Dire, ne pas dire

Charlotte R. (France)

Le 29 août 2013

Courrier des internautes

Après mûre réflexion à propos de l’expression « faire la grève de la faim », je me suis posé une question.

Le mot « faim » désigne l’« ensemble des sensations provoquées par la privation de nourriture, qui incitent l’homme ou l’animal à rechercher des aliments, et que l’ingestion de nourriture fait disparaître » (Larousse 2013). Partant de ce principe, lorsque l’on a faim, il faut combler ce manque par l’ingestion de nourriture. Alors « faire la grève de la faim » signifierait s’abstenir d’avoir la sensation de faim, et s’abstenir de cette sensation revient à la combler, donc à se nourrir... Par conséquent tout le contraire de la signification de cette expression !

Peut-être que mon raisonnement est erroné, dans ce cas veuillez m’expliquer le sens littéraire de cette expression et ses origines parce qu’à ce jour je n’ai pas réussi à trouver une explication cohérente à mon interrogation.

Charlotte R. (France, 5 mai)

L’Académie répond

Vous avez raison ; à l’article « Grève » du Trésor de la langue française, on peut lire : « Grève de la faim. [Dénomination littéralement impropre] ».

On l’appelle ainsi parce que la grève est un moyen de pression ; il s’agit donc d’essayer de faire fléchir son adversaire en refusant de s’alimenter.

Grève par la faim serait plus juste, mais c’est grève de la faim la forme reconnue par l’usage. Cette expression apparue en 1906 est sans doute une transcription de l’anglais strike hunger, terme employé par les suffragettes anglaises incarcérées pour avoir revendiqué le droit de vote.