françoise, par M. l’Évêque de Blois, Directeur de l’Académie.

 

AU ROI.

SIRE,

De tous les évènements qui jusqu’ici, ont attiré l’Académie aux pieds de votre Trône, sans doute le plus heureux. Nous ne venons point les yeux baignés de larmes, & pénétrés de la perte du plus grand des Rois, chercher dans un tendre & précieux Enfant, de quoi faire revivre nos espérances. Ce n’est point après l’effroi causé par une maladie subite, pour nous ranimer à la vue des rayons de vie que Dieu fait reluire sur le visage de VOTRE MAJESTÉ. Nous ne venons plus applaudir à des idées, à la vérité flatteuses & agréables, mais dont les fruits ne nous étaient montrés que dans un trop grand éloignement. Nous venons jouir de la vue d’un Monarque, en qui tout promet & garantit ce que nous avons le plus désiré : nous venons admirer la sagesse de son choix : nous venons adorer les ressorts secrets de la Providence qui par des routes si peu connues aux hommes, lui amène comme par la main une Épouse si digne de lui : nous venons assurer VOTRE MAJESTÉ de l’impatience où sont nos Muses de célébrer les suites de votre heureux Mariage, & sur-tout du zèle avec lequel nos Orateurs Chrétiens se proposent d’annoncer à l’Univers la piété de notre auguste Reine.

 

À LA REINE.

MADAME,

L’amour de notre Nation pour ses Rois est connu aux extrémités de la Terre ; & quand fut-il jamais plus heureusement placé ? VOTRE MAJESTÉ calme les alarmes, dont il n’a été que trop souvent agité. Vous maintiendrez ce Royaume dans la possession d’être gouverné par des Héros Chrétiens ; & ceux que nous attendons auront encore un nouveau modèle dans votre auguste Père. Vos discours & vos exemples retraceront sans cesse au Roi votre Époux les pieuses leçons qu’il a reçues d’un de nos Académiciens ; & la vue seule de VOTRE MAJESTÉ sera une preuve subsistante dans cette Cour, que le faîte des grandeurs humaines, qui rend si difficile la pratique de la Religion & des vertus, ne leur est pas inalliable.

L’Académie instruite de l’étendue des connaissances de VOTRE MAJESTÉ, ne cherche point à se définir. Si elle vous présente ici ce que l’Église, l’État, les Armes & la Politique ont de plus grand, elle sait assez que son objet, son travail, son utilité n’ont pu échapper à une éducation comme la vôtre. Dans nos premières années, nous attirâmes l’attention d’une grande Reine, si célèbre par son amour pour les Lettres ; dans la suite LOUIS LE GRAND a bien voulu se déclarer notre Protecteur, & cet honneur nous est continué par son auguste Petit-fils. Entrez en part, MADAME, d’une protection qui nous est si glorieuse ; nous n’oublierons rien pour vous en rendre dignes.