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J’aimerais connaître la différence qui existe entre les expressions être sous l’emprise de et être sous l’empire de. Ai-je raison de croire que l’on est sous l’empire de quelque chose mais sous l’emprise de quelqu’un ?
Les grammairiens sont nombreux à essayer de délimiter les emplois d’empire et ceux d’emprise, qui ne cesse de gagner du terrain, et à y renoncer !
On aimerait que la langue fût aussi logique que vous le dites (être sous l’empire de quelque chose mais être sous l’emprise de quelqu’un), mais cela ne correspond pas aux emplois et le Dictionnaire de l’Académie française reconnaît que, dans bien des cas, on peut employer l’un ou l’autre. Regardez ce que l’on peut lire à l’entrée Empire :
« Influence exercée sur une personne, ascendant. Elle a pris sur lui beaucoup d’empire. Garder l’empire de soi-même. Par extension. Agir sous l’empire de la colère, de la passion. Être sous l’empire de la boisson. Se soumettre à l’empire de la raison. (Dans certains emplois, on dit aussi Emprise.) »
Il n’y a donc pas de règle rigide. Mais on gagne à bien cerner le sens du mot Emprise. Et sur ce point, comme souvent, la lecture de l’Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, de Dupré, est riche d’enseignement. Voici la définition qu’il donne du mot Emprise :
« Domination intellectuelle ou morale s’exerçant sous forme d’une sorte d’étreinte paralysante. » Il ajoute : « Dans ce sens précis, il est irremplaçable ; empire, domination n’évoquent pas bien l’idée d’étreinte. »
Ces remarques peuvent vous guider dans le choix que vous faites : en ayant en tête l’idée d’étreinte paralysante, vous saurez sans doute mieux choisir s’il faut parler d’emprise ou d’empire.
Existe-t-il des mots dérivés des noms de mois ?
Notre Dictionnaire n’enregistre aucun adjectif qui dérive d’un nom de mois. Il accepte le nom Aoûtien, qu’il donne comme familier. Les dictionnaires d’usage commerciaux enregistrent également le nom Juillettiste.
L’ancienne langue avait pourtant quelques adjectifs correspondant à un mois de l’année, ainsi Littré enregistre l’expression blé avrillé pour désigner du blé semé en avril. Le Trésor de la langue française a encore une entrée Septembral. Il précise que l’adjectif est littéraire, et voici l’exemple qu’il propose : « J’ai envie de galoper dans ce bon vent septembral et frais sur un dos de licorne à travers un bois (Valéry, Lettres à quelques-uns). » Avant lui, Rabelais appelait parfois le vin la purée septembrale. Le mois de septembre a aussi donné des termes moins réjouissants, les noms septembrisades et septembriseur ainsi que le verbe septembriser, tous mots liés aux massacres qui eurent lieu dans les prisons de Paris, entre le 2 et le 6 septembre 1792.
Le mois d’août, à l’origine, on l’a vu, d’aoûtien, a aussi donné le verbe aoûter que l’on trouvait dans les sept premières éditions de notre Dictionnaire. On y indiquait qu’il signifiait « faire mûrir au soleil d’août », et on y lisait cet exemple : Une citrouille aoûtée. Ce verbe signifiait aussi « moissonner, récolter » ; c’est à ce sens que l’on doit le nom aoûteron, un ouvrier loué pour les travaux de la campagne au mois d’août.
Août est aussi à l’origine d’aoûtat, le nom populaire de la larve du trombidion, qui, s’introduisant sous la peau de l’homme et de certains animaux, provoque de vives démangeaisons.
À cette liste, on pourrait ajouter les décembristes, aussi appelés décabristes, les nobles libéraux russes qui, en décembre 1825, complotèrent contre le nouveau tsar, Nicolas Ier, et qui donnèrent leur nom à un roman de Tolstoï.
Je voudrais savoir d’où vient l’expression ennuyer quelqu’un jusqu’à la gauche.
Madame,
La locution adverbiale jusqu’à la gauche, signifiant « jusqu’au bout » et, par extension, « complètement », tire son origine de la langue militaire. La gauche désigne l’extrémité de la ligne de rang quand l’on part de la droite. Dans Les Gaîtés de l’escadron, Courteline écrit ainsi : « Vous serez consignés jusqu’à la gauche », c’est-à-dire « vous serez tous consignés ».
On m’a dit que le nom capucin venait de capuce, mais que signifie ce dernier mot ?
Madame, Monsieur,
Le nom capuce désigne particulièrement le capuchon taillé en pointe que portent certains moines. Le capuce est une sorte de cuculle ; ce nom rare désigne, lui aussi, un capuchon de moine, mais la cuculle n’est pas obligatoirement taillée en pointe et peut aussi désigner, outre le scapulaire des Chartreux, l’ancien vêtement monastique qui couvrait à la fois la tête et le corps, également appelé coule.
Il est inexact de dire que capucin vient de capuce. Les deux mots ont été indépendamment empruntés de deux noms italiens : capucin, de capuccino, « porteur de capuce ; capucin », et capuce, de capuccio, « capuche, capuchon, capuce ». Mais capucin, d’abord écrit capussin, (chez Rabelais), apparaît en français environ soixante-dix ans avant capuce.
Comment se fait-il que, dans L’Avare (acte I, scène 3), Valère reproche à Maître Jacques de préparer un festin dangereux pour ses invités : « Apprenez, Maître Jacques, vous et vos pareils, que c’est un coupe-gorge qu’une table remplie de trop de viandes ; que pour se bien montrer ami de ceux que l’on invite, il faut que la frugalité règne dans les repas qu’on donne… », alors que ce dernier n’a parlé que de potages ?
Monsieur,
Aujourd’hui potage est un terme que l’on emploie ordinairement comme synonyme de soupe. Le diplomate et académicien François de Callières distingue ainsi ces deux noms dans son ouvrage intitulé Du bon et du mauvais usage dans les manières de s’exprimer, des façons de parler bourgeoises, et en quoy elles sont différentes de celle de la Cour (1693) : « Le bel usage veut qu’on dise un potage de santé et non pas une soupe de santé ; le même usage fait qu’on dit toujours à la cour : on a servi les potages, on est aux potages, et jamais on a servi les soupes, on est aux soupes.»
Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Au xviie siècle, potage désignait encore, conformément à son étymologie puisque c’est un dérivé de pot, la viande et les légumes qu’on y faisait cuire. Dans la première édition posthume des œuvres de Molière (1682), donnée par La Grange, pour qui furent créés nombre de rôles, on trouve de plus amples informations sur ces quatre potages que se propose de servir Maître Jacques, et qui sont « une bisque d’écrevisses, un potage de perdrix aux choux verts, un potage de santé avec chapon et jarret de veau et enfin un potage de canards aux navets ». Rappelons que l’agronome et valet de chambre du roi Nicolas de Bonnefons définit ainsi le potage de santé : « un bon potage de Bourgeois, bien nourri de bonnes viandes bien choisies & réduit à peu de bouillon, sans hachis, champignons, épiceries, ni autres ingrédients ; qu’il soit simple puisqu’il porte le nom de santé ». La liste de ces plats permet sans doute de mieux comprendre les réticences de Valère.