5e centenaire de Jeanne d’Arc. Jeanne d’Arc à Sainte-Catherine-de-Fierbois

Le 7 juillet 1929

Gabriel HANOTAUX

CINQUIÈME CENTENAIRE DE JEANNE D’ARC

7 juillet 1929

JEANNE D’ARC À SAINTE-CATHERINE-DE-FIERBOIS

DISCOURS

PRONONCÉ PAR

M. GABRIEL HANOTAUX
DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

 

MESSIEURS,

L’historien de la région de Loire, quand il vient à parler de Sainte-Catherine-de-Fierbois, écrit : « Nous voilà sur le sol des merveilles ! »

— Merveilles qu’il faut essayer de dire en toute simplicité.

Jeanne d’Arc, partie de Vaucouleurs sur la fin de février, a chevauché, le plus souvent la nuit, à travers un pays occupé par les garnisons anglaises, parcouru par les routiers et les coupeurs de grands chemins. Le dixième jour, elle est arrivée à Sainte-Catherine-de-Fierbois, proche de Chinon où elle vient pour faire part au Dauphin Charles de sa mission divine. À Sainte-Catherine-de-Fierbois elle se trouve en pays de France ; elle s’arrête ; dans la chapelle consacrée à l’une de ses saintes, sainte Catherine d’Égypte, la pure, elle entend trois messes ; et elle envoie au Dauphin une lettre demandant qu’il la reçoive ; Charles, averti par le Sire de Baudricourt, lui fait dire de venir à Chinon.

Le 6 mars, à Chinon, dans la grande salle du château, le Dauphin de France, caché parmi ses courtisans et ses familiers, reçoit la Pucelle, qui se déclare envoyée de Dieu pour délivrer et sauver le royaume de France.

Elle le reconnaît et va droit vers lui. Il l’entend et se résout à faire examiner sa personne et ses dits par les clercs et les conseillers. L’enquête est favorable. Ni intimidée, ni outrecuidante, la jeune fille affirme sa mission divine, mais en réclamant, du parti royal, qu’il fasse l’effort nécessaire pour mériter le succès : « En nom Dieu, les guerriers combattront, et Dieu leur donnera la victoire. »

Le Dauphin et ses conseils se décident à envoyer Jeanne à la tête d’une armée pour délivrer Orléans : « Doubler et la délaisser, disent-ils, serait répugner le Saint Esprit et se rendre indigne de Dieu. »

À la tête des premières troupes, Jeanne se rend à Tours, où elle trouve un parti déjà prononcé pour elle ; et, parmi les clercs, notamment, un religieux des Ermites de Saint- Augustin qui arrive du Puy, où il a rencontré la mère de la Pucelle et deux de ses compagnons qui l’ont pressé de venir la rejoindre. Répondant à leur désir, Jean Pasquerel est accouru à Tours, où Jeanne le choisit comme aumônier. Il ne devait plus la quitter jusqu’au bûcher.

Désignée comme chef de guerre, Jeanne avait reçu du Dauphin une garde, des chevaux, de riches vêtements, une « armure en blanc » et une épée. Mais elle n’avait pas accepté l’épée, et elle avait demandé qu’on envoyât à Sainte-Catherine-de-Fierbois, affirmant qu’on trouverait sous l’autel une épée gravée de cinq croix ; c’est de cette épée qu’elle voulait être armée. L’ouvrier envoyé à Sainte-Catherine-de-Fierbois trouve, en effet, parmi d’autres armes antiques, l’épée dans une arche (coffre ou reliquaire) ; elle était toute rouillée ; mais dès qu’elle fut essuyée, elle devint étincelante. Jeanne la porta au cours de la campagne ; on a dit qu’elle l’aurait brisée en chassant du camp une femme de mauvaise vie. Elle déclare elle-même qu’elle l’avait jusqu’à son départ de Saint-Denis, après l’échec de l’assaut sur Paris.

C’est donc ici, à Sainte-Catherine-de-Fierbois, que Jeanne a reçu l’épée qui devait délivrer Orléans et sauver le royaume de France. Jeanne a dit, plus tard, au procès, qu’elle n’avait jamais vu l’épée, mais qu’elle en avait eu connaissance par ses voix. Ainsi, il y a eu révélation. Et voilà la merveille.

Dans une mission où tout est divin, le fait est, par lui-même, singulier, extraordinaire. Pourquoi les voix ont-elles amené Jeanne ici ? Dans quel but ont-elles révélé l’existence de cette épée ? Quel rapport pouvait avoir cette épée avec la mission et le salut de la France ?

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À l’origine, la forêt sauvage, le « fier bois », couvrait de ses ombres opaques la crête qui détermine, au sud de Tours, la forme primitive du golfe des faluns ou Atlantique. Parmi les étangs et les eaux dormantes, la pente paraît hésiter avant de prendre son parti vers le sud. Elle est dominée, au rebord, par les vieilles tours du château de Sainte-Maure, bâti par Foulques Nerra pour surveiller au loin la plaine. La plaine grimpe en pentes douces et en prairies fleuries jusqu’à la crête.

Pentes dangereuses ; car, c’est par là qu’ont monté les invasions séculaires qui ont mis si souvent en péril l’unité gauloise et française : Ibères venant d’Espagne, Romains venant d’Italie, Visigoths venant du Languedoc, gens de la mer venant de Bordeaux ; sans cesse le danger se renouvelle et saint Martin, en sa cité de Tours, serait en grand péril, si, aux agresseurs ayant franchi Poitiers, cette ligne de hauteurs n’opposait, en dernière ressource, son vert rempart.

Saint Martin de Tours ! Son nom protège la contrée. L’apôtre des Gaules, l’homme simple et de peu de lettres, qui évangélisa les populations rurales et sylvestres, le Saint au manteau charitable, au sourire populaire, le Saint des humbles et des serviteurs fidèles, fidèle lui-même, le Saint aux trois mille sanctuaires, est chez lui, ici ; et quand les soldats, dont il fut, combattent pour le défendre, il tient l’étendard.

Que notre histoire n’oublie jamais ces Saints de France ! D’ailleurs, ils ne se laissent pas oublier. On a beau les supprimer, ils reviennent, indéracinables familiers : saint Front de Périgueux, saint Trophime d’Arles, saint Hilaire de Poitiers, saint Martin de Tours, saint Aignan d’Orléans, saint Remi de Reims montent la garde autour de saint Denis et de sainte Geneviève de Paris. La France totale est faite de leur faisceau. Ils se serrent autour d’elle pour qu’elle soit. Chacun de leurs noms exprime, à la fois, une région de la France, l’esprit qui la crée et le courage qui la défend. La sainteté n’est-elle pas le plus haut signe moral et le gage des grands services ? Colonisateurs, organisateurs, civilisateurs, tous ces saints de France sont autour de Jeanne d’Arc, leur pupille, qui crie d’après eux : « Vive labeur ! »

Donc, sur sa rivière à Tours, saint Martin veillait : car la route d’Espagne, la route qui descendait de Sainte-Maure et de Sainte-Catherine-de-Fierbois, attirait l’ennemi et lui rendait les accès faciles. En cas de péril venant du sud, serait-on réduit à se défendre avec les maigres ressources locales sur cet ultime coteau ? À travers la forêt sauvage, une route est tracée, en effet : ouverte par les Gaulois, ferrée par les Romains, c’est elle qui relie directement les sanctuaires de France au grand sanctuaire d’Espagne : Saint-Jacques-de-Compostelle. Sur elle circulent la civilisation et la foi, assurant l’unité du monde chrétien. Les pèlerinages la suivent en chantant la gloire du Seigneur. Mais le chemin n’était-il pas, en sens contraire, un accès, une porte ouverte ?

Cette unité française qui fait aujourd’hui notre sécurité et notre joie, a été, le long des siècles, le tourment de nos pères. Dans l’union, si lente à se faire, il y eut toujours des points de rupture menaçants, des portions molles ou trop étirées qui se détendaient, cédaient et dont les mailles étaient sans cesse à renouer. Les grands constructeurs nationaux, clercs ou laïcs, étaient en perpétuel souci et ne se détournaient de tel point douloureux que pour se reporter vers un autre point malade. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Midi, l’histoire de France est en perpétuelle reprise.

Pendant des siècles, le Sud-Ouest fut la préoccupation constante du Centre qui s’était fixé à Paris. De Paris, la première étape, de ce côté, c’était Orléans. Par Orléans on accrochait la Loire jusqu’à Tours. Mais, plus bas, sur le fleuve et au sud du fleuve, les liaisons étaient plus difficiles, le péril plus grave. Comment rattacher les Pyrénées à la Loire ? Pour y parvenir, une seule route : la route qui relie Tours à Saint-Jacques-de-Compostelle, la route des pèlerinages.

Ici, donc, saint Martin et son premier chanoine, le roi de France, veillaient. Mais Saint-Martin, avec sa renommée immense, et ses richesses tant vantées, était, par contre, une tentation, un appel. Piller ses trésors, c’était gagner les moyens de conquérir ce décisif chemin de Loire vers Paris. Alors, on était maître de la France.

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La lutte se prolongeait depuis des siècles. Les invasions tourbillonnaient dans cette aire immense qui sépare les Pyrénées des Alpes et du Rhin. Espagnols et Visigoths, Maures et Normands, tous couraient à l’appât de cette riche « moelle des Gaules », l’Aquitaine. Allongée sur la Loire, l’oreille au guet, la nouvelle monarchie franche s’étirait jusqu’ici, et guettait.

Clovis était venu combattre à Vouillé et il avait ramassé, dans une première unité franque, devenue ainsi française », tout le sud-ouest. Mais son héritage était tombé en quenouille et ses descendants, impuissants ou poltrons, les cheveux ras, s’étaient enfermés dans des monastères. Or, voici que débouchent dans la plaine abandonnée et ouverte, non plus les Visigoths, mais les Sarrasins. Abd Er Rhaman a appelé l’Afrique et même l’Asie, Arabes et Berbères ; il a construit, avec tous les éléments dont se compose l’Islam, y compris les femmes et les enfants, une formidable machine à piller et à détruire. Avec cette armée du désert il fera, de cette belle France, un désert. Il franchit les Pyrénées par la brèche de Roncevaux, s’empare de Bordeaux, court sur la Dordogne, traverse Périgueux, contourne Poitiers, se rue jusqu’en Bourgogne où il brûle Autun, et le voilà au pied du plateau de Sainte-Maure, en face de Saint-Martin. Les cavaliers formant son avant-garde ont flairé les trésors du sanctuaire. D’un temps de galop, ils sont aux pentes. Le cri des prêtres et des populations appelle au secours le roi de Paris. Mais, à Paris, il n’y a plus de roi.

C’est alors qu’une famille nouvelle se lève. La France n’est jamais sans défenseur. Le soldat au marteau de fer, Charles, s’est déjà précipité sur la Germanie et a comprimé l’autre invasion toujours menaçante. Il apprend la détresse de la Loire et partant, comme plus tard Jeanne d’Arc, du pays de Lorraine il ramasse les forces de l’Est, les forces de Paris, d’Orléans, de Blois, de Tours, et il arrive à temps. Son armée est aussi nombreuse que l’armée envahissante. Le vieux chroniqueur l’appelle l’armée des Européens. Charles est le soldat du salut comme la France en verra d’autres au cours de sa longue histoire : Duguesclin, Jeanne d’Arc, Villars, Joffre, Foch. Saint-Martin tient l’étendard, et la crête est garnie de défenseurs. Au dire des historiens arabes, des combats d’avant-garde ont lieu jusqu’aux approches de Tours, la tradition locale dit au bourg de Balan, dans les Landes de Charlemagne.

L’Arabe est surpris par l’arrivée de cette armée disciplinée ; il recule, prend du champ, se replie vers Poitiers ; et, au nord de cette ville, accepte le combat. Ses cavaliers, comme plus tard les mameluks d’Égypte tournant autour des soldats de Bonaparte, ne peuvent briser la muraille des soldats du Nord. Ceux-ci faisaient bloc, dit le chroniqueur, comme les pierres d’un édifice bien cimenté. Après une journée de combats acharnés, l’armée arabe, tournée, s’enfuit dans une déroute immense. Le lendemain, Charles marche sur le camp des Maures : ils ont disparu, ayant tout abandonné. La France-Gaule, la France de l’avenir, la France des Saints de France, la France de Paris et de la Lorraine est sauvée. La civilisation chrétienne était, une fois pour toutes, hors de danger.

En souvenir, en commémoration, en gratitude, une chapelle fut élevée sur la crête d’où l’on avait attendu et arrêté la terrible avancée, et d’où l’on avait assisté aux premiers combats, la crête de Fierbois. On abattit des parties de la e forêt sauvage », et elle abrita cette chapelle dédiée à sainte Catherine d’Égypte, à la Sainte qui lutta contre le sultan des Sarrazins, à la fidèle qui ne veut ni se donner, ni être souillée, à la vierge pure qui porte la roue, emblème de son supplice et de la vertu couronnée. Les armes et les épées qui restaient sur le champ de bataille, celles qui furent offertes en ex-voto furent déposées dans la crypte de la chapelle ; elle devint un lieu de pèlerinage. Tout autour, des maisons de paysans, des fermes, un hospice pour les voyageurs, un château s’élevèrent ; le pays, défriché et cultivé, retrouva le repos de la paix et de la sécurité. L’histoire se tait.

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Des siècles s’écoulent, et voilà qu’un nouveau mystère surgit. Une « merveille » va illuminer, encore une fois, l’obscurité de ces lieux oubliés ; L’unité française est de nouveau en péril. Chassé de Paris, le fils des Rois s’est réfugié ici. Ce pli de terrain est son asile. Et l’invasion, cette fois, vient, en même temps, de l’Est et du Sud-Ouest, de Rouen et de Bordeaux. Paris a succombé. Orléans est assiégé. La Loire est prise à revers. Tous les saints de France sont en alerte... Et, c’est alors que, de la Lorraine, encore, se lève une fillette de dix-sept ans qui s’annonce comme envoyée de Dieu pour sauver la France et qui veut parler au Dauphin à Chinon. C’est elle qui, avec quelques compagnons, a passé à Sainte-Catherine-de-Fierbois où elle a entendu trois messes. Est-ce là, dans la chapelle, durant ces messes, qu’eut lieu la révélation ? Confidence sublime ! secret profond, enseveli dans le mystère de la mission !...

À Tours, elle entend de nouveau ses voix, toutes les voix de France, l’appel du salut ! Quelle lumière luit en elle ? Quels souvenirs gonflent son cœur ? Quelles promesses de succès Quelle foi dans la victoire ? Dialogue muet des Saintes du Ciel et de la foi. Cette épée !... Liaison des deux histoires et des deux délivrances... La patrie deux fois sauvée... Qu’elle la saisisse : Son bras non indigne recevra, sous les auspices de sainte Catherine, l’instrument de la volonté divine, l’arme des antiques combats, qui sait ? la relique des premières invasions. Souvenir, symbole, emblème, évocation, promesse ! Grands drames nationaux qui ont leur nœud ici. Tous les Saints de France, tous les héros de France, saint Martin et saint Aignan, Charles Martel, Duguesclin, Boucicaut, tous à la rescousse, tous !...

Elle monte à cheval, l’étendard d’une main, l’épée de l’autre. Elle part pour Orléans, pour Reims... pour Rouen. La ville sera délivrée, le roi couronné, la France libérée ; mais l’épée, — l’épée qui n’a pas versé le sang — se brise.

La fille au grand cœur a accompli sa tâche. Rouen sera sa dernière demeure.

Extraordinaire histoire, toute véritable et qu’il faut croire sans chercher à l’expliquer. Un mot la résume, la devise qui s’inscrivait sur nos vieilles monnaies : « Dieu protège la France. »

Et nous ne comprendrions pas cela ? Nous qui avons vu, de nouveau, la France en grand péril, qui avons assisté aux horreurs de l’invasion, qui avons été témoins de la victoire miraculeuse aux portes de Paris ! C’est la France de l’Est qui a été sauvée, cette fois, par les chefs venus du Sud-Ouest, Joffre et Foch, de même que les terres de l’Ouest avaient été sauvées par les soldats de l’Est en ces temps très anciens. Saluons l’unité admirable et invincible de ton territoire et de ton histoire, France !

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Ce coin inconnu de la terre de France était une terre d’élection. Sa petite histoire locale a reçu des grâces spéciales dans le courant magnifique de nos larges annales. Faut-il rappeler que le maréchal Boucicaut, vrai type du chevalier français, le soldat qui combattit à Nicopolis, à Constantinople, en Afrique et en Asie, qui administra Gênes avec une sagesse et une autorité admirables, qui, fait prisonnier à Azincourt, alors que la bataille avait été engagée contre son conseil, mourut en Angleterre, en 1421, — dix ans avant que Jeanne d’Arc vînt ici, — était du pays et construisit l’Aumônerie, qui existe encore, pour abriter les pauvres et les camarades soldats itinérants ?

N’est-il pas bon de se souvenir, en ce jour de fête nationale, que François Pallu, qui fut le premier évêque du Tonkin et qui, au XVIIe siècle, avait, en quelque sorte, eu la prescience du rôle que l’expansion française prendrait un jour sur ces lointains rivages, possédait l’une de ces fermes : l’Angelliannerie ?

Me sera-t-il permis de citer, enfin, le nom, rencontré au cours de mes recherches, du Tourangeau Des Vaux de Sainte-Maure (du bordage des Vaux), compagnon du fameux Isaac de Rasilly, le conseiller et initiateur de la politique coloniale du Cardinal de Richelieu ; ce des Vaux qui fut un des premiers explorateurs de l’Amazone et l’un des fondateurs de la France équinoxiale ?

Voilà des noms illustres attachés à celui de ce modeste village. Ceux qui les portent présentent les mêmes traits de caractère : clairvoyance, bon sens, dévouement à la France, haute tenue morale, abnégation, courage, grands services et renommée pure. Gens dignes de la terre illustre et modeste où de si grands événements se sont accomplis.

Et c’est pour remercier cette parcelle précieuse du sol national que pèlerins de la grandeur française, nous sommes venus ici.

En outre que je viens de rappeler devant vous, Messieurs, vous le savez ne serait-ce que par les recherches de vos excellents historiens, M. le Chanoine Henri Bas et M. l’Abbé Pichon. Mais il faut que la France le sache, et que l’Univers le sache aussi... Car l’histoire de Jeanne d’Arc est, maintenant, une histoire universelle. Et il convient aussi que les forts et les puissants, instruits par de telles journées, sachent que leur force et leur puissance n’ont qu’un temps, que les colosses ont des pieds d’argile et que la Providence divine veille à l’indépendance sacrée des races et des peuples qu’elle a créés.