Funérailles de M. Brifaut

Le 8 juin 1857

Jean-Baptiste BIOT

FUNÉRAILLES DE M. BRIFAUT

DISCOURS DE M. BIOT,
CHANCELIER DE L’ACADÉMIE.

PRONONCÉ AUX FUNÉRAILLES

DE M. BRIFAUT,

Le lundi 8 juin 1857.

 

 

MESSIEURS,

Un devoir, imprévu comme la mort même, me donne aujourd’hui la douloureuse mission d’apporter sur cette tombe les sincères et unanimes regrets de l’Académie française. Je crains de ne pouvoir pas assez les exprimer, comme elle les ressent. Je n’ai connu M. Brifaut que dans les derniers jours de sa vie ; lorsque, malgré la maladie et les souffrances qui devaient bientôt nous priver de lui, il venait, avec une constante assiduité, assister aux réunions de l’Académie, prendre part à ses travaux, et honorer d’un solennel hommage la mémoire d’un de ses membres les plus illustres. D’autres vous parleront de ses talents littéraires, de ses œuvres dramatiques, de ces poèmes touchants, qu’il appelait modestement des Éphémères, où tant de vers heureux, élégants et faciles, font naître dans l’âme des impressions qui ne s’effacent plus. Moi, je ne puis que vous raconter les soins affectueux dont il était l’objet parmi nous ; les témoignages d’intérêt, d’attachement, qui se pressaient autour de lui, et montraient, mieux que des paroles ne pourraient le faire, combien il était estimé, et aimé. Il a joui de ces consolations jusqu’au dernier moment ; et, après les assurances que la religion nous donne d’un éternel avenir, quoi de plus doux peut nous être accordé, aux approches du ternie fatal, que de sentir, près de soi des amis qui chériront votre mémoire ! Cette continuation fidèle de leurs sentiments ne lui manquera point ; et ils seront partagés par tous ceux qui liront ces chants si purs, si aimables, que son cœur lui avait inspirés.

Sa mort a été calme. Son esprit grave et doux s’y était préparé par les pensées pieuses qui soutiennent l’homme dans cette dernière épreuve ; et, le détachant des misères de la vie, lui montrent le ciel comme un asile, où il trouvera le repos et la vérité. Puisse chacun de nous, supporter ses maux avec autant de patience, voir approcher sa fin avec la même résignation religieuse, et laisser après lui autant de regrets !