Discours de réception de Paul Pellisson

Le 17 novembre 1653

Paul PELLISSON

Réception de M. Pellisson

 

Discours prononcé le 17. Novembre 1653 par Mr. PELLISS0N, lorfqu’il reçû à la place de Mr. de Porcheres.

 

MESSIEURS,

J’AUR0IS ſouhaité de ne voir jamais mourir pas un de Meſſieurs les Académiciens, & de demeurer toute ma vie ſupernumeraire, ce qui ne m’étoit que trop glorieux ; mais puiſqu’il en devoit arriver autrement, je me réjouis de voir que cette illuſtre Compagnie me confirme aujourd’huy la grace qu’elle m’avoit déja faite, & qu’elle n’en a point été détournée, ni par les défauts qu’elle a pu remarquer en moy depuis que j’ay l’honneur d’aſſiſter à ſes Aſſemblées, ni par les divers murmures qui ont été excitez de tous côtez contre ce miſerable Livre, qui tout innocent qu’il eſt, n’a pas eu certainement le bonheur de ſatisfaire également à tout le monde. Je me ſens obligé, MESSIEURS, à vous proteſter de nouveau, que ni en le compoſant, ni en le publiant, je n’ay jamais eu d’autre penſée que de ſervir la Compagnie, d’obliger tous les particuliers qui la compoſent, d’honorer la memoire du Protecteur mort, de rendre tout ce que je devois au merite & à la qualité du Protecteur vivant.

A cette proteſtation, MESSIEURS, j’en ajoute une autre, qui eſt que je n’imiteray point ceux qui ne témoignent de l’ardeur pour leurs maîtreſſes que durant les fiançailles, & qui s’en dégoûtent le lendemain de leurs nôces. Vous me verrez redoubler mon aſſiduité & mes ſoins, & par les devoirs que je rendray, & à tout le Corps en general, & à chacun de vous, MESSIEURS, j’eſſayeray de vous faire voir, que dans une ame qui n’eſt pas tout à fait mercenaire, le ſouverain & la reconnoiſſance d’un bienfait reçû ont encore plus de force que n’en avoient le deſir & l’aſſurance de le revoir.