Complimens faits à Versailles à l'occasion de la mort de la Reine de Pologne

Le 13 avril 1747

François-Joachim de PIERRE de BERNIS

COMPLIMENS

Faits à Versailles le 13 Avril 1747

Par M. l’Abbé DE BERNIS, Directeur de l’Académie Françoise, à l’occasion de la mort de la Reine de Pologne.

 

AU ROI

SIRE,

Tous vos Sujets, & même vos ennemis, admirent dans VOTRE MAJESTÉ le grand Roi, le Vainqueur généreux, & le Protecteur de la Justice. Permettez, SIRE, à l’Académie Françoise, toujours occupée de votre gloire, d’admirer sur le Trône un Monarque, tendre & compatissant, qui essuie les larmes de sa Famille auguste, qui calme & partage sa douleur, & à qui les liens du sang & les nœuds de l’amitié sont aussi chers que les droits de sa Couronne. Un Héros n’illustre que son siècle ; un Roi sensible fait honneur à l’humanité.

 

À LA REINE

MADAME,

Nous n’osons exprimer à VOTRE MAJESTÉ les sentimens dont nous sommes pénétrés ; un mot peut faire couler de nouvelles larmes. Jugez, MADAME, combien l’Académie Françoise est touchée de vos regrets par la crainte qu’elle a d’en rappeler la cause. Qu’un zèle si pur, que des hommages si sincères puissent consoler VOTRE MAJESTÉ ! Quelque juste que soit votre douleur, nous ferions nos efforts pour la calmer, si nous ne savions pas que le courage est inséparable de la vertu.

 

À MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.

MONSEIGNEUR,

Si nos vœux sont remplis, vous ne verrez plus l’Académie Françoise vous offrir le tribut de sa douleur. Nous espérons, MONSEIGNEUR, ne paroître à venir devant vous qu’animés par la joie, ou conduits par la reconnoissance. Que ne devons-nous pas attendre de vos bienfaits ? Vous accordez aux beaux Arts, en les cultivant vous-même, la protection la plus glorieuse & la plus utile.

 

À MADAME LA DAUPHINE.

MADAME,

Les nœuds sacrés que vous venez de former avec un Prince, l’amour des François, vous rendent propres tous ses sentimens. Vous partagez aujourd’hui ses regrets ; puissiez-vous à l’avenir ne ressentir que son bonheur ! Que sa félicité, MADAME, soit toujours votre ouvrage, comme elle est la source de nos espérances ! La vertu que vous rendez aimable, vous donne des droits éternels sur son cœur, & vous assure à jamais de nos hommages.