Funérailles de M. Lémontey

Le 28 juin 1826

Abel-François VILLEMAIN

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

ACADÉMIE FRANÇAISE.

FUNÉRAILLES

DE M. LÉMONTEY.

DISCOURS DE M. VILLEMAIN,
DIRECTEUR DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE,

PRONONCÉ AUX FUNÉRAILLES DE M. LÉMONTEY,
LE 28 JUIN, 1826.

 

ENLEVÉ par une mort presque soudaine, dans un âge encore peu avancé, M. Lémontey laissera des regrets durables dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu. Homme de bien et esprit original, portant la finesse dans ses écrits, la droiture, la sincérité dans son caractère, il a mérité les suffrages publics et l’affection de ses collègues.

La nouvelle imprévue de sa perte a frappé ses amis d’une vive douleur. Ils ont doublement regretté de n’avoir pas connu son danger si rapide, et assisté ses derniers moments ; car les anciennes amitiés sont la famille de l’homme isolé. Ils ont rappelé avec émotion tout ce qu’il y avait de remarquable dans le talent de M. Lémontey, tout ce qu’il y avait eu d’honorable dans plusieurs époques de sa vie, ses brillants débuts dans la carrière d’avocat et de publiciste, sa modération souvent courageuse dans une de nos assemblées politiques, la fidélité de ses attachements, ses manières douces et sociables, et la piquante énergie de ses ouvrages. Ces premiers témoignages de justice et de douleur sont le meilleur éloge. Il est permis de les répéter, dans ce lieu funèbre qui nous avertit si souvent de la fragilité de la vie, du néant de tout ce qui n’est pas l’ame et la pensée, et du besoin de nous honorer dans ce court passage par quelque chose qui prolonge notre souvenir.