Michel DEBRÉ Élu en 1988 au fauteuil 1

N°676
Commandeur de la Légion d’honneur
Croix de guerre 1939-1945
Homme politique
Premier ministre
Essayiste
Michel Debré en habit d'académicien

Biographie

Né le 15 janvier 1912, à Paris.

Son père, le professeur Robert Debré, membre de l'Académie de médecine et de l'Académie des Sciences, a été le fondateur de la pédiatrie française avant d'être le rénovateur des études médicales. Sa mère, Jeanne Debat-Ponsan, fut l'une des premières femmes internes et chefs de clinique des hôpitaux de Paris.

Études au lycée Montaigne, puis au lycée Louis-le-Grand, licencié et diplômé de l'École libre des Sciences politiques ; au cours de son service militaire, élève à l'École de Saumur et de Cavalerie ; puis docteur en droit. Il est reçu à vingt-deux ans au concours de l'Auditorat au Conseil d'État.

Mobilisé en 1939, instructeur des élèves-officiers de cavalerie, puis affecté à une unité combattante. Fait prisonnier en juin 1940, évadé en septembre. Au cours des années 1940, 1941 et début 1942, tout en poursuivant officiellement une carrière administrative, il participe de diverses façons à la Résistance. Membre du Comité général d'études et du mouvement « Ceux de la Résistance », il est contraint, au début de l'année 1943, à une clandestinité totale. Il vivra désormais sous plusieurs noms, notamment celui de Jacquier. Il sera, en juillet 1943, chargé par le gouvernement du général de Gaulle, de la nomination de préfets et commissaires de la République pour le jour de la Libération. En août 1944, il est lui-même commissaire de la République pour la région d'Angers. Appelé par le général de Gaulle, il dirige une mission de réforme administrative et, à ce titre, crée l'École nationale de l'administration, en novembre 1945. Le départ du général de Gaulle le restitue à la fonction publique. Il est notamment secrétaire général aux Affaires allemandes et autrichiennes. Il adhère au Rassemblement du Peuple Français dès sa création.

Élu sénateur d'Indre-et-Loire en octobre 1948, réélu en 1955, il sera pendant dix ans un orateur écouté de l'opposition. Il participe à la lutte contre la Communauté européenne de la défense et se situe au premier rang des adversaires à la fois de la supranationalité et de l'intégration atlantique. Il critique vivement l'absence de politique gouvernementale, notamment en Algérie.

Après le retour du général de Gaulle en mai 1958, garde des Sceaux, il a la charge de rédiger la Constitution, et procède à une importante réforme de l'administration de la justice.

Premier ministre de janvier 1959 à avril 1962, il fait face au redressement économique de la France, à la naissance de la force de dissuasion et au règlement de la guerre d'Algérie. Son temps à l'hôtel Matignon est marqué par de multiples réalisations qui vont de l'établissement de la paix scolaire à la naissance du Centre national d'études spatiales. Il quitte ses fonctions de Premier ministre en avril 1962.

Après un échec en Indre-et-Loire, il est élu député de la Réunion en 1963 ; il exercera son mandat de député pendant vingt-cinq ans et dans le même temps sera maire d'Amboise et conseiller général d'Indre-et-Loire.

Il est de nouveau ministre du général de Gaulle : ministre de l'Économie et des Finances, janvier 1966-juin 1968 ; ministre des Affaires étrangères, juin 1968-avril 1969 ; enfin, après le départ du général, ministre d'État, chargé de la défense nationale pendant quatre ans.

Il quitte définitivement le gouvernement de la France en 1973 et cesse volontairement d'appartenir au Parlement en juin 1988. Au cours des quinze années, de 1973 à 1988, il entreprend de nombreuses campagnes notamment contre l'inflation et pour le retour à un système monétaire international, contre la supranationalité européenne, et pour le redressement industriel de la France dans un temps qu'il est le premier à appeler de guerre économique. Son analyse de la situation démographique le met au premier rang dans la lutte pour une politique familiale.

Élu, le 24 mars 1988, à l'Académie française, au fauteuil du duc Louis de Broglie (1er fauteuil) et reçu sous la coupole le 19 janvier 1989 par le Professeur Jean Bernard.

Mort le 2 août 1996.

Signature de Michel Debré

Œuvres

1944 Refaire la France (sous le pseudonyme de Jacquier ; en coll. avec M. Emmanuel Monick) (Plon)

1945 Demain la Paix (sous le pseudonyme de Jacquier ; en coll. avec M. Emmanuel Monick) (Plon)

1947 La mort de l’État républicain (Gallimard)

1947 Projet de pacte pour une Union d’États européens (Nagel)

1950 La République et son pouvoir (Nagel)

1952 La République et ses problèmes (Nagel)

1957 Ces princes qui nous gouvernent (Plon)

1958 Refaire une Démocratie, un État, un Pouvoir

1963 Au service de la nation (Stock)

1965 Jeunesse, quelle France te faut-il ? (Plon)

1967 Le gaullisme (en collaboration avec Jean-Louis Debré) (Plon)

1970 Lettres à des militants sur la continuité, l’ouverture et la fidélité

1972 Une certaine idée de la France (Fayard)

1973 Combat pour les élections (Plon)

1974 Une politique pour la Réunion (Plon)

1975 Ami ou ennemi du peuple (Plon)

1976 La Réunion préservée... La Réunion convoitée !

1979 Français, choisissons l’espoir (Albin Michel)

1980 Lettre ouverte aux Français sur la reconquête de la France (Albin Michel)

1984 Trois Républiques pour une France. Tome I : Combattre (Albin Michel)

1988 Trois Républiques pour une France. Tome II : Agir, 1946-1958 (Albin Michel)

1988 Trois Républiques pour une France. Tome III : Gouverner, 1958-1962 (Albin Michel)

1993 Trois Républiques pour une France. Tome IV : Gouverner autrement (Albin Michel)

1993 Entretiens avec le général de Gaulle, 1961-1969 (Albin Michel)

1994 Trois Républiques pour une France. Tome V : Combattre toujours, 1969-1993 (Albin Michel)

Discours et travaux académiques

Mot attribué lors de l’installation

Justifier :

v. tr. (se conjugue comme Crier). XIIe siècle. Emprunté du latin chrétien justificare, « traiter avec justice ; justifier ».
☆1. théol. Rendre juste par l'action de la grâce. Dieu l'a justifié par sa miséricorde. Nous sommes justifiés par le sang de Jésus-Christ.
☆2. Disculper, montrer que quelqu'un est innocent, qu'il ne mérite pas de châtiment, de blâme. Il a été justifié de ce crime. Cela le justifie pleinement. Pron. Se justifier, démontrer son innocence, le bien-fondé de ses actes, etc. Il refuse de se justifier. Je veux me justifier de ces accusations, de ces calomnies. • Se dit aussi à propos des actions, des paroles d'une personne. Je dois justifier ma conduite, mes actions. Vous ne sauriez justifier un tel procédé.
☆3. Rendre une chose juste, légitime. Il justifie, par sa conduite, la sévérité qu'on a déployée contre lui. L'intérêt public ne saurait justifier une telle violation des lois. Prov. La fin justifie les moyens, voir Fin. • Par ext. Prouver, faire voir qu'une chose n'était pas fausse, montrer son bien-fondé. Les évènements ont justifié nos craintes. Vous avez justifié ma confiance. Il n'a pas justifié les espérances qu'on avait placées en lui. • Pron. passif. Un tel comportement se justifie à bien des titres. • Au participe passé, adjt. Un succès justifié. Un mépris justifié.
☆4. Montrer la vérité de, apporter la preuve de. Justifier un fait. Justifier une allégation. Justifier ses diplômes par des pièces authentiques. • Intranst. (surtout dans la langue juridique). Il devra justifier de son identité, justifier du paiement. Il ne peut justifier d'un domicile fixe.
☆5. typogr. Donner à une ligne la longueur qui convient, de manière à ménager des marges régulières ; donner à une page, à une colonne la hauteur qui convient à la justification de l'ouvrage.