Compliment prononcé à l'Infante Reine

Le 7 mars 1722

Jean-Roland MALLET

COMPLIMENT PRONONCÉ À L’INFANTE Reine,

par M. MALET alors Directeur de l’Académie Françoise.

 

MADAME,

Il semble que l’union de la France & de l’Espagne en assure le bonheur & la tranquillité. Les deux dernières Minorités furent terminées par le Mariage de nos Rois, avec deux Infantes, & la politique des Règnes précédents jugea ces Alliances avantageuses aux deux Couronnes. Depuis que la Maison de France règne sur l’une & sur l’autre Monarchie, les liens du Sang & l’intérêt commun des Peuples, demandaient que cette minorité finît par une double Alliance, qui mît encore une Infante d’Espagne sur le Trône de France. Nos vœux font remplis : & si un Roi jeune, aimable, & qui fait remarquer en lui la majesté & les vertus de son auguste Bisaïeul, est un présage certain de votre bonheur & de votre gloire ; Vous-êtes aussi pour nous, MADAME, un gage assuré d’une union solide entre les deux Nations : celle sur laquelle vous venez régner n’a rien d’étranger pour vous ; ce font, pour ainsi dire, vos Sujets naturels, & vous ne changez de climat que pour rentrer dans votre Patrie. Puissiez-vous, MADAME, par les sages conseils de l’illustre Personne accoutumée à former des âmes vraiment Royales, joindre aux agréments & aux grâces que vous avez reçues de la nature, toutes les qualités & toutes les vertus nécessaires, pour soutenir une grande destinée ; & puisse l’Académie Françoise, en les célébrant un jour, vous donner de nouvelles marques de son zèle & de son profond respect.