Funérailles de M. Charles de Freycinet

Le 19 mai 1923

Raymond POINCARÉ

FUNÉRAILLES DE M. DE FREYCINET

MEMBRE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

ET DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES

Le samedi 19 mai 1923

DISCOURS

DE

M. RAYMOND POINCARÉ
MEMBRE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

 

MESSIEURS,

Quand nous avons appris lundi dernier que M. de Freycinet venait de s’éteindre doucement, il nous a semblé que disparaissait une clarté familière, qu’une longue accoutumance de nos yeux nous faisait croire éternelle. La vieillesse lui était si légère que l’idée d’une mort prochaine ne pouvait venir à l’esprit d’aucun de ceux qui le fréquentaient. On se rappelait instinctivement, auprès de lui, quelques-uns de ces hommes illustres de l’antiquité qui, parvenus à un grand âge, soutenaient encore la république de leur sagesse et de leur autorité ; on cherchait jusque dans un lointain passé des cas de longévité et de force intellectuelle comparables au sien et lorsqu’on se souvenait, par exemple, qu’Isocrate, après avoir écrit le Panathénaïque, à quatre-vingt-quatorze ans, avait encore vécu cinq autres années, on était heureux de se dire que Freycinet, demeuré lui-même, à quatre-vingt-quatorze ans, si maître de sa pensée et de sa parole, réserverait à ses admirateurs la joie de célébrer son centenaire.

La dernière fois que je le vis, c’est il y a quelques semaines, aux dernières élections de l’Académie française. Puisque j’ai l’honneur de représenter ici, en même temps que le Gouvernement, la Compagnie dont M. de Freycinet était membre depuis le 11 décembre 1890, je me fais un devoir de dire qu’il en suivait les travaux avec cette régularité scrupuleuse qui était, en toutes choses, une de ses élégances. Ce jour-là, il était arrivé l’un des premiers à l’Institut et il avait discrètement exprimé le désir que les futurs scrutins ne fussent pas reculés au delà du mois de mai, parce qu’il comptait, comme tous les ans, passer en Suisse une partie de l’été, avec les deux chères et fidèles compagnes de sa vie, Mme et Mlle de Freycinet. Dès que j’entrai, à mon tour, dans la salle des séances, il ne me laissa pas le temps d’aller à lui et me devançant, avec cette politesse empressée qui donnait tant de grâce à ses manières, il vint causer avec moi, beaucoup moins, à vrai dire; des candidatures posées que des événements politiques. Il était au courant de tout et avait sur les plus graves problèmes de l’heure présente une opinion précise, qu’il formulait, de sa voix un peu grêle, en un langage d’une incomparable lucidité.

Très peu de temps avant cette dernière rencontre, il était venu causer avec moi au quai d’Orsay et, quelque habitude que j’eusse de la finesse de son jugement et de la sûreté de sa mémoire, j’étais resté émerveillé de l’attention qu’il portait à toutes les questions qui intéressaient la réalisation de notre victoire et la consolidation de la paix. Lui dont l’activité patriotique s’était, d’une guerre à l’autre, consacrée au relèvement de la France, il avait une foi inébranlable dans les destinées de la patrie, mais il ne voulait rien laisser au hasard de ce qui pouvait contribuer à nous ménager un succès ou à nous garantir d’un péril. Le 29 juin 1919, il m’avait écrit d’Évian : « Voilà donc la paix signée. Dieu veuille qu’elle soit de longue durée ! II faudra une application clairvoyante et ferme. Qui nous gouvernera pendant les années à venir ? » Et le 15 août 1920, de Genève, il m’écrivait encore : « Les événements politiques ne me laissent pas le séjour reposant que vous me souhaitez. Bien que je n’aie plus la moindre part dans ce qui se passe, j’en suis, comme Français, profondément remué. » Et il ajoutait : « J’espère que tout finira par s’arranger, mais nous traversons une passe fort préoccupante. » De ce chenal étroit, dont il avait aperçu, dès le lendemain du traité, la longueur et les dangers, il n’aura pas vu la France sortir vers le large, mais je suis témoin qu’en dépit d’inquiétudes trop légitimes, il n’a jamais désespéré. Il n’était pas de ces vieillards, complaisants au passé, qui se lamentent sur le présent, et il jugeait, au contraire, avec une indulgence souriante et avec un encourageant optimisme, les efforts de ceux qui, vieillards eux-mêmes, pouvaient à ses yeux passer pour des jeunes gens.

N’ayant jamais été au nombre des hommes politiques qui se croient indispensables, il avait pris spontanément une retraite que tout le monde avait trouvée prématurée. Il a parlé quelque part de ce mal de l’infaillibilité, qui atteint si souvent les gouvernants et qui est, en général, pour eux, le prélude de la catastrophe. Jamais sa sévérité n’a été troublée par ce vertige. Ministre des Travaux publics, ministre de la Guerre, ministre des Affaires étrangères, président du Conseil, il occupe, pendant de longues années, les plus hauts postes de l’État sans qu’à aucun moment se glisse une ombre dans sa lumineuse intelligence, sans que le moindre souffle d’orgueil vienne déranger le bel équilibre de sa raison. Lorsque la vie politique lui réserve des déceptions passagères, il se réfugie sans amertume dans la philosophie des sciences, dans l’analyse infinitésimale, dans la mécanique, et disserte avec une aisance tranquille sur la constance des lois de la nature, sur la réalité de l’espace et du temps, sur l’infinité de l’univers.

Il apportait dans l’exposé des questions les plus abstraites la même méthode cartésienne et le même art de clarification que dans ses discours politiques. Il allait toujours du simple au composé et il ne se servait jamais que de mots transparents qui, loin de couvrir la pensée, la laissaient voir tout entière. Il a publié des livres d’histoire, des souvenirs, de nombreux articles de doctrine ou de combat ; il a collaboré au Contemporain d’Henri Lasserre et à la République française de Gambetta ; mais quelque sujet qu’il traitât il commençait par le filtrer, par le dépouiller de tous les corps étrangers, par le ramener à la formation la plus simple et la plus homogène ; et, à ses lecteurs comme à ses auditeurs il donnait ainsi l’illusion d’avoir eux-mêmes conçu les idées qu’il leur suggérait.

Une forte éducation scientifique, une excellente culture littéraire, des dons innés de séduction, un goût délicat des bienséances, un éloignement naturel de l’emphase et de la déclamation, avaient fait de ce Français de bonne race un modèle achevé d’ordre intellectuel et de santé morale.

Dans toutes les actions de sa longue vie laborieuse, se retrouvent les mêmes qualités et, en quelque sorte, le même rythme. « Si j’ai changé, a-t-il dit un jour, c’est que les circonstances ont changé. » À la vérité, même lorsque les circonstances changeaient, il restait lui-même et, sous l’apparence de nouvelles l’ormes, il gardait intactes ses opinions maîtresses et, ses vertus substantielles. Jeune polytechnicien, il assiste, comme spectateur, et même participe comme acteur, à la révolution du 24 février 1848. Il entre à l’hôtel de ville avec quelques-uns de ses camarades, est nommé aide de camp du Gouvernement provisoire reçoit les remerciements de Lamartine, de Crémieux et de Ledru-Rollin et reprend avec simplicité le chemin de l’école. Sous l’Empire, il s’absorbe dans sa profession d’ingénieur, est envoyé successivement par le ministère des Travaux publics à Mont-de-Marsan, à Chartres, à Bordeaux, entre, comme chef d’exploitation, à la Compagnie du Midi, et à trente-quatre ans, en 1868, vient se remettre au service de l’État. Il est investi d’une mission en Angleterre, visite des centaines d’établissements industriels et plusieurs installations municipales, procède à des enquêtes analogues en Belgique et en Prusse rhénane, est chargé d’organiser en France l’inspection naissante de l’industrie et, à la vieille de la guerre: est appelé par Émile Ollivier à siéger dans la grande commission de réforme administrative et de décentralisation, dont les travaux devaient être brusquement interrompus par le terrible orage qui allait fondre sur la France.

Au lendemain du désastre de Sedan, il se présente à Gambetta, qu’il n’avait encore jamais vu et demande à être employé, comme officier du génie, pour les besoins de la défense nationale. Gambetta préfère, d’abord, le nommer préfet du département de Tarn-et-Garonne, dont Freycinet était conseiller général. Mais, après un court séjour à Montauban, Freycinet est autorisé à rejoindre Tours, pour y collaborer à la commission d’armement. À Tours, il retrouve Crémieux, il lui rappelle qu’il a été son aide de camp en 1848, et Crémieux le désigne comme secrétaire du comité de la guerre. Le 7 octobre. Gambetta, parti de Paris en ballon, touche terre à Amiens et se dirige sur Tours ; le 9, il arrive, muni de pouvoirs extraordinaires, avec le double titre de ministre de l’Intérieur et de ministre de la Guerre ; Freycinet se présente à lui, et aussitôt Gambetta le nomme son délégué auprès du département de la Guerre.

La tâche qui s’offrait à Gambetta et à son délégué était formidable. Paris, étroitement bloqué, ne communiquait avec Tours que très irrégulièrement, par ballons ou par pigeons voyageurs. Le maréchal Bazaine, enfermé dans Metz, y restait immobile, ne tentait aucune sortie et préparait en secret sa capitulation. Sur les bords de la Loire, 25 000 hommes, battus à Arthenay, allaient être mis en déroute à Orléans et commençaient une retraite qui ne devait s’arrêter qu’en pleine Sologne. Dans l’Est, le général Cambriels abandonnait les Vosges avec les débris de son armée et cherchait un refuge à Besançon. Dans l’Ouest, 30 000 gardes nationaux, déplorablement équipés, dépourvus de toute artillerie, formaient, de Chartres à Évreux, un cordon fragile que pouvait rompre la moindre pression de l’ennemi. Dans le Nord, quelques places avec de faibles garnisons, mais pas un seul corps en état de tenir la campagne. Voilà les conditions lamentables dans lesquelles Freycinet devait chercher à faire sortir du sol des forces suffisantes pour arrêter les progrès des armées allemandes et délivrer Paris. Il fallait, d’abord, organiser à Tours un ministère de la Guerre qui, en réalité, ny existait pas, y créer des services d’intendance, d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie, de génie, de reconnaissances, trouver des officiers d’état-major, instituer des camps régionaux, que sais-je ? Freycinet, assisté par une équipe de collaborateurs dévoués, au nombre desquels étaient Sali Carnot, Cuvinot, de Selves, se met immédiatement à l’œuvre ; en plein accord avec Gambetta, il recrute des généraux et des hommes, il fait fabriquer des armes et des munitions. Il constitue l’armée de la Loire, dont il donne le commandement au général d’Aurelle, et qui, par la victoire de Coulmiers, délivre Orléans ; mais la capitulation de Metz laisse au prince Frédéric-Charles la liberté de ses mouvements; nous sommes refoulés ; Chanzy et d’Aurelle sont obligés de battre en retraite, la délégation se replie de Tours sur Bordeaux. Freycinet constitue l’armée du Nord et la place sous les ordres de Faidherbe. Faidherbe remporte la victoire de Bapaume, mais Péronne se rend et nos troupes épuisées sont battues à Saint-Quentin. Freycinet constitue l’armée de l’Est et la confie à Bourbaki, mais, après la victoire de Villersexel, Bourbaki échoue à Héricourt et se replie sur Pontarlier. Partout, le sort contraire brise impitoyablement nos tentatives, au moment même où elles semblent sur le point de réussir.

Freycinet porta, pendant quelque temps, vous le savez, messieurs, sa large part de l’infortune nationale. On lui reprocha d’être trop directement intervenu dans les opérations militaires, d’avoir gêné l’action des généraux, d’avoir dressé lui-même des plans d’offensive; on le blâma d’avoir poursuivi les hostilités à une heure où la situation de la France était, disait-on, désespérée ; et, le 11 août 1871, lorsqu’il eut à déposer devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, il fut plusieurs fois interrompu par des murmures et des exclamations. Il n’en avait pas moins, aux côtés de Gambetta, sauvé l’honneur du drapeau et il pouvait se rendre cette justice que, dans des circonstances tragiques, il avait, lui aussi, bien mérité de la patrie.

La paix signée, Freycinet se contente d’abord, pendant quelques années, de siéger au comité des arts et manufactures, et de rédiger des articles pour la République française ; puis, le 30 février 1876, sur le conseil de Gambetta, il se présente aux élections sénatoriales dans le département de la Seine, obtient un vif succès dans les réunions préparatoires et est élu au premier tour en tête de la liste d’union républicaine. Depuis lors, et jusqu’en 1920, il n’a cessé de représenter au Sénat Paris et la banlieue, et nul doute que, s’il avait de nouveau sollicité, il y a trois ans, les suffrages de ses fidèles électeurs, il ne les eût obtenus sans discussion. La Seine était justement fière d’avoir ce grand citoyen pour mandataire et lui-même il était heureux de la confiance que lui témoignait la population au milieu de laquelle il vivait, entouré, du respect général.

Il nous a lui-même conté ses débuts à la tribune du Sénat ; il s’agissait de l’organisation du commandement militaire ; la commission avait chargé Freycinet du rapport ; il avait soigneusement préparé un discours où il avait tenu à montrer que les services de la guerre, à Tours et à Bordeaux, n’étaient pas tombés entre des mains imprudentes, et il avait appris par cœur un long morceau dont il attendait grand succès ! La mémoire, nous dit-il, lui manqua et il se trouva un instant suspendu dans le vide. Je n’assistais pas à la séance et pour cause, mais je suis bien sûr que personne, sauf M. de Freycinet, ne s’est aperçu de sa défaillance momentanée et que son premier discours a été, comme les suivants et comme le dernier, un chef-d’œuvre d’éloquence persuasive.

Pendant quarante-quatre années, M. de Freycinet a joué au Sénat un rôle extraordinairement actif. Travailleur infatigable, il y a présidé les commissions les plus importantes, notamment celle de l’armée et celle des affaires étrangères, et il y a toujours émerveillé ses collègues par sa compétence et par la bonne grâce qu’il mettait à soutenir ses idées. Dès la fin de 1877, il devenait ministre des Travaux publics et établissait le vaste programme qu’il jugeait indispensable à la restauration économique de la France. C’est à partir de cette date que, jusqu’en 1892, il a presque constamment pris part à la direction des affaires. II ne recherchait pas le pouvoir, mais le pouvoir venait à lui comme par une pente naturelle, et Freycinet s’adaptait toujours avec une étonnante rapidité aux tâches variées qu’on lui confiait.

Ministre de la Guerre, il réforme l’administration de l’armée, organise l’état-major, développe les armements et les fortifications, détermine la participation des chemins de fer à la défense nationale, réduit à trois ans la durée du service militaire. Ministre des Affaires étrangères, il trouve la question d’Égypte engagée par le cabinet démissionnaire, se heurte à l’opposition d’une partie de l’Europe et veut, au moins assurer à la France l’occupation du canal de Suez. Renversé par la coalition des partisans d’une expédition plus large et des adversaires de toute expédition, il tombe victime d’une de ces machinations parlementaires, que ne comprennent pas toujours les témoins et qui restent pour la postérité un inépuisable sujet de controverses. Président du Conseil, il établit, avec l’approbation de M. Sadi Carnot et le concours de M. Ribot, les premières assises de l’alliance russe et prépare la convention militaire qui devait être signée un peu plus tard sous le ministère Casimir-Perier.

En janvier 1893, il résigne volontairement ses fonctions et emporte dans sa retraite un vif sentiment de confiance en la force de l’armée et en l’avenir du pays. Il réapparaît un instant au ministère dans la tourmente de 1898, mais il se sent aussitôt dépaysé dans une Chambre où les passions sont furieusement déchaînées. Après une séance tumultueuse, où il avait dû faire, pour être entendu, des efforts exceptionnels, il me disait avec un peu de mélancolie : « Je suis trop vieux pour la bataille. » Il avait soixante-dix ans et personne ne s’en serait douté. Dix-sept ans plus tard, il redevenait ministre. Aucun de ses traits n’était altéré, la blancheur de ses cheveux et de sa barbe était toujours aussi fraîche, son sourire n’avait rien perdu de sa douceur, sa démarche était à peine ralentie. Jamais son intelligence n’avait été plus vive. Jamais sa parole n’avait été plus alerte et plus sûre. Mais, autour de lui, tout avait brusquement changé ; la France était de nouveau envahie ; l’ennemi contre lequel Freycinet avait désespérément lutté quarante-cinq ans auparavant nous menaçait, une fois de plus, dans notre existence nationale ; la victoire de la Marne avait sauvé Paris ; mais la guerre de tranchées s’éternisait et déjà quelques pessimistes essayaient de répandre autour d’eux le découragement : il semblait que Freycinet fût ramené de près d’un demi-siècle en arrière et à la tête de deux grandes commissions sénatoriales, il donnait, comme jadis, l’exemple quotidien de la persévérance et de la fermeté.

De concert avec le Président de la République, M. Briand jugea bon de grouper autour de lui des hommes de toutes opinions et de grands serviteurs du pays, et Freycinet fut nominé ministre d’État. Pendant quatorze mois, ce vieillard de plus de quatre-vingt-sept ans étudia avec un soin minutieux toutes les questions qui concernaient la défense, le ravitaillement des armées, les fabrications, les relations avec les alliés, la politique étrangère, la recherche de nouveaux concours extérieurs et, dans les délibérations gouvernementales les plus difficiles, il présenta toujours des observations qui dissipaient les ombres comme la lueur d’un flambeau. C’était une chose profondément émouvante que d’entendre l’ancien délégué de 1870 nous mettre en garde contre des fautes nouvelles et de le voir offrir aux plus confiants d’entre nous les encouragements de ceux qui avaient connu autrefois l’impuissance des meilleurs efforts et la fatalité de la défaite. Je puis attester que les conseils de M. de Freycinet, toujours donnés avec une réserve infinie, mais avec une précision et une loyauté sans égales, ont été très souvent profitables au cabinet dont il faisait partie. Il éprouvait, du reste, une noble satisfaction patriotique à se retrouver sur la brèche, en même temps que des successeurs dont il était parfois séparé par plusieurs générations, et il attendait, avec une ferveur concentrée, la revanche de nos anciennes épreuves. Il a eu la joie immense de vivre assez longtemps pour revoir la France victorieuse et la paix rétablie ; mais il a compris, tout de suite, et il a écrit que, le traité signé, la tâche n’était pas terminée. Si nous voulons aujourd’hui nous montrer dignes de sa mémoire, inspirons-nous de son exemple — et travaillons.