François MAURIAC Élu en 1933 au fauteuil 22

N°562
Grand-croix de la Légion d’honneur
Critique
Essayiste
Journaliste
Romancier

Biographie

Né à Bordeaux, le 11 octobre 1885.

Issu d’une famille bourgeoise, catholique et conservatrice, François Mauriac devait rester sa vie durant profondément attaché à ses racines bordelaises, ainsi qu’il apparaîtra dans la plupart de ses romans.

Après des études secondaires dans sa ville natale, il prépara à la faculté une licence de lettres, puis quitta Bordeaux en 1907 pour tenter à Paris le concours de l’École des Chartes. Entré à l’École l’année suivante, il ne devait y faire qu’un bref séjour et démissionner dès 1909 pour se consacrer uniquement à la littérature.

Les maîtres de son adolescence furent Maurras et Barrès. Son premier recueil de vers : Les Mains jointes (1909), salué par Barrès précisément, fut suivi d’un autre recueil, Adieu à l’adolescence (1911), et de deux romans : L’Enfant chargé de chaînes (1913), La Robe prétexte (1914).

Envoyé à Salonique en 1914, François Mauriac, réformé pour raison de santé, ne participa guère aux combats. Les années d’après guerre allaient être pour lui celles de la gloire littéraire. Donnant la pleine mesure de son talent romanesque, il publia coup sur coup plusieurs de ses œuvres majeures, Le Baiser au lépreux (1922), Le Fleuve de feu (1923), Génitrix (1923), Le Désert de l’amour (1925), Thérèse Desqueyroux (1927), Le Nœud de vipères (1932), Le Mystère Frontenac (1933).

Satires cruelles du pharisianisme bourgeois, ses romans sont avant tout l’œuvre d’un « catholique qui écrit » comme il se plaisait à se définir lui-même. C’est le combat en chaque homme entre Dieu et Mammon, pour reprendre le titre de l’un de ses essais, que Mauriac décrit, sondant les abîmes du mal et cherchant à percer les mystères de la Rédemption.

Au faîte de sa gloire, François Mauriac allait modifier, au milieu des années 1930, son regard sur le monde ; délaissant quelque peu la littérature, il allait s’engager dans le combat politique. S’éloignant progressivement des positions conservatrices de sa jeunesse, il entreprit de dénoncer la menace fasciste, condamnant l’intervention italienne en Éthiopie, puis le bombardement de Guernica par les nationalistes espagnols en 1937.

Lorsque éclata la Seconde Guerre mondiale, François Mauriac avait définitivement choisi son camp : il appartint sous l’Occupation à la résistance intellectuelle, condamnant l’« excès de prosternations humiliées qui [tenaient]lieu de politique aux hommes de Vichy » ; il participa au premier numéro des Lettres françaises clandestines, en 1942, et publia, en 1943, toujours clandestinement, sous le pseudonyme de Forez, Le Cahier noir.

À soixante ans, le Mauriac d’après-guerre se fit surtout écrivain politique. De 1952 à sa mort, chroniqueur au Figaro, auquel il collaborait depuis 1934, puis à L’Express, il devait livrer chaque semaine, dans son « Bloc-notes », d’une plume souvent polémique, sa critique des hommes et des événements. En 1952, il condamna la répression de l’insurrection marocaine et apporta à la cause de la décolonisation toute l’autorité du prix Nobel de Littérature, qu’il venait de recevoir, en acceptant de prendre la présidence du comité France-Maghreb.

Enfin, après avoir soutenu la politique de Pierre Mendès-France, François Mauriac, dans les dix dernières années de sa vie, devait trouver en la personne du général de Gaulle l’homme d’État conforme à ses vœux, incarnant les valeurs pour lesquelles avait combattu ce « chrétien écartelé ».

Lauréat du grand prix du roman de l’Académie française en 1926, président de la Société des Gens de lettres en 1932, François Mauriac fut élu à l’Académie française le 1er juin 1933, par 28 voix au premier tour, à la succession d’Eugène Brieux. Cette « élection de maréchal » survenait alors que le romancier, gravement malade, venait d’être opéré d’un cancer des cordes vocales.

Sa réception sous la Coupole, le 16 novembre 1933 compte parmi les moments marquants de l’histoire de l’Académie. François Mauriac eut à subir les subtiles perfidies dont André Chaumeix émailla son discours de réception. Cet auvergnat, conservateur et hédoniste, goûtait peu en effet la noirceur de l’œuvre mauriacienne : « Vous êtes le grand maître de l’amertume... À vous lire, monsieur, j’ai cru que vous alliez troubler l’harmonieuse image que je garde de votre région... J’ai failli prendre la Gironde pour un fleuve de feu, et la Guyenne pour un nœud de vipères... »

François Mauriac fut fait Grand-croix de la Légion d’honneur, par le général de Gaulle. Il décéda la même année que celui-ci.

Mort le 1er septembre 1970.

Signature de François Mauriac

Œuvres

1909 Les mains jointes

1911 L’adieu à l’adolescence

1913 L’enfant chargé de chaînes

1914 La robe prétexte

1920 La Chair et le Sang. Petits essais de psychologie religieuse : de quelques cœurs inquiets

1921 Préséances

1922 Le baiser au lépreux

1923 Le fleuve de feu. Génitrix. Le Mal

1924 Huit poèmes. La vie et la mort d’un poète. Le désert de l’amour

1925 Orages

1926 Bordeaux. Coups de couteaux. Fabien. Le jeune homme. Proust. La Province. La rencontre avec Pascal. L’isolement de Barrès. Le tourment de Jacques Rivière

1926 Le Désert de l’amour

1927 Thérèse Desqueyroux

1928 Le Démon de la Connaissance. Destins. Divagations sur Saint-Sulpice. Dramaturges. Le Roman. Supplément au Traité de la Concupiscence de Bossuet. La vie de Jean Racine

1929 Dieu et Mammon. Mes plus lointains souvenirs. La nuit du bourreau de soi-même

1930 Voltaire contre Pascal. Ce qui était perdu. Paroles en Espagne. Trois grands hommes devant Dieu

1931 L’Affaire Favre-Bulle. Blaise Pascal et sa sœur Jacqueline. Le Jeudi-Saint. René Bazin. Souffrances et bonheur du chrétien

1932 Le noeud de vipères. Commencements d’une vie

1933 Le drôle. Le mystère Frontenac. Le romancier et ses personnages. L’éducation des filles

1934 Journal I

1935 La fin de la Nuit

1936 Les anges noirs. La vie de Jésus

1937 Journal II

1938 Asmodée. Plongées

1939 Les chemins de la mer. Maisons fugitives

1940 Journal III. Le sang d’Atys

1941 La Pharisienne

1943 Le cahier noir

1944 Ne pas se renier

1945 Le ballon dénoué. Les mal aimés. Pages de Journal. La rencontre avec Barrès. Saint Marguerite de Cortone

1947 Du côté de chez Proust

1948 Journal d’un homme de trente ans. Passage du Malin

1949 Mes grands hommes

1950 Journal IV. Terres franciscaines

1951 La pierre d’achoppement. Le sagouin. Le Feu sur la Terre

1952 Galigaï

1954 L’Agneau

1958 Bloc-Notes. Le Fils de l’Homme

1959 Mémoires intérieurs

1961 Le nouveau Bloc-Notes

1962 Ce que je crois

1964 De Gaulle 1965. Nouveaux mémoires intérieurs

1967 Mémoires politiques

1969 Un adolescent d’autrefois

1971 Le dernier Bloc-Notes, posthume

1972 Maltaverne - posthume

Discours et travaux académiques

Mot attribué lors de l’installation

Quelconque :

adj. des deux genres. Quel que ce soit, quel qu'il soit, quelle qu'elle soit. Employé avec la négation, il se place toujours après le nom. Il ne lui est demeuré chose quelconque. Il n'a mal quelconque. Il n'y a homme quelconque qui ne sache cela. Il n'y a raison quelconque qui puisse l'y obliger. Il n'y a pouvoir quelconque qui m'obligeât à cela. Ces tournures vieillissent. En termes de Palais, Nonobstant opposition ou appellation quelconque. Il s'emploie dans le style didactique et signifie Quel qu'il soit, quelle qu'elle soit; il a alors un pluriel. Une ligne quelconque étant donnée. Deux points quelconques étant donnés. Il s'emploie de même dans le langage courant. D'une manière quelconque. Donnez-en une raison quelconque. Prendre un prétexte quelconque. Dans le langage familier, il signifie Qui est ordinaire, sans caractère particulier, sans distinction. C'est un homme très quelconque. Ce livre est quelconque.