Discours de réception de Jean-Baptiste-Henri de Valincour

Le 27 juin 1699

Jean-Baptiste-Henri de VALINCOUR

M. de Valincour, ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Racine, y est venu prendre séance le samedi 27 juin 1699, et a prononcé le discours qui suit :

ÉLOGE DE RACINE

    

Messieurs,

C’est la coutume de tous ceux qui ont l’honneur d’être reçus parmi vous, quelque distingués qu’ils soient par leur mérite, d’employer toujours une partie de leur discours à vous assurer qu’ils se reconnoissent très-indignes de la grace que vous leur accordez.

Mais ce que tant d’hommes illustres n’ont fait avant moi que par modestie et pour obéir à l’usage , je sens bien que je devrois le faire aujourd’hui par la force de la vérité.

Je crois cependant, Messieurs, qu’il vaut encore mieux que j’essaye, autant qu’il me sera possible, de justifier votre choix, et que c’est le meilleur moyen de vous témoigner ma reconnoissance.

Je le dirai donc, Messieurs, et le dirai avec confiance ; lorsque vous avez jeté les yeux sur moi, vous m’avez connu tel que je suis, dépourvu à la vérité des qualités nécessaires pour mériter d’être assis parmi vous ; mais fort touché de ce qui fait l’objet de vos exercices, et digne, peut-être, d’y être admis, par le désir sincère que j’ai toujours eu d’en profiter.

Le besoin que j’ai de vos instructions vous a fait croire que vous me les deviez, et qu’ayant l’honneur d’être associé à l’un de vos plus illustres écrivains dans l’emploi le plus noble qui puisse jamais occuper des gens de lettres, il étoit de votre zèle, pour la gloire du Roi, de faire au moins tout ce qui dépendoit de vous pour me mettre en état de m’en acquitter dignement.

Ce n’est pas que j’ose me flatter de pouvoir jamais être utile à un si grand maître. Le Roi, il est vrai, lui a accordé le secours qu’il a demandé, et tel qu’il l’a demandé lui-même ; mais ce grand Prince pouvoit-il mieux marquer l’estime qu’il fait des forces de cet habile écrivain qu’en lui donnant un si foible secours ?

Et comment pourroit-il retrouver en moi ce qu’il perd dans l’illustre compagnon de ses travaux ? Vous-mêmes, Messieurs, qui, pour remplir la place de M. Racine, à l’Académie, pouviez choisir entre tout ce qu’il y a de plus excellens esprits dans le royaume, vous avez bien vu, quelque choix que vous fissiez, que vous ne pouviez réparer la perte que vous venez de faire, et désespérant avec raison de trouver jamais un homme capable de remplacer dignement un académicien de ce mérite, vous avez voulu du moins en choisir un qui ayant été lié d’une étroite amitié avec lui durant sa vie, pût vous en renouveller continuellement la mémoire.

Je le ferai, Messieurs, aussi long-temps et aussi souvent que vous me le permettrez ; et si ce n’est avec des paroles dignes de vous et de lui, ce sera du moins avec le zèle et la fidélité d’un homme qui, ayant été près de vingt années son ami de toutes les heures, doit savoir et sentir mieux qu’un autre combien il mérite d’être regretté.

Jamais peut-être personne ne vint au monde avec un plus heureux génie pour les lettres, et cet heureux génie fut secondé par une excellente éducation.

Dès son enfance, charmé des beautés qu’il trouvoit dans les anciens, et qu’il a si bien imitées depuis, il s’enfonçoit tout seul dans les bois de la solitude où il étoit élevé, il y passoit les journées entières avec Homère, Sophocle et Euripide, dont la langue lui étoit déjà aussi familière que la sienne propre, et bientôt mettant en pratique ce qu’il avoit appris de ces excellens maîtres, il produisit son premier chef-d’œuvre dans un âge où l’on compte encore pour un mérite de savoir seulement réciter les ouvrages des autres.

Le fameux Corneille étoit alors dans sa plus haute réputation. On traduisoit ses pièces en toutes les langues de l’Europe, on le représentoit sur tous les théâtres ; ses vers étoient dans la bouche de tout le monde, et cela est beau comme le Cid, étoit une louange qui avoit passé en proverbe.

La France, avant lui, n’avoit rien vu sur la scène de sublime, ni même pour ainsi dire de raisonnable ; et, transportée pour ses premiers ouvrages d’une admiration qui alloit, pour ainsi dire, jusqu’à l’idolâtrie, elle sembloit, pour l’en récompenser, s’être engagée en quelque façon à n’en jamais admirer d’autres que ceux qu’il produiroit à l’avenir.

Ainsi l’on regarda d’abord avec quelque sorte de chagrin l’audace d’un jeune homme qui entroit dans la même carrière, et qui osoit demander partage dans des applaudissements dont un autre sembloit pour toujours avoir été mis en possession. Mais M. Racine conduit par son seul génie, et sans s’amuser à suivre ni même à imiter un homme que tout le monde regardoit comme inimitable, ne songea qu’à se faire des routes nouvelles. Et tandis que Corneille peignant ses caractères d’après l’idée de cette grandeur romaine, qu’il a le premier mise en œuvre avec tant de succès, formoit ses figures plus grandes que le naturel, mais nobles, hardies, admirables dans toutes leurs proportions ; tandis que les spectateurs entraînés hors d’eux-mêmes, sembloient n’avoir plus d’ames que pour admirer la richesse de ses expressions, la noblesse de ses sentimens, et la manière impérieuse dont il manioit la raison humaine.

M. Racine entra, pour ainsi dire, dans leur cœur et s’en rendit le maître ; il y excita ce trouble agréable qui nous fait prendre un véritable intérêt à tous les événements d’une fable que l’on représente devant nous ; il les remplit de cette terreur et de cette pitié qui, selon Aristote, sont les véritables passions que doit produire la tragédie ; il leur arracha ces larmes qui font le plaisir de ceux qui les répandent ; et peignant la nature moins superbe peut-être et moins magnifique, mais aussi plus vraie et plus sensible, il leur apprit à plaindre leurs propres passions et leurs propres foiblesses, dans celles des personnages qu’il fit paroître à leurs yeux. Alors le public équitable, sans cesser d’admirer la grandeur majestueuse du fameux Corneille, commença d’admirer aussi les graces sublimes et touchantes de l’illustre Racine.

Alors le théâtre françois se vit au comble de sa gloire, et n’eut plus de sujet de porter envie au fameux théâtre d’Athènes florissante : c’est ainsi que Sophocle et Euripide, tous deux incomparables et tous deux très-différens dans leur genre d’écrire, firent en leur temps l’honneur et l’admiration de la savante Grèce.

Quelle foule de spectateurs, quelles acclamations ne suivirent pas les représentations d’Andromaque, de Mithridate, de Britannicus, d’Iphigénie et de Phèdre ! Avec quel transport ne les revoit-on pas tous les jours, et combien ont-elles produit d’imitateurs, même fort estimables, mais qui toujours fort inférieures à leur original, en font encore mieux concevoir le mérite !

Mais, lorsque renonçant aux muses profanes, il consacra ses vers à des objets plus dignes de lui, guidé par des conseils et par les ordres que la sagesse même avoueroit pour les siens, quels miracles ne produisit-il pas encore !

Quelle sublimité dans ses cantiques, quelle magnificence dans Esther et dans Athalie, pièces égales, ou même supérieures à tout ce qu’il a fait de plus achevé, et dignes par-tout, autant que des paroles humaines le peuvent être, de la majesté du Dieu dont il parle, et dont il étoit si pénétré !

En effet, tous ceux qui l’ont connu savent qu’il avoit une piété très-solide et très-sincère, et c’étoit comme l’ame et le fondement de toutes les vertus civiles et morales que l’on remarquoit en lui : ami fidèle et officieux, et le meilleur père de famille qui ait jamais été, mais sur-tout exact et rigide observateur des moindres devoirs du christianisme, justifiant en sa personne ce qu’a dit un excellent esprit de notre siècle : que si la religion chrétienne paroît admirable dans les hommes du commun par les grandes choses qu’elle leur donne le courage d’entreprendre, elle ne le paroît pas moins dans les plus grands personnages par les petites choses dont elle les empêche de rougir.

Mais il n’est pas étonnant qu’il fût si exact et si solide sur des devoirs aussi importans que ceux de la religion ; il l’étoit de même sur toutes les choses auxquelles il s’appliquoit, et il n’y en avoit aucune à quoi il ne s’efforçât de donner toute la perfection dont elle étoit capable ; de là vient qu’il travailloit tous ses ouvrages avec tant de soin.

Il les méditoit long-temps, il les retouchoit à diverses reprises, toujours en garde contre cette prodigieuse abondance de pensées et d’expressions que lui fournissoit la nature : n’y ayant rien, disoit-il, qui fasse plus de mauvais écrivains, et sur-tout plus de méchans poètes que cette dangereuse fécondité qui se trouve souvent dans les esprits les plus vulgaires, et qui les remplissant d’une fausse confiance, leur fait prendre pour génie une malheureuse facilité de produire des choses médiocres.

Avant que d’exposer au public ce qu’il avoit composé, il aimoit à le lire à ses amis pour en voir l’effet, recevant leurs sentimens avec docilité, mais habile sur-tout à prendre conseil jusques dans leurs yeux et dans leur contenance, et à y démêler les beautés ou les défauts dont ils avoient été frappés souvent sans s’en apercevoir eux-mêmes.

Mais rien ne l’assuroit davantage sur ses doutes que les lumières de cet excellent critique avec qui il étoit lié d’une amitié si célèbre, et je dois, pour l’honneur de l’un et de l’autre, rapporter ici ce qu’il m’a souvent dit lui-même, qu’il ne se croyoit pas plus redevable du succès de la plupart de ses pièces aux préceptes d’Horace et d’Aristote, qu’aux sages et judicieux conseils d’un ami si éclairé.

Que n’aurois-je point à vous dire, Messieurs, des charmes inexprimables de sa conversation, et de cette imagination brillante qui rendoit les choses les plus simples, si aimables et même si admirables dans sa bouche ? Mais les graces vives et légères qui sont comme la fleur de l’esprit, se sentent mieux qu’elles ne s’expriment, semblables à ces parfums qui font en nous une impression si douce et si agréable, dont nous pouvons bien conserver le souvenir, mais qu’il ne nous est jamais possible de bien faire comprendre à ceux qui ne l’ont pas éprouvée.

Qui croiroit qu’un homme né comme lui avec un si prodigieux talent pour la poésie, eût pu être encore un excellent Orateur ? On ne l’auroit pas cru dans Rome ni dans Athènes, mais l’Académie Françoise nous en fournit tous les jours d’illustres exemples. Vous n’avez pas oublié, Messieurs, avec quelle force et avec quelle grace il parloit dans vos assemblées, et ce lieu retenti encore des applaudissemens dont vous interrompîtes tant de fois le dernier discours qu’il y prononça. Que ne m’est-il permis, pour le louer dignement lui-même, d’emprunter ici ses propres termes, et de répandre aujourd’hui sur son tombeau les fleurs immortels qu’il répandit à pleines mains sur celui de l’illustre Corneille !

Pourquoi faut-il qu’un homme si rare nous ait enlevé dans le temps qu’il alloit porter l’histoire aussi loin qu’il avoit porté la tragédie, et surpasser peut-être ce fameux Romain, qui, après avoir comme lui fait admirer ses vers sur la scène, laissa comme lui reposer la muse tragique, pour écrire l’histoire des grands événemens de son siècle !

Pourquoi faut-il que le nôtre ait été si-tôt privé d’un écrivain qui lui étoit si nécessaire ? Car enfin, Messieurs, je ne crains point de le dire, il n’y a peut-être rien de plus propre à faire comprendre toute la grandeur du règne du Roi, que d’avoir vu deux hommes si capables d’employer pour sa gloire toute la magnificence de ce qu’on appelle le langage des Dieux, renoncer à cet avantage pour transmettre à la postérité d’un style simple et sans fard cette histoire où la vérité toute pure sera encore plus merveilleuse que la fiction même soutenue de tous les ornemens de la poésie.

En effet, Messieurs, laissant là le prodigieux nombre de merveilles qui ont précédé la dernière guerre, tous ces monstres inventés par la fable et par les poètes, pour faire admirer la force d’Hercule, avoient-ils rien de plus terrible que cette ligue étonnante que nos voisins firent éclater au milieu de la profonde paix dont on jouissoit alors ?

Combien de Princes que tant de raisons sembloient devoir diviser pour toujours, se trouvèrent unis en un moment, et se donnant, pour ainsi dire, la main des extrémités de l’Europe, s’entr’exhortoient à renverser jusques dans ses fondemens un seul royaume qu’ils tenoient comme investi par mer et par terre ?

Qui eût cru, Messieurs, que la France eût pu jamais se soutenir contre un si effroyable déluge d’ennemis ? L’eût-elle pu faire autrefois, je ne dis pas dans ces temps de foiblesse, je dis dans les temps de sa plus grande force, dans ces temps même où soutenue des conseils du grand Cardinal, à qui les Lettres seront à jamais redevables de votre établissement, elle portoit déjà si haut la gloire et la réputation du nom François.

Qu’auroit fait lui-même cet habile Ministre contre tous les Souverains de l’Europe unis par la seule envie de nous détruire, et enivrés de l’espérance d’y réussir ?

Ses yeux ne se fussent-ils point troublés au milieu d’une tempête qui ne laissoit plus aucun lieu, ni à l’art, ni à l’adresse du plus habile pilote ?

Oui sans doute, Messieurs, il eût avoué sa foiblesse ; il n’appartenoit qu’à Louis-le-Grand, de garantir la France d’un péril si terrible, et en même temps si digne de son grand courage.

Il voit bien d’abord que contre un si grand nombre d’ennemis, il ne falloit pas simplement songer à se défendre, et qu’à moins de se mettre en état d’attaquer l’Europe entière, il couroit risque d’en être accablé.

Il donne ses ordres, fait marcher ses troupes, et bientôt le Rhin, la Meuse, les Pyrénées, les Alpes, d’où les ennemis s’attendoient à pénétrer jusqu’à dans le cœur du royaume, deviennent le théâtre de ses victoires.

Que de villes prises ! que de batailles gagnées ! la mer jusques sur ses bords les plus reculés, couverte de nos vaisseaux, le commerce des ennemis interrompu, le royaume rempli de leurs dépouilles, la flotte d’Angleterre et celle de Hollande battue par la flotte de France seule. L’Europe entière est étonnée de se voir, si j’ose le dire, assiégée elle-même, et réduite à se tenir sur la défensive.

Le Roi anime tout, soutient tout par son courage et par sa prudence, tantôt tranquille au milieu de son royaume, il fait sentir sa force à ses ennemis sur toutes ses frontières, et jusques dans leur propre pays ; tantôt à la tête de ses armées, il s’expose à tous les dangers comme le moindre de ses soldats, et voit blesser à ses côtés un jeune Prince, qui, tout occupé d’un si grand exemple, ne s’aperçoit pas lui-même de sa blessure. Ainsi, le fils de Jupiter étoit un héros dès le berceau.

Mais il falloit que le Roi eût encore à combattre au milieu de ses États même un ennemi cent fois plus terrible que tous ceux dont il étoit environné. Une stérilité imprévue jette tout-à-coup la famine et la consternation dans le royaume. Alors tout le monde commence à trembler pour le salut de la patrie. Le Roi seul demeure ferme au milieu de la frayeur publique, il rassure lui-même ses ministres justement étonnés d’un si grand péril, et ce n’est que par ses tendres soins, et par les sages ordres qu’il donne par-tout pour en prévenir les suites, qu’on peut juger qu’il en est ému.

Qui de nous, durant ces temps fâcheux, a pu jamais remarquer le moindre trouble ou la moindre altération sur son visage ? N’y a-t-on pas vu toujours au milieu de la majesté dont il brille, cette tranquillité si difficile à conserver parmi tant de sujets d’inquiétudes, mais en même temps si nécessaire pour rassurer des peuples alarmés, qui, n’étant pas capables de juger par eux-mêmes du véritable état des affaires, cherchent à lire dans les yeux de leur Souverain ce qu’ils ont à espérer ou à craindre ?

L’abondance revient bientôt après. Cependant il étoit temps de terminer une guerre ruineuse à toute l’Europe et à la France même, qui commençoit à acheter trop cher les avantages qu’elle remportoit tous les ans sur des ennemis aguerris par leurs propres défaites.

Mais en vain le Roi, pour épargner le sang de ses sujets, avoit offert plus d’une fois de finir la guerre en renouvelant la paix de Nimègue. Les ennemis regardoient cette proposition comme un outrage : ils vouloient, disoient-ils, abolir tous les articles de cette paix superbe, qui avoit été imposée comme un joug à toute l’Europe ; ils devoient ne poser les armes qu’après avoir rétabli les religionnaires dans le royaume. Les Espagnols sur-tout se voyant soutenus de tant d’alliés, avoient pour un peu de temps repris leur ancienne audace, nous n’avions plus, selon eux, d’autres conditions à espérer que celles de la paix de Vervins, trop heureux s’ils daignoient se relâcher jusques à celles des Pyrénées.

Le Roi entreprend donc, après une guerre de dix années soutenue contre toute l’Europe, de les forcer eux-mêmes à désirer cette paix qu’ils rejetoient avec tant de hauteur. Il fait attaquer Barcelone par mer et par terre, et avec Barcelone toutes les forces de l’Espagne, ou renfermées dans cette ville pour la défendre, ou campées à ses portes pour la soutenir.

L’ancienne jalousie de valeur, plus forte encore que la haine, se réveille entre les deux Nations, toute l’Europe suspendue attend avec frayeur le succès d’une si grande entreprise, la ville est emportée après la plus terrible et la plus opiniâtre résistance dont on ait jamais entendu parler.

 Alors ceux qui nous redemandoient Lille et Tournay, tremblent pour Madrid et pour Tolède. Ils sont les premiers à presser nos plénipotentiaires ; tous les alliés changés en un instant, consentent à signer un traité, et que l’unique fondement de ce traité soit le renouvellement de la paix de Nimègue ; le Roi cède les places qu’il avoit déjà offertes et qu’il n’avoit jamais en effet regardées que comme des gages et des conditions certaines de cette paix qui devenoit si nécessaire à toute la terre ; mais il oblige en même temps l’empire à lui faire une justice qu’on lui refusoit depuis tant d’années, et demeure pleinement maître de Strasbourg et de toute l’Alsace, c’est-à-dire, d’une ville et d’une province qui valent seules un très-grand royaume.

C’est ainsi que toute la chrétienté voit succéder un calme heureux à cette guerre effroyable, dont les plus habiles politiques ne pouvoient prévoir la fin ; et c’est pour offrir à Dieu des fruits dignes d’une paix qui est elle-même le fruit de tant de miracles, que le Roi n’est occupé jour et nuit que du soin d’augmenter le culte des autels, de procurer le repos et l’abondance à ses peuples, et d’affermir de plus en plus la véritable religion dans son royaume, par son exemple et par son autorité.

Voilà, Messieurs, une partie de ces merveilles, dont le plus simple récit étonnera la postérité ; voilà ce qui fait l’objet de vos plus chères occupations dans ce sacré palais où le Roi vous a reçus depuis la mort de ce grand magistrat dont la mémoire est si précieuse, et où vous vous êtes engagés, encore plus par admiration que par reconnoissance, à célébrer les actions immortelles de votre auguste protecteur.

 Heureux ! si pendant que vous vous acquittez si dignement de ce glorieux emploi, je puis par mes soins et par mon application en vous imitant et vous étudiant sans cesse, parvenir enfin à n’être pas tout-à-fait indigne de l’honneur que je reçois aujourd’hui.