Louis de BOURBON CONDÉ de CLERMONT Élu en 1753 au fauteuil 34

N°216
Homme d’Église
Louis de Bourbon Condé de Clermont

Biographie

Né à Versailles, le 15 juin 1709.

Frère cadet de MM. le duc et le comte de Charolais et de Mlles de Charolais de Clermont et de Sens. Prince du sang, le pape l'autorisa en 1733 à entrer dans la carrière militaire ; il commanda, en 1758, l'armée du Rhin, où il fut malheureux ; il a été l'un des premiers grands maîtres de la franc-maçonnerie en France. Le jour où l'Académie allait procéder à l'élection du successeur de Claude Gros de Boze, le 1er décembre 1753, le maréchal de Richelieu invita le secrétaire perpétuel Mirabaud à donner lecture d'une lettre qu'il lui avait remise ; le comte de Clermont y remerciait l'Académie de l'honneur qu'elle lui faisait de remplir la place vacante. La Compagnie, ainsi violentée, s'en prit à Mirabaud, mais s'inclina devant la volonté du prince ; l'entourage de celui-ci voulait qu'il exigeât de ses nouveaux confrères le titre de «Monseigneur» ; Duclos, dans une forme très respectueuse, fit comprendre au prince qu'il devait accepter les usages de la Compagnie dont il avait voulu faire partie et ne pas transgresser le principe d'égalité auquel elle tenait tant. Après avoir cédé devant la fermeté de Duclos, le comte de Clermont voulut reprendre sa parole et Duclos dut cette fois lui faire entendre que l'honneur même le lui défendait. Le prince se contenta de ne pas prononcer de discours de réception, et de refuser les fonctions de directeur, lorsque le sort le désigna pour les occuper, il prétexta des raisons de santé. Néanmoins, il vint à l'Académie, traita les académiciens en confrères, et d'Alembert raconte que lorsqu'on lui remit ses jetons de présence, il déclara vouloir en porter toujours un ostensiblement, comme la marque distinctive d'un titre dont il se trouvait infiniment flatté, disant : « Ce sera ma croix de Saint-Louis d'académicien ». Il fut protecteur de l'Académie de Châlons-sur-Marne.

« Le personnage est curieux à connaître : prince du sang, abbé, militaire, libertin, amateur de lettres ou du moins académicien, de l'opposition au Parlement, dévot dans ses dernières années, il est un des spécimens les plus frappants, les plus amusants à certains jours, les plus choquants aussi (bien que sans rien d'odieux) des abus et des disparates poussés au scandale sous le régime de bon plaisir et de privilège. » (Sainte-Beuve).

Le poète Roy ayant fait une épigramme au sujet de son élection à l'Académie, il fut bâtonné par un serviteur trop zélé du prince.

Il vivait avec Mlle Leduc, danseuse, sa maîtresse, au château de Berny où il donnait des fêtes comparables à celles de la cour de Sceaux. Cf. Le comte de Clermont et sa cour, par Jules Cousin et un Nouveau lundi, par Sainte-Beuve.

Mort le 16 juin 1771.

Signature de Louis de Bourbon Condé de Clermont