Discours prononcé lors de la visite de S. Exc. M. Mario Soares à l’Académie française

Le 18 février 1993

Michel DROIT

Visite à l’Académie française

de

S. Exc. M. Mario SOARES
Président de la République portugaise

le jeudi 18 février 1993

Discours

de
M. Michel DROIT
Directeur

 

Monsieur le Président,

L’Académie française à laquelle, aujourd’hui, vous rendez visite, a toujours vécu, depuis près de trois siècles et demi, selon les règles que lui avait données son fondateur, le cardinal de Richelieu.

Ainsi, veiller au bon fonctionnement de ces règles et à leur juste application, demeure-t-il confié, aujourd’hui comme hier, à trois de nos membres, élus par l’ensemble de notre Compagnie : son secrétaire perpétuel, dont le titre dit bien la pérennité du mandat ; son directeur et son chancelier, désignés pour trois mois l’un et l’autre.

C’est donc ce règlement qui me vaut aujourd’hui — directeur en exercice pour le premier trimestre de l’année — l’honneur de vous accueillir, Monsieur le Président, dans cette salle où, depuis 1805, l’Académie française se réunit et travaille.

Mais permettez-moi, d’évoquer brièvement un souvenir.

Il y a quinze ans, peut-être un peu plus, dans un studio de télévision situé de l’autre côté de la Seine, je fus présenté à un homme encore jeune, au visage ibérien, comme aurait dit Chateaubriand, et qui attendait, modestement, l’instant de passer devant 1es caméras d’une émission d’actualité.

Nous échangeâmes quelques mots, et il me parut aussitôt que cet homme appartenait à la catégorie de ceux que l’on n’oublie pas, même si on ne les a rencontrés qu’une seule fois.

Cet homme, c’était vous, Monsieur le Président. Et, de fait, je n’ai jamais oublié cette rencontre.

Je n’ai jamais oublié le français que vous me parliez en évoquant le destin de votre pays.

Ni la continuelle présence du Portugal dans le moindre de vos regards et de vos préoccupations.

Le Portugal, ce pays latin où la langue française fait si souvent, quand on s’y attend le moins, vibrer l’air que l’on respire, de Porto à Coimbra, de Sagres à Bragance, comme si c’était là quelque chose d’infiniment naturel.

Monsieur le Président, nous attendions votre visite. Soyez le bienvenu parmi nous.