Funérailles de M. Lacretelle aîné

Le 7 septembre 1824

Félix-Julien-Jean BIGOT de PRÉAMENEU

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

ACADÉMIE FRANÇAISE,

FUNÉRAILLES

DE M. LACRETELLE AÎNÉ.

 

Le 7 septembre 1824 ont eu lieu les Funérailles de M. LACRETELLE aîné (Pierre-Louis), Membre de l’Académie Française.

Après le service funèbre, M. le Comte BIGOT DE PRÉAMENEU, Membre et Chancelier de l’Académie, a prononcé le discours suivant :

 

MESSIEURS,

L’Académie n’avait encore jamais éprouvé dans un si court délai des pertes aussi nombreuses ; et c’est dans le deuil où déja la mort impitoyable nous tient si profondément plongés qu’elle nous réunit encore aujourd’hui pour nous séparer à jamais de l’un de nos membres les plus chers, les plus anciens et les plus distingués.

La vie entière de M. Lacretelle aîné a été consacrée aux plus nobles travaux. Il a parcouru avec la même distinction la carrière d’un savant publiciste, celle d’un profond jurisconsulte, celle d’un homme de lettres supérieur dans plusieurs genres. La longue énumération des ouvrages qui transmettront sa mémoire à la postérité vous est connue. Dans ses discours en assemblée politique, dans ses plaidoyers, dans ses œuvres philosophiques, on trouve partout et dans tous les temps l’expression énergique des sentiments qu’inspire la cause sacrée du bonheur public, de la justice, de l’humanité. On peut dire que son ame s’était ainsi élevée à une hauteur d’où les vicissitudes et les coups même d’une terrible révolution n’ont pu la faire descendre. Avec de telles vertus, il fut digne d’être l’ami de Malesherbes ; il eut pour admirateurs tous ceux qui l’ont connu et plus encore ceux qui l’ont suivi dans son intimité.

L’Académie trouverait une consolation dans l’avantage qu’elle a de posséder son respectable frère, si en ressentant la perte de l’un, elle n’avait pas encore à partager l’affliction de celui qui survit. C’est ainsi qu’elle peut donner à ce cher confrère, dans une aussi triste occasion, le témoignage du plus sincère et du plus honorable attachement.